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Israël / Hamas : à qui perd gagne

Le nouvel affrontement entre Israël et le Hamas a de nouveau soulevé de maigres passions entre les partisans du mouvement palestinien d'un coté et soutien d'Israël de l'autre.
Israël/Hamas : à qui perd gagne.

Le nouvel affrontement entre Israël et le Hamas a de nouveau soulevé de maigres passions entre partisans du mouvement palestinien d’un côté et soutien d’Israël de l’autre. La réalité est tout de même plus complexe que ces états de chauffe émotionnels qui méconnaissent totalement la situation.


Des intérêts cyniques


D’un côté, le P emier ministre Netanhayou, homme de la droite extrême, se trouve en grande difficulté judiciaire et incapable de trouver une majorité pour former un gouvernement. Il se prépare donc à de nouvelles élections. De l’autre, le Hamas, confiné à Gaza qui espérait bien l’emporter aux élections qui devaient décider de la gouvernance palestinienne dans les territoires occupés. Mahmoud Abbas, l’actuel président, a vu le Fatah se scinder et son pouvoir vaciller. Il comptait sur les Israéliens pour interdire aux Palestiniens israéliens de venir voter. Hélas, ces derniers n’ont pas bougé le petit doigt et Mahmoud Abbas a dû se résoudre à repousser sine die, l’échéance tant attendue par le Hamas. Ce dernier a donc profité de la légitime révolte des jeunes Arabes israéliens solidaires des malheureux jetés à la porte de leurs appartements à Jérusalem Est par des intégristes juifs, pour lancer une offensive dont il savait pertinemment qu’elle provoquerait une riposte israélienne.
Le Hamas a lancé près de 4000 missiles dont 680 sont d’ailleurs tombés sur Gaza même. Les Israéliens ont, de leur côté, bombardé Gaza non sans prévenir des objectifs visés. Mais, on le sait depuis la dernière offensive, le Hamas ne se bat pour gagner la bataille. Il sait que c’est impossible — mais pour gagner la guerre de communication. Plus il y a de morts civils et plus sa côte augmente. Lors du dernier conflit, il obligeait les habitants d’immeuble à monter sur les toits pour affronter les bombes. Là, ils ont implanté des usines de fabrication des missiles dans des immeubles d’habitation. Ainsi, pense ce mouvement islamiste d’extrême-droite, les dégâts collatéraux permettront de mettre en difficulté les signataires des accords d’Abraham qui ont vu un certain nombre de puissances arabes, signer un accord avec Israël oubliant tout simplement la cause palestinienne.

L’Iran en embuscade


Le Hamas est sunnite et, à ce titre, devrait être un ennemi acharné de l’Iran qui entretient au Liban le parti du Hetzbollah et en Syrie les Allouites du clan El Assad. Mais l’Iran a compris qu’en devenant le hérault de la lutte « antisioniste » il pouvait marquer des points décisifs dans le monde musulman. C’est donc lui qui a envoyé des techniciens pour apprendre aux combattants du Hamas à fabriquer les fameuses roquettes en nombre suffisant pour espérer contrer le Dôme de fer israélien qui combat les missiles du Hamas avec des contremissiles. L’enjeu est même planétaire. L’Iran est présent dans la région aux côtés des Russes dont l’aviation a assuré au tyran syrien une victoire catastrophique.
La Russie espère bien également débaucher la Turquie, pourtant pilier de l’OTAN dans la région. Pour compliquer le tout, la Chine alliée de la Russie et de l’Iran, a investi en Israël. Les fonds chinois figurent parmi les premiers investisseurs dans la haute technologie israélienne, cependant que les géants du BTP de l’empire du Milieu s’apprêtent à agrandir le port d’Haïfa, en Méditerranée. Enfin, chaque année, le Parlement européen, en votant le budget de l’UE, renouvelle, sans poser de question, le traité de libre-échange entre Israël et l’Europe, mais est également la première puissance à subventionner les Palestiniens ;

Des causes perdues


Avec la fin de la guerre froide, le Moyen-Orient a connu nombre de conflits autrement plus déstabilisants que celui qui oppose Israël aux Palestiniens depuis 1948. Celui-ci a perdu depuis longtemps son caractère « central » et la diplomatie israélienne a tracé sa route. Les É ats-Unis sont un ami indéfectible pour l’état hébreu. Et même avec Vladimir Poutine, la situation est quasiment angélique. Pourtant maîtres de l’espace aérien syrien, les Russes laissent la chasse israélienne bombarder chaque semaine les bases militaires iraniennes en Syrie. Poutine aime bien ses alliés, mais il veut aussi leur faire comprendre qu’en tout état de cause il reste le maître.
Quant aux supposés alliés des Palestiniens, mis à part l’Iran, ils possèdent des ambassades en Israël. C’est dire que le sort des petits peuples perdants a des relents de sapin. Les Kurdes n’auront vraisemblablement jamais leur pays physique, pas plus que les Palestiniens. La vérité est que l’histoire est cruelle et cynique. Les Israéliens ont profité en 1948 d’une très étroite fenêtre de tir vraisemblablement parce que Staline n’avait pas compris la finalité israélienne. Et ils entendent bien conserver cette opportunité qui ne se reproduira plus jamais.

GXC
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