Innovations numériques et enjeux culturels : vers un Riacquistu 2.0 ?
Il est nécessaire de mettre en perspective, dans l'histoire de la Corse, les enjeux et l'intérêt que représente l'appropriation des outils numériques, ....
Innovations numériques et enjeux culturels : vers un Riacquistu 2.0 ?
Il est nécessaire de mettre en perspective, dans l’Histoire de la Corse, les enjeux et l’intérêt que représente l’appropriation des outils numériques, pour sa culture et sa langue, dans une nouvelle démarche d’émancipation. Au fil des siècles, cette île, de par sa situation politique de territoire assujetti à un pouvoir étranger, n’a jamais eu la possibilité d’initier véritablement de nouvelles dynamiques, issues de son propre corps social et de ses institutions, en ce qui concerne une production qui lui soit spécifique. Elle peut le faire aujourd’hui, et ce fait résonne comme un défi à relever impérativement.
Après un début d’émancipation, qui n’a touché que l’aire linguistique, à la fin du XIXe siècle, avec Santu Casanova, ce n’est qu’au début du XXe, avec les Corsistes et les Cyrnéistes, que les Corses ont commencé à donner une visibilité d’ordre à la fois figuratif et linguistique à leur identité en tant que peuple.
Après l’arrêt de ce processus suite à la Seconde Guerre Mondiale et la mise sous l’éteignoir de l’expression corse, il faut attendre les années 70, au-delà d’un début de relance à partir du milieu des Années 50, pour qu’un second Riacquistu permette la naissance d’une nouvelle dynamique, liant l’image et la langue corse, via des productions audiovisuelles de journalistes et réalisateurs, des initiatives individuelles ou associatives, mais aussi grâce au Service Public, avec la naissance en 1982 et le développement de la télévision régionale. Cet Audiovisuel public va multiplier ensuite de nouvelles émissions, films et documentaires, ne se cantonnant pas au seul domaine journalistique.
En 1992, un nouveau chapitre s’ouvre, avec la création d’une Antenne Territoriale, allant de pair avec l’évolution statutaire de la Corse. Apparaissent également des chaînes privées, ainsi que des sociétés de production, diffusant la majeure partie de leurs réalisations sur France 3 Corse. En parallèle, la création de ViaStella, chaîne numérique liée à FR3, permet la production de nouveaux contenus, en corse et en français, et la coproduction de nombreux documentaires et films.
Aujourd’hui la Télévision de Service public est confrontée au développement des réseaux sociaux et du Numérique. La réalisation, en interne, de contenus numériques corsophones, mis à part quelques programmes difficiles à développer et à faire vivre, semble de plus en plus difficile. Rares sont ceux qui trouvent un réel écho auprès des jeunes publics. Les maisons de productions ne créent quant à elles que très peu de réalisations en langue corse, car leur diffusion intéresse de fait peu les chaînes de l’Hexagone, un horizon indispensable d’un point de vue économique pour les producteurs privés et les réalisateurs free lance, qui dépendent étroitement des aides du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (anciennement Centre National de la Cinématographie -CNC- jusqu’en 2009).
Dans le même temps, la demande de la société corse concernant sa langue et sa culture n’a jamais été aussi forte. L’arrivée au pouvoir des Nationalistes à la Collectivité Territoriale, en 2015, en est aussi le reflet. Sur ce terrain, comme dans de nombreux autres domaines, cette Majorité se doit d’être l’instrument d’un nouvel acte de réappropriation, si elle ne veut pas trahir la mouvance qui l’a portée aux responsabilités.
De fait, il s’agit bien là d’une situation inédite quant à l’image et la parole du peuple corse. Il ne paraît plus insurmontable, au regard de la situation politique et du contexte créé par l’ère du numérique, de :
De nombreux projets innovants, et plusieurs médias préexistants, s’inscrivent d’ores et déjà dans cette perspective historique. Ils feront peut-être demain la preuve que la Corse peut faire da par sè, dans un domaine majeur pour la revitalisation de sa langue et sa culture.
Un Riacquistu 2.0 ? L’avènement de cette nouvelle étape dans la réappropriation de notre identité est sans nul doute possible, en s’appuyant sur l’ensemble des nouvelles possibilités offertes par le Numérique. Il suffit pour cela d’avoir la volonté et l’audace nécessaires, et de se donner de moyens indispensables pour faire vivre ce proj
Il est nécessaire de mettre en perspective, dans l’Histoire de la Corse, les enjeux et l’intérêt que représente l’appropriation des outils numériques, pour sa culture et sa langue, dans une nouvelle démarche d’émancipation. Au fil des siècles, cette île, de par sa situation politique de territoire assujetti à un pouvoir étranger, n’a jamais eu la possibilité d’initier véritablement de nouvelles dynamiques, issues de son propre corps social et de ses institutions, en ce qui concerne une production qui lui soit spécifique. Elle peut le faire aujourd’hui, et ce fait résonne comme un défi à relever impérativement.
Après un début d’émancipation, qui n’a touché que l’aire linguistique, à la fin du XIXe siècle, avec Santu Casanova, ce n’est qu’au début du XXe, avec les Corsistes et les Cyrnéistes, que les Corses ont commencé à donner une visibilité d’ordre à la fois figuratif et linguistique à leur identité en tant que peuple.
Après l’arrêt de ce processus suite à la Seconde Guerre Mondiale et la mise sous l’éteignoir de l’expression corse, il faut attendre les années 70, au-delà d’un début de relance à partir du milieu des Années 50, pour qu’un second Riacquistu permette la naissance d’une nouvelle dynamique, liant l’image et la langue corse, via des productions audiovisuelles de journalistes et réalisateurs, des initiatives individuelles ou associatives, mais aussi grâce au Service Public, avec la naissance en 1982 et le développement de la télévision régionale. Cet Audiovisuel public va multiplier ensuite de nouvelles émissions, films et documentaires, ne se cantonnant pas au seul domaine journalistique.
En 1992, un nouveau chapitre s’ouvre, avec la création d’une Antenne Territoriale, allant de pair avec l’évolution statutaire de la Corse. Apparaissent également des chaînes privées, ainsi que des sociétés de production, diffusant la majeure partie de leurs réalisations sur France 3 Corse. En parallèle, la création de ViaStella, chaîne numérique liée à FR3, permet la production de nouveaux contenus, en corse et en français, et la coproduction de nombreux documentaires et films.
Aujourd’hui la Télévision de Service public est confrontée au développement des réseaux sociaux et du Numérique. La réalisation, en interne, de contenus numériques corsophones, mis à part quelques programmes difficiles à développer et à faire vivre, semble de plus en plus difficile. Rares sont ceux qui trouvent un réel écho auprès des jeunes publics. Les maisons de productions ne créent quant à elles que très peu de réalisations en langue corse, car leur diffusion intéresse de fait peu les chaînes de l’Hexagone, un horizon indispensable d’un point de vue économique pour les producteurs privés et les réalisateurs free lance, qui dépendent étroitement des aides du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (anciennement Centre National de la Cinématographie -CNC- jusqu’en 2009).
Dans le même temps, la demande de la société corse concernant sa langue et sa culture n’a jamais été aussi forte. L’arrivée au pouvoir des Nationalistes à la Collectivité Territoriale, en 2015, en est aussi le reflet. Sur ce terrain, comme dans de nombreux autres domaines, cette Majorité se doit d’être l’instrument d’un nouvel acte de réappropriation, si elle ne veut pas trahir la mouvance qui l’a portée aux responsabilités.
De fait, il s’agit bien là d’une situation inédite quant à l’image et la parole du peuple corse. Il ne paraît plus insurmontable, au regard de la situation politique et du contexte créé par l’ère du numérique, de :
- - Donner à la langue et la culture corses un champ unique de croissance, en leur rendant peu à peu leur place légitime sur cette île
- - Promouvoir ce développement avec des moyens techniques modernes, en rompant définitivement avec une forme passéiste, qui a tant pesé sur les représentations de la langue et de l’identité corse
- - Assurer une visibilité accrue, en Corse comme à l’extérieur, à ces contenus, afin de transmettre cette identité à des publics nouveaux et les plus divers, jeunes et anciens, insulaires ou issus de la diaspora, Corses ou d’autres origines.
De nombreux projets innovants, et plusieurs médias préexistants, s’inscrivent d’ores et déjà dans cette perspective historique. Ils feront peut-être demain la preuve que la Corse peut faire da par sè, dans un domaine majeur pour la revitalisation de sa langue et sa culture.
Un Riacquistu 2.0 ? L’avènement de cette nouvelle étape dans la réappropriation de notre identité est sans nul doute possible, en s’appuyant sur l’ensemble des nouvelles possibilités offertes par le Numérique. Il suffit pour cela d’avoir la volonté et l’audace nécessaires, et de se donner de moyens indispensables pour faire vivre ce proj