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Des signes inquiétants d'un retour à la violence

Plusieurs attentats perpétrés en quelques jours.....

Des signes inquiétants d’un retour à la violence

Plusieurs attentats perpétrés en quelques jours… Des tensions au sein du mouvement nationaliste en même temps qu’une fausse impression de vide au sein du milieu insulaire et il n’en faut pas plus pour se mettre à craindre une nouvelle flambée de violence dans cette île où la tranquillité apparente cache souvent des explosions imminentes.



Une violence protéiforme


A priori les attentats de Balagne, du Cap et du Fium’orbu n’ont rien à voir entre eux. Dans certains cas, cela ressemble aux classiques et imbéciles plasticages de maisons appartenant à des continentaux. Et tant pis si les propriétaires sont parfaitement intégrés dans le paysage local. La bêtise ne s’arrête pas à de pareils détails. D’autant que derrière ce type d’actes, les moteurs peuvent être la jalousie dopée par un prétexte politique ou encore tout simplement le hasard. Je me souviens encore d’un procès en cour de sûreté de l’état où l’un des inculpés nationalistes avait justifié son choix de cible à la simple lecture d’un patronyme à consonance continentale trouvé dans l’annuaire. La famille de la victime était implantée en Corse depuis le début du XIXe siècle peut-être même avant que la sienne n’y arrive. Quant aux vandalismes scandaleux d’un garage associatif ou encore celui d’engins communaux dans le Fium’Orbu, ils semblent devoir être rangés dans la catégorie vengeance locale. Néanmoins, ces évènements traduisent une nervosité inquiétante.

Un mouvement nationaliste fracturé


Il est difficile d’ignorer les antagonismes qui existent entre le PNC et Femu qui tiennent plus de la bataille d’ego que de la divergence programmatique. Car on tenterait vainement de chercher une différence stratégique entre les propositions des uns et des autres. En fait, la Corse continue d’être administrée par des mini clans qui n’osent dire leur nom. Au nord, les simeonistes, au sud les angelistes. Rien de très nouveau sous les cieux insulaires. À la limite ce sont leurs affaires. Ils étaient d’ailleurs tous là, unis dans la condamnation dans le Fium’Orbu et en Balagne. Néanmoins ces divisions peuvent être des générateurs indirects d’une violence clandestine. Mais pour l’heure, impossible de dresser un quelconque diagnostic.

Un milieu orphelin


Restent les pistes proprement délinquantes. La disparition de la Brise de Mer à Bastia et la mise au tapis du Petit Bar à Ajaccio ont créé un appel du vide. Le milieu comme tout écosystème vivant est toujours à la recherche d’un équilibre. Il n’aime ni les creux ni les trop-pleins. Il suffit d’observer les statistiques criminelles. L’abondance de faits criminels traduit une tendance dangereuse à la hausse après la disparition d’un groupe dominant alors que la tranquillité, la pax mafiosa indique que ce groupe tient toujours ferme les rênes du gangstérisme local et fait régner l’ordre. Le décès accidentel de Jean-Jé Colonna provoqua un bain de sang parce qu’il était la poutre maîtresse du monde instable des voyous. Sa disparition en 2006 ouvrit d’abord la porte à quelques assassinats marginaux ­puis déboucha sur celui de Richard Casanova en 2008 qui provoqua le suicide de la Brise de Mer. Il se produisit ensuite un jeu malsain entre divers services policiers, chacun instrumentalisant ses propres voyous ou supposés tels qui furent assassinés les uns après les autres ou incarcérés. D’une manière ou d’une autre, d’une situation à l’autre, ce sont toujours les services de l’état qui tiennent les ficelles.

Le besoin d’une société apaisée


Les nationalistes sont aujourd’hui aux commandes. Il leur appartient de détendre l’atmosphère. Ils n’ont plus aujourd’hui, qu’une cause victimaire à brandir avec raison : le rapprochement des membres du commando Erignac. Il faut tout de même rappeler que tous les autres prisonniers se revendiquant du nationalisme ont rejoint la Corse. Si au moins Ferrandi et Alessandri reviennent sur leur terre, bien des arguments prétendant justifier une violence clandestine cesseraient d’exister. Il semblerait que le président Macron mette tout en place pour que cela devienne effectif en cas de réélection, hypothèse vraisemblable. Il reste trois mois à attendre. Espérons que dans ce laps de temps, il ne se trouvera pas des fous ou des radicaux pour provoquer un drame sans retour. La Corse a besoin de se rassembler, d’exprimer ses richesses et de sortir de la spirale de la violence latente ou réelle.

GXC
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