• Le doyen de la presse Européenne

Lire reste essentiel

La lecture ne se porte pas si mal
Lire reste essentiel


Même beaucoup ont éprouvé des difficultés à lire un roman pendant les périodes de confinement, même s’il a fallu se battre pour que les librairies soient des commerces essentiels et restent ouvertes, même si le lectorat baisse, la lecture ne se porte pas si mal. Les valeurs associées aux livres et à la lecture restent fortes.



Rassurantes données

Le Centre national du livre (CNL) a rendu publics les résultats de la quatrième édition de son baromètre bisannuel « Les Français et la lecture », conduit par Ipsos. Sans surprise, en 2020, on enregistre une baisse de la lecture, parce qu’il était difficile de se concentrer et de se distraire et aussi certainement liée aux contraintes imposées par la crise sanitaire. Pendant les confinements, les gens ont moins utilisé les transports, les bibliothèques et librairies sont restées fermées longtemps (malgré le click and collect) et le télétravail est très chronophage. D'après le sondage réalisé en janvier, 86 % des Français ont lu au moins un livre en 2020, soit 8 points de moins qu'en 2018. Le taux de lecteurs baisse surtout chez les 15-34 ans et presque autant chez les femmes que chez les hommes. La baisse de la lecture est tendancielle : elle est constatée depuis une dizaine d'années, en particulier chez les jeunes. Donc elle n'est pas liée qu'à la crise sanitaire. Ils ont lu davantage de livres de reportages et d'actualité (essais, biographies…), mais moins de romans (-7 points) et de livres pratiques (-7 points). Leur point de vente privilégié reste la librairie (80 % des acheteurs), devant les grandes surfaces spécialisées (67 %), Internet (39 %) et les supermarchés ou hypermarchés (39 %). Les Français sont très attachés à leurs librairies. 80 % des acheteurs déclarent s’y être procuré des livres en 2020.


Secteur au ralenti

La Fédération des Éditeurs européens (FEP) a dressé le bilan sur l’impact de la pandémie sur le marché du livre européen en 2020. La FEP évalue la baisse des ventes de livres entre 2 et 5 % en 2020, moins catastrophique qu’annoncé. En France, le marché a pu se maintenir grâce à une forte mobilisation de la chaine du livre, du gouvernement et des lecteurs. Le Plan de relance pour la filière livre est reconduit en 2021. L'enveloppe de 12 millions d’euros votée en 2020 et répartie sur 2020 et 2021 pour la modernisation des librairies sera en gérée par le CNL et les DRAC. Les libraires s’en sortent plutôt bien grâce notamment à une fréquentation en hausse après les deux périodes de confinement. Pourtant, le secteur est au ralenti. Y compris dans l’édition. Les éditions corses Albiana estiment une perte d'environ un quart de leur chiffre d'affaires habituel et une réduction de quasi -50 % sur le nombre de livres édités. Selon l'Observatoire de la librairie, la littérature dans son ensemble – dont le polar et la science-fiction – a généré 27 % des ventes, soit une évolution de 4,6 % des ventes habituelles de ce secteur du livre. Les livres pratiques ont également fait de belles performances en caisses avec un rebond de 6,5 %, à l’inverse des livres d'art ou de tourisme. Le grand gagnant de cette période est la bande dessinée puisqu'elle a réalisé 16 % des ventes, et surtout marqué une évolution de 14 % dans ces commerces avec des titres tels que Lucky Luke de Jul ou encore le très attendu tome 5 de L'Arabe du futur de Riad Sattouf, véritables best-sellers de l'après-confinement.


Lire en 2021

Le baromètre du CNL met aussi en avant que les Français souhaitent être davantage accompagnés dans leurs lectures par des prescriptions et des discussions sur Internet et les réseaux sociaux. Car le numérique, pas seulement comme support, mais comme prescripteur, est bien de la partie dans le domaine de la lecture. La popularité de l’hashtag #books sur Instragram est bien la preuve que lire demeure une activité importante. Les néo-books clubs fleurissent autant que prospèrent les comptes de recommandation. Même sur TikTok, le Booktok fait un carton : 6,8 milliards de vues. Si la lecture est une activité solitaire, les lecteurs ont envie de partager leurs avis, leurs émotions. Comme en librairie, avec les recommandations du libraire. Sauf que là, c’est avec des amateurs, plus ou moins éclairés, et à l’échelle planétaire.

Et le numérique modifie aussi le rapport à la lecture, puisque de nouveaux formats sont proposés. Le livre n’a pas fini de se réinventer et de nous enchanter.

Maria Mariana
Partager :