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La rose et l'églandine ont fané

Le mal n'est pas que français
La rose et l’églantine ont fané

Les 20 et 27 juin, les Français votent pour les élections régionales et départementales. Le moins qu’on puisse dire est que la confusion règne dans tous les camps.
Mais à gauche, le sentiment dominant est celui d’une débâcle : un PS inexistant, un Parti communiste réduit à un score de trotskiste, des écologistes dont on peine à comprendre la ligne et des Indignés qui paraissent avoir oublié la lutte des classes. Mais le mal n’est pas que français.

Une gauche sinistrée


La gauche française est une création de la Révolution française.
L’affrontement entre montagnards (la branche radicale du jacobinisme) et Girondins (les décentralisateurs) représentait déjà la continuation du vieux conflit entre la périphérie et le centre, la monarchie et les parlements de province.
Cependant la gauche moderne est née dans l’opposition au Second Empire et avec l’avènement de la IIIe république. Curieuse gauche d’ailleurs qui s’est lancée dans les colonisations et n’a pas hésité à faire tirer sur les manifestations ouvrières qui demandaient la journée des huit heures.
Difficile de faire le distinguo entre les différentes gauches après la Grande Guerre quand les positions restaient très idéologiques : républicains contre monarchistes ou étatistes (cela donnera le pétainisme et la Révolution nationale) ou encore croyants contre athées.

C’est la Résistance qui redorera le blason d’une gauche française qui s’était vautrée dans la collaboration avec en tête de gondole l’ancien député socialiste Laval ou encore le radical de gauche Bousquet responsable des grandes vagues de déportations. Et c’est bien De Gaulle qui sauva cette gauche non communiste dont l’honneur avait été préservé par Léon Blum, Pierre Mendès-France ou encore Félix Gouin.
Mais à la Libération, la balance n’était pas égale. Le Parti communiste sortait auréolé de gloire et remportait un quart des suffrages exprimés. Mais la puissance du PCF tenait à l’existence d’une classe ouvrière traditionnelle et bien assise dans les grands bastions industriels. Quand la gauche arriva au pouvoir en 1981, ce fut aussi le début de la crise de l’Occident. Ce qui avait fait sa richesse, la métallurgie, la production de masse, commençait à s’en aller vers l’Asie. Et la gauche connut dès 1983 le début de sa descente aux enfers. Cela n’a plus cessé depuis, la présidence Hollande incarnant la déchéance de cette famille de pensée accrochée à une idéologie archaïque et « en même temps » agissant selon des préceptes libéraux au grand désespoir de sa base historique.

Une crise mondiale


La gauche apparaît aujourd’hui rendue aux désirs d’une classe moyenne mondialisée et incapable de comprendre les difficultés vécues par les plus pauvres. Les partis communistes ont été engloutis par le tsunami libéral et, bien souvent, son électorat a rejoint les formations d’extrême droite par dépit et ressentiment.
Au sein de l’Union européenne, on ne trouve plus que six pays encore dirigés par des partis ou des coalitions de gauche. Mais peut-on encore parler de gauche quand on constate qu’au Danemark, le maintien du gouvernement social-démocrate de Mette Frederiksen repose sur une politique migratoire que n’oserait pas le Rassemblement national ?
Être de gauche peut-il se résumer à se proclamer de gauche sans que cela se traduise dans les faits ?

Est-il possible de retrouver les fondamentaux ?


L’embourgeoisement de la gauche n’est pas que français.
En Espagne, le mouvement dit du « 15-M », le mouvement des Indignés, qui avait 78 % de soutien dans la population en 2013, ne pèse plus rien aujourd’hui. Un journaliste espagnol parle d’un militantisme « colonisé par des universitaires sans trajectoire professionnelle ni charge familiale, très centrés sur la théorie, au sein de groupes de débat dont les participants affichent un profit social très homogène ».
Nous avons le même phénomène aujourd’hui en France où le discours de gauche est détenu par une poignée d’économistes ou pire d’idéologues qui, contaminés par la mode américaine, ne donnent plus que dans le racialisme et le libertarisme (quand ça n’est pas un écologisme basé sur la croissance) oubliant au passage la dure réalité du chômage, du pouvoir d’achat en baisse et de l’insécurité douloureusement vécue par les plus démunis.
Même problème en Grande-Bretagne pour le parti travailliste dont les insuccès ont fait le miel de Boris Johnson. Or la démocratie a besoin de débats idéologiques appuyés sur le réel et non pas d’un assemblage hétéroclite du « en même temps ».
Difficile d’appréhender l’avenir. Mais il est certain qu’il ne sera pas rouge pas même rose. Hier l’églantine représentait le communisme et la rose le socialisme. Les deux fleurs ont fané.

GXC
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