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La crise de l'Etat-nation français

La france connaît un crise grave, identique à celles qu'elle vit lorsque chacune de ses monarchies ou de ses républiques se retrouve en fin de parcours.
La crise de l’État-nation français

La France connaît une crise grave, identique à celles qu’elle vit lorsque chacune de ses monarchies ou de ses républiques se retrouve en fin de parcours. Il suffit d’étudier l’histoire et de simplement remonter à Louis XIV pour comprendre combien le système centralisé, dès qu’il faiblit, crée une crise majeure en excitant ses pouvoirs périphériques.

Louis XIV contre les minorités


Louis XIV fut, jusqu’à l’excès, l’incarnation du système français. Sous son règne se mit en place le système colbertiste qui préfigurait l’étatisme futur, ennemi du libéralisme anglo-saxon. Mais il fut aussi le berceau de la grande culture française qui vit des Corneille, des Racine ou des La Fontaine éclore et de donner à la langue française ses plus beaux atours. Cependant il combattit impitoyablement toutes les forces périphériques qui pouvaient lui faire de l’ombre. Les protestants payèrent le prix fort après la révocation de l’Édit de Nantes en octobre 1685. La répression impitoyable des huguenots induisit un exode qui priva la France d’une partie de ses richesses.
Puis il détruisit le jansénisme dont il craignait la contagion à l’intérieur même de sa cour. À la mort du Roi-Soleil, le Régent, homme de plaisirs, régna médiocrement . On attendait un autre roi Soleil, mais le règne de Louis XV se solda par bien des défaites : perte du Canada, des possessions indiennes, un abandon à l’Angleterre de la domination maritime et, à l’intérieur du royaume un discrédit populaire impitoyable symbolisé par la révolte des Parlements provinciaux. L’affaiblissement de la monarchie et donc de l’État se répercuta sur le malheureux Louis XVI, qui ne fut pas un mauvais monarque, mais tarda à mettre en mouvement les réformes qui auraient pu calmer une partie de son aristocratie et désarmer une bourgeoisie exaspérée par la pesanteur paperassière d’une administration figée dans l’ancien temps.
Lorsque la Première république, fruit de la Révolution, échoua naquit l’Empire. Toujours ce besoin inextinguible de l’homme providentiel. L’éphémère seconde république accoucha du Second Empire. La Troisième périt dans les bras de Pétain et la Quatrième aboutit au coup d’État de 1958 et au retour du général De Gaulle. Ainsi va la France.

Une victoire en forme de débâcle


Le phénomène bonapartiste est l’éclosion d’un homme providentiel qui survolerait les contradictions de classes pour dominer une situation de crise. Chirac n’en avait pas l’envergure. Sarkozy l’aurait bien voulu, mais il lui manquait un véritable destin national. François Hollande ? Un non-sujet. Macron, lui avait compris ce que désirent les Français : retrouver un roi. Mais il a négligé un fait essentiel : la France est le pays des partis et des partisans. Or LREM n’est qu’un avorton de mouvement qui ne parvient pas à se développer.
L’arrogance du jeune président, ses fautes de communication, mais plus généralement les introuvables solutions à la crise mondiale, ont provoqué en France le mouvement des Gilets Jaunes relayé par la crise sanitaire. L’opposition a beau jeu de toujours paraître détenir les clefs du succès.
Malheureusement pour elle, qu’elle soit de droite ou de gauche, elle a tenu les rênes du pays et elle a aussi échoué. Les élections régionales ne sont en aucun cas une victoire pour les partis traditionnels. Ils sont la preuve que les cadavres en séchant au soleil se momifient. Comment parler de victoire quand les deux tiers des citoyens ont boudé les urnes ?

L’histoire sans fin


Les peuples reproduisent à l’infini leurs propres schémas de développement, mais sous différentes formes. Les régimes communistes n’ont jamais été que l’expression de nationalismes affublés d’habits modernes.
La France éternelle est monarchique, républicaine ou impériale. Elle reste la France. Elle se transforme à peine au fil des siècles, mais bien moins rapidement qu’on ne le voudrait. Les militants aimeraient que leurs actions aient une influence décisive sur la marche des sociétés.
J’ai bien peur que ça ne soit là qu’une façon d’exister et de croire désespérément en sa propre utilité.
Oui, il existe des actions vraiment utiles. Ce sont celles qui ont des effets de proximité. Construire un abri pour des malheureux sans-abri. Tendre une main compatissante à des femmes battues, se battre contre la fermeture d’une usine, voilà qui va dans le bon sens. Mais ne nous leurrons pas, les peuples portent en eux un schéma de vie presque immuable dont la vitesse n’est en rien accordée sur la durée d’une vie.
La France est la France avec tous ses défauts et ses qualités. Mieux vaut l’accepter si on ne veut pas passer sa vie à désespérer. Elle est aujourd’hui malade. Mais elle guérira avec les mêmes remèdes que ceux qu’elle s’est toujours administrés.

GXC
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