Pour un Office corse du retour : la Diaspora le mérite
Avec l’accession des nationalistes aux responsabilités, il aurait été juste ou pour le moins logique que tout soit mis en œuvre pour aider le Corse de l’extérieur à rentrer au pays. Il n’en a rien été. La Diaspora est en droit d’être déçue.
Au début des années 1970, les mouvements régionalistes puis nationalistes ont d’emblée manifesté de la considération et de la confiance aux Corses de l’extérieur. Sans doute en partie parce que, parmi les cadres de ces mouvements, certains étaient nés hors de Cirse ou avaient connu « l’esiliu ». Au milieu des années 1970, après les événements d’Aleria, de nombreux Corses de l’extérieur se sont engagés. Beaucoup ont participé aux démarches (rassemblements, meetings, soirées culturelles, collectes, comités de soutien…) ou à l’action juridique (collectifs d’avocats) en faveur des militants emprisonnés et de leurs familles. Certains ont adhéré au nationalisme. Quelques-uns se sont employés à expliquer les revendications nationalistes à des personnalités politiques, philosophiques, médiatiques ou intellectuels continentales. D’autres ont renoncé à de belles carrières pour s’installer sur une île où les pouvoirs en place étaient loin de les accueillir à bras ouverts. Par ailleurs, quelques Corses de l’extérieur été des acteurs majeurs des premières évolutions institutionnelles. Dominique Taddei, député du Vaucluse, a déposé le projet de loi relatif au Statut particulier. Bastien Leccia, président de la fédération des groupements corses des Bouches-du-Rhône, proche de François Mitterrand et de Gaston Defferre dont il fut un adjoint à la mairie de Marseille, a été le délégué spécial pour les affaires corses chargé de faciliter la mise en place du Statut particulier. L’amiral Antoine Sanguinetti a été un inlassable pourfendeur de la Cour de Sureté de l’Etat et a milité pour une révision des listes électorales. Les régionalistes et les nationalistes des années 1970 ont eu raison de tabler sur les Corses de l’extérieur. En outre, ils ont vu juste quand ils ont choisi l’usage du vocable « Diaspora » pour désigner collectivement les individus vivant à Paris, Caracas ou Dakar ayant une ascendance corse directe ou indirecte.
Sempre corsi
En usant de ce vocable auquel l’étymologie grecque et l’Histoire du Peuple juif ont donné un signifiant et un signifié très forts, les régionalistes et les nationalistes des années 1970 ont de facto reconnu et affiché que, tout comme les Juifs disséminés aux quatre coins du monde, les Corses de l’extérieur n’étaient ni des migrants, ni des réfugiés, ni des colons, ni des aventuriers ayant renoncé à leur terre et leurs racines. Ils ont pris en compte qu’en se référant à son île y compris par la naïveté d’une tasse de porcelaine à l’effigie de Napoléon, en retournant au moins chaque été « au village », en restant propriétaire d’un lopin de terre ou d’un coin de maison même au prix d’improductives indivisions ou de querelles familiales, en demeurant électeurs dans la ville ou le village de ses ancêtres quitte à accepter des allégeances et des compromissions, en rejoignant une amicale « figatellu », en s’intégrant à des réseaux politiques dominés par des compatriotes, en continuant à pratiquer et chanter sa langue même s’il ne parvenait pas toujours à la transmettre à ses enfants, le Corse de l’extérieur refusait l’assimilation. Les régionalistes et les nationalistes des années 1970 ont en définitive constaté et acté que le Corse de l’extérieur, même s’il n’en avait pas conscience ou se refusait à l’admettre politiquement, ne rompait ni avec son île, ni avec son peuple. Era sempre Corsu. Ces dernières années, avec l’accession des nationalistes aux responsabilités, considérant ce que le Corse de l’extérieur avait apporté et les représentations qui avaient été faites, il aurait été juste ou pour le moins logique que tout soit mis en œuvre pour l’aider à rentrer au pays ou à resserrer ses liens avec la terre de ses ancêtres. Il n’en a rien été. A ce jour, la Diaspora est en droit d’être déçue.
Une ancienne revendication
Rien n’est vraiment fait pour susciter ou accompagner des projets de retour. Rien n’est mis en place pour aider les amicales et associations de la Diaspora à développer leurs activités. Hormis l'initiative de faire entrer un représentant des Corses de la Diaspora au Conseil Economique Social et Culturel de Corse, hormis aussi les efforts d’Edmond Simeoni pour structurer et dynamiser l’association Corsica Diaspora, rien n’a été proposé pour aller dans le sens d’une réelle représentation des Corses de l’Extérieur (par exemple demander un aménagement institutionnel qu’ils puissent élire des représentants à l’Assemble de Corse). Les membres de la Diaspora, y compris s’ils sont aisément identifiables (électeurs, propriétaires, contribuables locaux), ne peuvent même pas bénéficier, dans l’aérien ou le maritime, de tarifs adaptés qui leur permettraient de se rendre en Corse plusieurs fois dans l’année. A ce jour, alors que de nouvelles populations s’établissent sur l’île et que du fait de leur poids démographique de plus en plus grand, leur influence culturelle et linguistique tend à diluer minoriser et même diluer l’identité corse, il devient pourtant essentiel et urgent d’inciter au retour une partie de la Diaspora. Et, pour ce faire, pourquoi ne pas s’inspirer de l’Agence juive. Ayant été créée il y a près d’un siècle pour organiser le « retour à Sion », elle poursuit aujourd’hui son action selon cette vision : « Notre mission est de faire en sorte que chaque juif soit relié à Israël, peu importe où il se trouve dans le monde, afin qu'il puisse continuer à jouer un rôle majeur dans l’histoire du peuple juif. » Comme le fait l’Agence juive, un Office corse du retour pourrait par exemple faciliter l’accès des candidats à la formation, à l’emploi, au logement…Il serait aussi envisageable qu’elle devienne une structure ressource pour favoriser le développement des amicales et associations réunissant des Corses de l’extérieur. Petit rappel : la création d’un Office du retour a longtemps été une des revendications majeures du nationalisme militant.
Sempre corsi
En usant de ce vocable auquel l’étymologie grecque et l’Histoire du Peuple juif ont donné un signifiant et un signifié très forts, les régionalistes et les nationalistes des années 1970 ont de facto reconnu et affiché que, tout comme les Juifs disséminés aux quatre coins du monde, les Corses de l’extérieur n’étaient ni des migrants, ni des réfugiés, ni des colons, ni des aventuriers ayant renoncé à leur terre et leurs racines. Ils ont pris en compte qu’en se référant à son île y compris par la naïveté d’une tasse de porcelaine à l’effigie de Napoléon, en retournant au moins chaque été « au village », en restant propriétaire d’un lopin de terre ou d’un coin de maison même au prix d’improductives indivisions ou de querelles familiales, en demeurant électeurs dans la ville ou le village de ses ancêtres quitte à accepter des allégeances et des compromissions, en rejoignant une amicale « figatellu », en s’intégrant à des réseaux politiques dominés par des compatriotes, en continuant à pratiquer et chanter sa langue même s’il ne parvenait pas toujours à la transmettre à ses enfants, le Corse de l’extérieur refusait l’assimilation. Les régionalistes et les nationalistes des années 1970 ont en définitive constaté et acté que le Corse de l’extérieur, même s’il n’en avait pas conscience ou se refusait à l’admettre politiquement, ne rompait ni avec son île, ni avec son peuple. Era sempre Corsu. Ces dernières années, avec l’accession des nationalistes aux responsabilités, considérant ce que le Corse de l’extérieur avait apporté et les représentations qui avaient été faites, il aurait été juste ou pour le moins logique que tout soit mis en œuvre pour l’aider à rentrer au pays ou à resserrer ses liens avec la terre de ses ancêtres. Il n’en a rien été. A ce jour, la Diaspora est en droit d’être déçue.
Une ancienne revendication
Rien n’est vraiment fait pour susciter ou accompagner des projets de retour. Rien n’est mis en place pour aider les amicales et associations de la Diaspora à développer leurs activités. Hormis l'initiative de faire entrer un représentant des Corses de la Diaspora au Conseil Economique Social et Culturel de Corse, hormis aussi les efforts d’Edmond Simeoni pour structurer et dynamiser l’association Corsica Diaspora, rien n’a été proposé pour aller dans le sens d’une réelle représentation des Corses de l’Extérieur (par exemple demander un aménagement institutionnel qu’ils puissent élire des représentants à l’Assemble de Corse). Les membres de la Diaspora, y compris s’ils sont aisément identifiables (électeurs, propriétaires, contribuables locaux), ne peuvent même pas bénéficier, dans l’aérien ou le maritime, de tarifs adaptés qui leur permettraient de se rendre en Corse plusieurs fois dans l’année. A ce jour, alors que de nouvelles populations s’établissent sur l’île et que du fait de leur poids démographique de plus en plus grand, leur influence culturelle et linguistique tend à diluer minoriser et même diluer l’identité corse, il devient pourtant essentiel et urgent d’inciter au retour une partie de la Diaspora. Et, pour ce faire, pourquoi ne pas s’inspirer de l’Agence juive. Ayant été créée il y a près d’un siècle pour organiser le « retour à Sion », elle poursuit aujourd’hui son action selon cette vision : « Notre mission est de faire en sorte que chaque juif soit relié à Israël, peu importe où il se trouve dans le monde, afin qu'il puisse continuer à jouer un rôle majeur dans l’histoire du peuple juif. » Comme le fait l’Agence juive, un Office corse du retour pourrait par exemple faciliter l’accès des candidats à la formation, à l’emploi, au logement…Il serait aussi envisageable qu’elle devienne une structure ressource pour favoriser le développement des amicales et associations réunissant des Corses de l’extérieur. Petit rappel : la création d’un Office du retour a longtemps été une des revendications majeures du nationalisme militant.