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Territoriales (premier tour) : les heureux, les malheureux et les tinti

A l’heure où sont écrite ces lignes, les éventuelles fusions restent à connaître. Votre serviteur s’en tiendra donc à une analyse simple et sommaire des résultats.
Territoriales (premier tour) : les heureux, les malheureux et les tinti

A l’heure où sont écrite ces lignes, les éventuelles fusions restent à connaître. Votre serviteur s’en tiendra donc à une analyse simple et sommaire des résultats.

Il y a les résultats des sondages et ceux du dépouillement des bulletins de vote. Une fois encore, cette réalité a été vérifiée. Il faut néanmoins reconnaître que l’enquête Ipsos Sopra/Steria réalisée pour France 3-Via Stella une vingtaine de jours avant l’ouverture des bureaux de vote, a été de qualité. Elle a indiqué le classement dans l’ordre des trois premières listes (Gilles Simeoni, Laurent Marcangeli, Jean-Christophe Angelini) et plutôt bien capté et corrigé leurs poids respectifs et donc les rapports de forces entre elles. Elle a fait entrevoir que la liste Paul-Félix Benedetti franchirait la barre des 7 % et que la liste Jean-Guy Talamoni dont beaucoup pensaient qu’elle obtiendrait au mieux 5 %, avaient des chances de réaliser 7%. Elle a enfin révélé que les listes Michel Stefani, François Filoni et Jean-Charles Giacomi ne parviendraient pas à se hisser à hauteur de 5%. Seules les indications concernant Jean-Charles Orsucci et Agnès Simonpietri, ont été contredites par le décompte des bulletins de vote. Mais les compositions plurielles de ces deux listes et leurs positionnements respectifs rendaient très difficile la tâche d’Ipsos Sopra/Steria car la première étant comme celle de Laurant Marcangeli idéologiquement proche du camp Macron , la seconde étant perçue comme étant une compagne de route de la liste Simeoni et toutes deux voisinant donc avec les poids lourds du scrutin, ces listes étaient vulnérables au vote dit utile. Au fond, Jean-Charles Orsucci et Agnès Simonpietri peuvent à juste titre avoir matière à se plaindre de l’enquête Ipsos Sopra/Steria. En effet, en indiquant que Gilles Simeoni et Laurent Marcangeli étaient quasiment coude-à-coude, l’enquête a sans doute poussé au report vers elles d’électeurs macronistes et écologistes.



Vers la Saison 3 du siméonisme


A l’heure où sont écrite ces lignes, les éventuelles fusions restent à connaître. Votre serviteur s’en tiendra donc à une analyse simple et sommaire des résultats. Les heureux sont incontestablement Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini et Paul-Félix Benedetti. Le premier n’a certes pas tué le match en grand comme certains de ses partisans l’espéraient ou colportaient que cela adviendrait. Cependant, en arrivant en tête devant Laurent Marcangeli avec plus de 29 % des suffrages exprimés, soit plus de 4 points d’avance, le président sortant du Conseil exécutif a d’ores et déjà la quasi-certitude de pouvoir succéder à lui-même. Faute sans doute de disposer au soir du 27 juin d’une majorité absolue à l’Assemblée de Corse, Il lui faudra certes composer avec d’autres forces nationalistes durant la mandature. Mais l’essentiel est acquis !

En juillet, débutera la Saison 3 du siméonisme. Jean-Christophe Angelini a lui aussi matière à être satisfait. Bien sûr, sa liste n’a pas réussi à talonner la liste Simeoni et il lui reste à exister vraiment en Haute-Corse sans devoir compter sur des « porteurs de voix » dont certains ont paru être encombrants. Cependant avec son résultat largement à deux chiffres (13 %), le leader du Partitu di a Nazione Corsa sait qu’il est désormais plus qu’un leader de l’Extrême-Sud et que Gilles Simeoni devra compter avec lui durant toute la mandature à venir. Enfin, troisième heureux : Paul Félix Benedetti. A l’issue d’un premier tour marqué par la présence d’une offre nationaliste diversifiée, un choc annoncé entre deux candidats de nature à polariser sur eux les suffrages et une forte participation, le leader de Core in Fronte a réussi s’élever de plus d’un point au-dessus de la barre des 7%. Et ce, cela mérite d’être souligné, sans recours à des « porteurs de voix » et sans édulcoration du message. Le voilà même en situation d’améliorer son score au second tour par la captation de voix provenant d’électeurs écologistes, nationalistes ou de gauche qui souhaiteront aider un courant partageant plusieurs de leurs préoccupations et revendications.



La case « causes d’un échec » de laurent Marcangeli


Après les heureux, les malheureux et les « tinti » !

Laurent Marcangeli qui ne recueille que 24,86 % des suffrages, est passé du rang de challenger principal à celui de futur premier opposant. A l’heure des analyses à tête reposée, il pourra cocher dans la case « causes d’un échec » plusieurs facteurs : les trahisons ou le tièdisme de maires libéraux ou restés couleur Gavini de la droite de Haute-Corse ; avoir retenu un Jean-Matin Mondoloni une fois encore transparent à Bastia au détriment du leader Les Républicains François-Xavier Ceccoli qui aurait apporté son punch d’homme de terrain et sa bonne image parmi les agriculteurs et les ruraux de Haute-Corse ; le choix désastreux de s’être déclaré, seul contre tous, favorable à la réalisation d’un centre de traitement et d’enfouissements des déchets dans la basse vallée du Tavignanu ; la passivité durant la campagne des élus de son camp à Aiacciu et dans les autres communes de la Communauté d’Agglomération du pays Ajaccien.

Deuxième malheureux : Jean-Guy Talamoni. Malgré une campagne-éclair remarquable et un bilan de président de l’Assemblée de Corse des plus méritoires, il n’a pu compenser, et ce par manque d’une poignée de voix, les conséquences dévastatrices de la quasi-absence sur le terrain de Corsica Libera durant quatre ans et la notabilisation de beaucoup de cadres de ce mouvement.
Également à classifier comme étant des malheureux, Agnès Simonpietri et Jean-Charles Orsucci ont, comme cela a été évoqué plus haut, été victimes de leurs trop grandes proximités respectives avec Gilles Simeoni et Laurent Marcangeli. Jean-Charles Orsucci ayant probablement aussi été affaibli, sur sa gauche, par son étiquette Macron. Enfin les « tinti » sont trois et les causes de cette condition sont aisées à cerner. Michel Stefani ne modifie rien du discours qui , depuis 40 ans, conduit de plus en plus le Parti Communiste, chez nous et ailleurs, vers la marginalisation définitive. François Filoni, par ses changements de positionnement l’ayant conduit à se nicher dans la quasi-totalité des cases du monde politique, a perdu toute crédibilité.
Quant à Jean-Antoine Giacomi, son populisme de comptoir même teinté de corsitude, n'a pu suffire à lui permettre de devenir le Le Pen corse.



Pierre Corsi





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