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Ecosse : la victoire historique des indépendantistes

Jeudi 5 mai, le peuple écossais a voté pour élire son Parlement.
Écosse : la victoire historique des indépendantistes

Jeudi 5 mai, le peuple écossais a voté pour élire son Parlement. C’était la première élection parlementaire écossaise depuis le Brexit, et la campagne a été dominée par l’argument constitutionnel. Le Parti national écossais et les Verts, tous deux indépendantistes, ont remporté plus de la moitié des sièges et entendent bien désormais, exiger de Londres un référendum relatif à la sécession d’avec le Royaume-Uni.

Une victoire sans contestation possible des indépendantistes


Samedi matin, alors que tous les votes n’avaient pas été dépouillés, le Premier ministre britannique Boris Johnson a de nouveau fait savoir qu’il n’autoriserait pas un référendum sur l’indépendance de l’Écosse, quel que soit le résultat du vote. Ses remarques visaient à minimiser l’importance des résultats en Écosse — à diminuer la victoire probable des partis indépendantistes et à détourner l’attention du rejet de son projet de Brexit. Selon lui, un seul référendum par génération est suffisant.

Pourtant, les résultats, bien qu’attendus, sont extrêmement significatifs : le peuple écossais a renouvelé et renforcé son mandat démocratique pour un référendum sur l’indépendance. La majorité pro-indépendance pro-européenne au Parlement écossais a augmenté de trois sièges le Parlement avec le taux de participation le plus élevé de l’histoire des élections parlementaires écossaises.

Travailler pour un référendum


Le SNP de Nicola Sturgeon a atteint un niveau de soutien record et a raté ma majorité à un siège près (64 alors qu’il en aurait fallu 65). Le SNP a donc remporté de deux fois plus de sièges que les conservateurs qui subissent une défaite comme d’ailleurs les travaillistes.

Les Verts écossais ont également obtenu un résultat honorable et se sont engagés à renouveler leur soutien au gouvernement. Nicola Sturgeon restera donc Premier ministre écossais pour un nouveau mandat.

Dans leurs manifestes, le SNP et les Verts ont, tous deux, inclus un engagement clair à proposer au peuple écossais un référendum sur son avenir. Leurs programmes électoraux comportaient également l’intention de rejoindre l’UE en tant que pays indépendant, réaffirmant le mandat démocratique de rester dans l’UE exprimé par le peuple écossais lors du référendum sur le Brexit. Boris Johnson a signifié à Nicola Sturgeon qu’il n’autorisera pas la tenue d’un référendum. Mais son autorité morale est singulièrement affaiblie en Écosse.

Un bras de fer entre Johnson et Sturgeon


Néanmoins Johnson peut se targuer d’avoir remporté de sérieuses victoires en Angleterre même alors qu’il recule également en Pays de Galle. Dans le nord de l’Angleterre, le parti conservateur rafle des bastions travaillistes depuis un demi-siècle. Ce sont les mêmes qui avaient voté majoritairement pour le Brexit. Ce sont donc des secteurs ouvriers qui ont basculé en faveur de la droite. Et si Londres reste travailliste, le score des conservateurs est loin d’être négligeable. Johnson a donc les moyens d’engager un bras de fer avec l’Écosse et de jouer la montre. En 2014, quand les Écossais avaient été appelés à se prononcer sur l’indépendance et avaient signifié à 54 % qu’il n’était pas question de quitter l’Union du Royaume-Uni. Mais à l’époque, il n’était pas non plus question de quitter l’Union européenne. Or, ils ont voté contre le Brexit sans équivoque (à hauteur de 62 %), donnant des arguments en or à Mme Sturgeon, devenue Première ministre écossaise fin 2014. Puis il y a eu la crise sanitaire, nettement mieux gérée en Écosse que dans le reste de la Grande-Bretagne.

Johnson ne peut prendre le risque d’un nouveau référendum


Un nouveau référendum a beaucoup de chances de donner une petite majorité aux indépendantistes. Cela aurait deux conséquences majeures : la fin du Royaume-Uni et un encouragement à la réunification de l’Irlande. Le résultat immédiat serait de sacrer Boris Johnson le destructeur de l’Empire ce qui l’obligerait à mettre un terme immédiat à sa carrière politique. Rien ne l’oblige à accepter un référendum sinon la pression du peuple écossais. Or tout s’est toujours joué en douceur et Sturgeon ne fera jamais l’erreur des Catalans, c’est-à-dire d’entamer une pression de la rue. La situation est donc en suspend. Tout peut arriver.

GXC
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