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Enseignement immersif de la langue corse : c'est pour bientôt !

Jusqu'à ces derniers mois, il existait dans l'hexagone quatre réseaux d'écoles associatives et immersives mais rien chez nous car nous nous sommes trop longtemps collectivement contentés d'un enseignement bilingue croupion mis en place par l'état.
Après que le Conseil Constitutionnel ait censuré la loi Molac en déclarant que l’enseignement immersif des langues régionales était contraire à l'article 2 de la Constitution, les acteurs investis dans la promotion et l’enseignement de ces langues ont appelé à réagir et un Collectif « Pour que vivent nos langues » a été l’initiateur de plusieurs dizaines de manifestations qui ont eu lieu le 29 mai dernier en Occitanie, au Pays Basque, en Bretagne, dans le Nord, en Alsace et chez nous avec pour mot d’ordre commun : « Si l’enseignement immersif est contraire à l’article 2 de la Constitution, eh bien, il faut changer la Constitution ».

La manifestation la plus importante a eu lieu à Bayonne. Elle a réuni des professeurs, des parents, des élèves, des association, des élus de tous bords et aussi des agriculteurs au volant de leurs tracteurs. Soit près de 10 000 personnes ! Cette mobilisation des Basques a été exemplaire. Surtout si l’on considère ce qu’a été la nôtre.
Chez nous, à Bastia, devant l'Inspection académique de Haute-Corse, seulement 200 manifestant étaient présents. « Una vergogna ! » surtout l’on prend en compte que le nombre d’habitants de notre île est à peu près identique à celui des trois provinces historiques (Labourd, Soule, Basse-Navarre) qui constituent le territoire basque (Iparralde) situé en France.


Passivité ou paresse

De cette honte, je prends ma part car, bien qu’habitant à quelques centaines de mètres du lieu de la manifestation, je n’ai pas fait l’effort de me déplacer. Alors que nous avons été nombreux à taper sur le clavier pour dénoncer par voie de communiqué ou sur les réseaux sociaux la décision du Conseil Constitutionnel, seulement deux centaines de personnes ont levé le cul de la chaise et mis le nez dehors pour soutenir l’action du Collectif « Pour que vivent nos langues ».
Pas de quoi pavoiser ! Cette situation n’a cependant rien d’étonnant. Nous avons une fois encore prouvé que concernant le combat pour la sauvegarde de notre langue, nous ne savons que déléguer à des militants le soin. Le résultat de cette passivité ou de cette paresse est d’ailleurs accablant.
Jusqu’à ces derniers mois, il existait dans l’Hexagone quatre réseaux d'écoles associatives et immersives (Seaska pour le basque, Bressola pour le catalan, Diwan pour le breton, Calandreta pour l'occitan) mais rien chez nous car, durant des décennies, sur fond de jérémiades, nous nous sommes collectivement contentés d’un enseignement bilingue croupion mis en place par l’Etat. Il aura fallu attendre le début de cette année pour que Ghjiseppu Turchini, le nouveau président de l’association Scola Corsa, fasse bouger les choses.


Enfin, la première !


Evoquant l’action du système éducatif public, il a constaté : « Il n'est pas capable de créer des cadres favorables à l'épanouissement et au renouvellement de notre langue » et annoncé que des écoles immersives seront, dans les prochaines années, ouvertes un peu partout sur notre île. Comme au Pays basque, en Alsace, en Bretagne, en Occitanie et en Catalogne, et ce avec une supervision de Scola Corsa, ces écoles seront des établissements ayant un statut associatif, gérés par les parents d'élèves et l'équipe pédagogique, financés par l’Etat dans le cadre de conventions, gratuits pour tous. Le contenu pédagogique et le personnel seront de même niveau que dans les établissements scolaires classiques. L'enjeu sera de passer d’un enseignement du corse à un quotidien baignant naturellement dans la langue corse. La première de ces écoles devrait ouvrir ses portes en septembre prochain. Bravo à Scola Corsa !


Alexandra Sereni


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