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Le climat, l'homme et son impossible équation

Il faut oser le reconnaître: la pandémie fait plus pour le climat que toutes les bonnes intentions.
Le climat, l’homme et son impossible équation

Il faut oser le reconnaître : la pandémie mondiale de Covid fait plus pour le climat et la planète que toutes les bonnes intentions officielles, le plus souvent non suivies d’effets. La loi climat, proposée par le gouvernement, a suscité un vent de révolte parmi les écologistes et il y a quelques semaines plus de cent mille personnes ont manifesté en France pour demander des mesures plus radicales. Force est cependant de reconnaître que l’humanité s’est mis la tête dans un nœud coulant qui, quoi qu’elle fasse, se resserre à chaque soubresaut dans un sens ou un autre.


Une démocratisation au niveau planétaire

Il y a seulement un demi-siècle, les quatre cinquièmes de l’humanité vivaient dans l’ignorance du « luxe » occidental : l’eau courante, la voiture, le chauffage et l’électricité à tous les étages. Encore qu’il faille préciser qu’au sein même des nations dites favorisées surnageaient des îlots de misère incarnés le plus souvent par un quart-monde (façon de désigner le tiers-monde au sein même des deux autres mondes : le libéral et le soviétique) ou encore les immigrés.

Aujourd’hui, avec toujours de flagrantes inégalités, le « luxe » occidental n’est plus simplement une tentation pour les deux tiers de l’humanité, c’est une réalité. Et au sein des sociétés occidentales, la production à bas prix produite essentiellement en Asie a permis de démocratiser tout ce qui hier apparaissait comme inaccessible : télévisions, électro-ménagers, voitures, etc.
Mais, comme toujours dans l’existence, tout a un prix. Et ce prix est exorbitant pour le Vivant, puisqu’il est tout simplement celui de notre survie. L’homme a certes tué des centaines de milliers d’espèces au cours de la sixième extinction débutante. Mais le Vivant sera le plus fort.
À l’inverse, l’homme pourrait bien faire partie de cette extinction massive. Nous savons que si les 7 milliards d’humains bénéficient des mêmes avantages que ceux octroyés aux Occidentaux autant nous tirer tout de suite une balle dans la tête. Mais comment refuser aux trois quarts du monde ce qui nous a bénéficié pendant des décennies ?

La Chine en leader mondial

Moralement c’est tout à fait indéfendable, mais surtout parfaitement impossible à imposer. La doxa marxiste affirmait que le prolétariat était par excellence la classe sociale messianique. C’est elle qui portait l’esprit de la révolution et la grande transformation d’une humanité soumise à la tyrannie capitaliste en une société idéale où l’homme deviendrait un frère pour l’homme.
L’échec est patent sur le plan des expériences passées. Mais surtout le prolétariat, la classe sociale qui produit, est désormais massivement situé en Asie et en Afrique. La Chine de par son régime dictatorial, sa capacité d’obéissance nationaliste, sa culture confucéenne est appelée à devenir le leader du monde consumériste. Les routes de la soie lui ouvriront tous les marchés.
Son seul souci va être de ne pas ruiner les pays consommateurs faute de quoi elle ne parviendra plus à écouler ses marchandises. C’est la revanche sur la guerre de l’opium qui vit les grandes puissances occidentales imposer la plantation de l’opium à la Chine et son partage indécent au profit de l’Occident. Force est de constater que cette boulimie productiviste et donc consumériste ne va pas dans le sens d’une amélioration des mesures prises en faveur du climat.

Et un problème à l’interne

Le problème immédiat pour nos sociétés est cependant à l’interne.
Nous savons que le mal se situe à la base, dans nos instincts de consommateurs. Nous vivons en Occident ce que nous vivrions à une échelle gigantesque si chaque être humain recevait une part égale du luxe dont nous bénéficions. Il faudrait que nous baissions drastiquement notre niveau de consommation, que nous acceptions de revenir à des critères de vie plus spartiates, qu’enfin nous consommions ce qui est produit sur place, que nous réparions plutôt que de jeter et d’acheter à nouveau.
Bref, il faudrait que nous perdions toutes ces habitudes acquises depuis les débuts de la révolution industrielle et que nous révisions à la fois la notion du bonheur et celle du progrès.

Or, la première grande révolte du XXIe siècle a justement été provoquée après une mesure écologique (d’ailleurs absurde) la hausse du prix du gasoil. Cela a donné la longue protestation des Gilets jaunes, cruellement réprimée par le pouvoir. Les pauvres n’acceptent pas que soient remis en cause les acquis des générations précédentes comme la libre circulation des véhicules.
Qu’on le sache, les misérables refusent d’être sacrifiés sur l’autel d’une écologie souvent comprise (à tort) comme un caprice de bobo. L’équation reste pour l’instant un postulat dont personne n’a encore trouvé la solution.


GXC
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