• Le doyen de la presse Européenne

Plaidoyer pour l'Etat

Il est bien assez du mondialisme et du libéralisme pour faire le sale travail de déconsidérer ou détruire l'Etat.
Plaidoyer pour l’Etat
Il est bien assez du mondialisme et du libéralisme pour faire le sale travail de déconsidérer ou détruire l’Etat.

Taux de mortalité de la Covid comparable à celui des grands pays européens et même dans une certaine mesure du Brésil de Jair Bolsanaro alors que les dépenses de santé se situent, par rapport au PIB, au cinquième rang mondial. Pénurie de masques, vaccins et tests.
Détresse de l’hôpital et de ses personnels. Politiques anti-Covid à la fois erratiques, contradictoires, technocratique, comptables et inefficientes.

Hier pays à la pointe de la découverte médicale, aujourd’hui seule grande puissance à ne pas avoir développé son propre vaccin. Constat attristant concernant notre pays ! La pandémie et la crise sanitaire révèlent la décadence d’un système de santé et d’une politique de recherche. Malheureusement la descente aux enfers est bien plus globale.
Certes, selon le FMI (Fonds Monétaire International) et ce parmi les pays les plus riches du monde, la France occupe encore la cinquième place. Mais le PIB n’est pas forcément un indicateur de bonne santé. Si l’on prend en compte la croissance, il est avéré qu’après avoir été une des plus toniques d’Europe dans les années 1960 et 1970, la croissance française ne progresse plus qu’à petits pas et ce dans ce qui devient une friche industrielle et un désert rural. Les autres indicateurs ne sont pas non plus enthousiasmants.
La balance commerciale qui était plutôt à l’équilibre durant les années 1970 et 1980, est dans le rouge depuis les années 2000. En 2020 et 2021, il est fort à parier que la désindustrialisation, la dépendance au tourisme et les coups-bas infligés à l’agro-alimentaire par des traités de libre échange du genre CETA Canada, feront très mal et provoqueront une nouvelle glissade.

Je dis stop !

Même si je n’ajoute pas au constat que la pensée dominante libérale appelle « le poids de la dette » car celle-ci relève d’une escroquerie rendue possible par la démission des Etats face aux appétits des banques, il n’en reste pas moins vrai que notre pays est sur le toboggan du déclin.
Certes ce déclin s’inscrit dans celui de l’ensemble de l’Union Européenne et certes aussi ses causes ne sont donc pas seulement nationales. Mais cela ne représente aucunement une consolation pour les demandeurs d’emploi, les agriculteurs ruinés et les nouveaux pauvres.
Le modèle français hérité du progrès social hérité de 1936 et du consensus intervenu en 1945 en sein du Conseil National de la Résistance, ainsi que du grand bond de la production et de l’accès à la consommation durant les Trente Glorieuses, est mal en point et nos dirigeants actuels souhaitent l’achever.

Pourquoi vous infliger ce bilan économique global ? Je crois nécessaire de le faire car, aujourd’hui, beaucoup chez nous, oublient que le modèle ayant fait le bonheur matériel de nos grands-parents et de nos parents, et dont nous avons hérités et profitons encore, repose beaucoup sur l’action de l’État. Bien sûr, que d’Ersa à Bunifaziu cette action ne soit pas toujours parfaite ou adaptée, je l’entends volontiers.
Que l’on conteste certains comportements ou choix de Paris ou de ses représentants locaux peut m’apparaître justifié. Mais que pour des considérations politiciennes, pour défendre des intérêt particuliers ou couvrir des malversations, certains d’entre nous, tout en demandant sans cesse de nouveaux subsides ou des exceptions supplémentaires de charges fiscales ou sociales, dénigrent en permanence l’Etat ou veuillent faire croire qu’il ne sert à rien et que l’on vivrait mieux sans lui, je dis stop ! Il est bien assez du mondialisme et du libéralisme pour faire le sale travail de déconsidérer ou détruire un acteur qui, heureusement encore un peu, finance, structure, solidarise et protège selon une logique d’intérêt général et de cohésion sociale.

Alexandra Sereni
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