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Yann Le Borgne << Cosmolitude >> version BD

Clôture de << BD à Bastia >> avec << Cosmolitude >>.
Yann Le Borgne  « Cosmolitude » version BD

Clôture de « BD à Bastia » avec « Cosmolitude ». Originalité de l’œuvre ? Elle se décline en Space Opera, en album CD et en bande dessinée. Yann Le Borgne, auteur de la BD, est partie prenante de cette exploration artistique tous azimuts.



« Cosmolitude » ou l’histoire d’un cosmonaute propulsé dans l’espace après une explosion destructrice. La première question de ce spationaute avant de quitter la terre : « Ont-ils bien fait le plein d’essence ? » Une question qui au-delà de l’anecdote ironique est une métaphore du voyage vers l’inconnu que tout individu effectue en ce bas monde de sa naissance à son dernier soupir. Une question qui résume la fragilité de l’existence avec son poids de hasards semés de déterminismes, ponctués d’élans de liberté.

Space Opera, CD, BD, « Cosmolitude » est le résultat d’un travail d’équipe et c’est l’immense mérite de cette réalisation. Création musicale, vocale, graphique, sérigraphique, scénographique sur des flots de couleurs et de lumières, c’est une pluridisciplinarité en arts dans laquelle chacun-e exprime ses talents : Jacky Le Menn, Célia Picciocchi, Christian Humbert-Droz… et Yann Le Borgne.

Enregistrer un disque à partir d’un spectacle c’est intéressant, associer à cette double entreprise une bande dessinée qui joue toutes les formes de gravures et la sérigraphie voilà qui est plus neuf, sans que le trait paraphrase la partie musicale voilà encore un mérite à souligner en rouge.

Répercussions pour une fois positives du Covid le Space Opera a pu être peaufiné, puisque programmé l’an passé il a dû être différé en ce début d’automne 2021. D’où plus de temps accordé au collectif de créateurs pour mettre au point, rectifier, améliorer le spectacle, le CD, la BD. Au fil de plusieurs résidences d’artistes à Prunelli di Fium’Orbu, Ajaccio, Cargèse, Bastia la narration a pu être ciselée. Par touches successives elle a évolué, accentuant, précisant, ôtant ou rajoutant des détails, complétant ou retranchant certains points.

L’album CD vient d’être enregistré au studio bastiais, « Redtone ». Lors de la résidence de Bastia un clip a été tourné en encre animée par Yann Le Borgne. Il dure quatre minutes. Sa réalisation a été mené à bien au studio ajaccien, « La part d’ombre » de Christine Bartoli. Ce film d’animation remplit deux objectifs : être projeté sur scène et être diffusé sur les média audiovisuels et sur internet.

Si le Space Opera privilégie les atmosphères de bleu, de vert ainsi que les ambiances d’ambré et rouge, la bande dessinée joue les couleurs primaires et leurs superpositions.

« Cosmolitude 2021 », un univers qui mêle poésie et philosophie. Une arche de Noë artistique…


L’équipe

Musiciens : Jacky Le Menn, voix, guitare, texte et musique. Célia Picciocchi, violon, arrangements. Paul-Antoine de Rocca Serra, violoncelle. Laurent Gueirard, percussions.
Plasticiens : Christian Humbert-Droz et Yann Le Borgne.
Mapping : Lisandre Quiriconi.
Son : Anouar Benali.
Régie : El Mekki Arrihoui
Lumière : David Vincent.


« Le mode artistique ou la pratique utilisée m’importe moins que le projet à développer. Raconter des histoires voilà ma priorité. »

Yann Le Borgne

Comment et pourquoi votre participation à « Cosmolitude » ?

Christian Humbert-Droz et moi, nous nous rejoignons chaque année à « BD à Bastia pour animer des ateliers de sérigraphie et de graphisme. Là nous retrouvons Jacky Le Menn et Celia Picciocchi, l’idée de travailler ensemble nous est venue lors de l’édition de 2019. On est parti d’une suite musicale de vingt minutes composée par Jacky. La thématique du cosmonaute nous a plu. Elle est dans l’air du temps, il n’est qu’à voir la faveur dont bénéficie Thomas Pesquet. Le Covid et les confinements ont aussi renforcé l’envie d’évasion. Les membres de l’équipe sont également tous nés dans la décennie 70, celle des grands films de Kubrick et Spielberg qui ont fait rêver d’exploration spatiale. Notre cosmonaute, lui, est plutôt un looser mais en même temps il incarne l’ultime chance de survie pour l’humanité.


Votre bande dessinée est-elle une réplique du spectacle où se situe-t-elle sur un autre plan ?

L’histoire du cosmonaute affinée au fur et à mesure, chacun de nous y a collaboré. On s’est influencé les uns les autres. Elle est le fruit d’un véritable travail en commun. Pour la BD j’ai choisi une réécriture et des variations sur le thème du spectacle. J’en propose mon interprétation. Le livre ne comporte pas de texte, sauf en ce qui concerne la chanson du cosmonaute écrite par Jacky Le Menn.


A quelles techniques graphiques recourez-vous dans votre livre ?

Essentiellement à la gravure car ce médium me passionne et ses possibilités sont vastes et variées. En gravure on peut imprimer des images de plein de manières différentes selon le support. Les étapes successives de réalisation d’une image peuvent fort bien m’échapper et cette absence de contrôle peut être source de surprises. Ce sont justement ces effets de surprises qui sont réjouissants et me motive car il me donne à chaque fois l’impression d’apprendre. Avec la gravure j’apprécie beaucoup qu’on puisse obtenir des traits si fins et précis ou gras selon le procédé… J’ai utilisé la pointe sèche, la linogravure, la gravure sur bois au laser ainsi que la sérigraphie.


Dans le spectacle pourquoi Lisandra Quiriconi au mapping ?

Je l’ai aussi rencontré à « BD à Bastia ». Elle est devenue une amie. Elle a créé le collectif AWAKA et avait déjà fait du mapping. Pour « Cosmolitude » elle mappe sur les onze écrans de tailles différentes installés sur la scène. Je lui fournis des images qu’elle place en direct. C’est un travail à deux.


« Cosmolitude » accorde une grande place à la sérigraphie dont Christian Humbert-Droz est un maitre reconnu. Quelle part a-t-il pris dans le spectacle et dans votre BD ?

Je connais Christian de « BD à Bastia », de l’université où il a animé des ateliers et monté une exposition à la bibliothèque. J’aime ce qu’il publie dans sa maison d’édition, « Drozophile ». Homme de projet et de cœur il a été de l’aventure « Cosmolitude » depuis le début. Comme personnellement je ne savais pas grand-chose en sérigraphie il m’a organisé, en août 2020, un stage à Genève où il vit et travaille. Ce qui m’a permis de commencer à imaginer ma scénographie.


Vous a-t-il donné des conseils ?

Il a souligné que le spectacle devait conserver quelque chose d’aléatoire. On a donc décidé de miser sur une part d’improvisation pour cultiver de la spontanéité et stimuler lors de la représentation des montées d’adrénaline. Sur scène on a recherché un côté performance comme il en existe en art contemporain. On innove également puisque jusqu’à présent personne n’a proposé de concert sérigraphié.


Que vous a apporté « L’étrange atelier », association basée à Ajaccio ?

C’est une cocréation avec l’artiste, Orso. On y fait des résidences. C’est là que j’ai réalisé mon livre et que je ferai du 24 octobre au 7 novembre une exposition montrant des gravures inédites de « Cosmolitude ». « L’étrange atelier » est situé Jardins de l’Empereur.


En plus de bédéaste, dessinateur et graveur vous êtes musicien. N’avez-vous pas eu tendance à mettre votre grain de sel dans le Space Opera ?

J’ai eu la chance qu’on me demande mon avis ! D’ailleurs on a tout fait collégialement. En outre, sur scène, je suis invité sur trois titres soit pour chanter, soit pour jouer du saxo ou de la guitare… C’est véritablement enthousiasmant.


Quel genre musical a votre préférence ?

J’ai fait partie de diverses formations. Rock, pop, métal, chanson française, tout me va quand c’est bien joué !


Arts plastiques, illustration, bande dessinée, musique allez-vous continuer à mener tout de front ?

Au gré du possible et des rencontres, bien sûr… Comme graveur-bédéaste j’ai envie de me lancer dans un autre livre. Par ailleurs, avec Jacky Le Menn du Jakez Okestra on a un nouveau projet. En fait le mode artistique ou la pratique utilisée m’importe moins que le projet à développer. Raconter des histoires voilà ma priorité.


La discipline artistique dont vous ne sauriez vous passer ?

Petit garçon je voulais dessiner des BD. Il se trouve que j’ai eu une éducation musicale à laquelle je tiens. Adulte, en touche à touche, musique, arts plastiques, bande dessinée tout s’est enchaîné. Durant les confinements j’ai fait deux BD humoristiques en autofinancement : « Journal de confinement » et « Reconfinade ». Quant à « Cosmolitude 2021 », l’album sort chez « Drozophile ».

Propos recueillis par M.A-P
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