• Le doyen de la presse Européenne

Insupportable !

Jouer avec les espérances de détenus et de leurs familles est proprement insupportable.

Insupportable !

Prenant toutes les parties à revers, la Commission locale de la Centrale de Poissy qui, à trois reprises, avait émis un avis favorable au rapprochement d’Alessandri et de Ferrandi, vient de tourner casaque. Son avis est désormais négatif confortant le Premier ministre dans sa position. Cette façon de jouer avec les espérances des deux détenus et de leurs familles est proprement insupportable.


Un avis largement majoritaire



Selon les informations données par France 3-régions sept des dix membres de la commission ont voté en faveur du maintien du statut de DPS des deux détenus. Les trois voix qui se sont prononcées pour leur radiation émaneraient du représentant du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) et des deux vice-présidents de l'application des peines près le tribunal de Paris et de Versailles. Tous les autres représentants de l’administration en général ont voté pour le maintien du statut DPS incluant le représentant du ministère de l’Intérieur et celui du parquet.
Il n’y a désormais plus aucun doute : les ministres Darmanin et Dupont-Moretti ne veulent pas de ce rapprochement. Que pensez de l’attitude de celui qui fut l’avocat d’Yvan Colonna sinon que chez lui la duplicité est devenue un art majeur ?
Autre rappel : en 2018, cette même commission avait rendu un avis unanimement favorable à la levée du statut de DPS des deux hommes. L’année suivante, ses dix membres n'avaient pas réussi à trancher mais le représentant du ministre de l’Intérieur y était favorable. En 2020, 8 voix sur 10 s'étaient prononcées pour la levée du statut. L'an passé, cette commission locale n'était pas parvenue à se réunir pour statuer sur le cas de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi et le premier ministre avait tranché négativement. Cette valse des décisions apparaît incohérente si on ne considère pas la volonté de l’état d’imprimer son diktat année après année.

Les mauvais signes s’accumulent


Le préfet Lelarge a tenu avant de quitter la Corse à ponctionner le budget régional des intérêts du dédommagement dû à la Corsica ferries alors qu’il aurait pu faire l’objet d’un arrangement avec la compagnie plaignante pour ce qui concerne un échéancier. Il est inimaginable qu’il ait agi sans en référer à son ministre de tutelle. En même temps, il a décidé de priver l’hebdomadaire Arritti de la publication des annonces légales, lui retirant ainsi une vingtaine de milliers d’euros de son budget.
C’est minable, c’est terriblement mesquin mais ça en dit long sur l’état d’esprit de ce haut fonctionnaire. Son remplaçant, Amaury de Saint-Quentin est un homme marqué à droite, très à droite. Originaire d’une famille de colons calédoniens il a exercé à plusieurs reprises, dans les années 1990, des fonctions dans les cabinets de Jacques Toubon à la mairie du 13e arrondissement de Paris, d’Édouard Balladur à Matignon ou de Jean de Boishue à l’enseignement supérieur. Avant de s’engager dans la vie politique dans l’Orne, où il fut un temps vice-président du conseil général. Chef de cabinet du secrétariat général de l’ex-Rassemblement pour la République, il est le trésorier de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 2002 et contribue à la création de l’Union pour un mouvement populaire au côté d’un certain Édouard Philippe, avec qui il a conservé des liens. Il deviendra ensuite conseiller de Michèle Alliot-Marie au ministère de la défense puis à l’intérieur, avant de devenir directeur de l’agence régionale de santé de Haute-Normandie. En 2017, il avait été récompensé pour ses services en étant nommé préfet de la Réunion, puis dans le Val-d’Oise en 2019. Il sera la fidèle voix de son maître.

Un contexte difficile


En politique, on n’est jamais sûr de rien. Mais pour l’instant, le fléchage des mois à venir indique une reprise en main de la Corse si tant est que cette mainmise ait un jour cesser.
Désormais seule la mobilisation de rue peut obtenir le rapprochement de Ferrandi et d’Alessandri mais pas à la façon dont l’exécutif a récemment agi. Il faut que ça se passe dans l’unité et que la démonstration soit réussie. Sinon autant ne rien faire. Et cette mobilisation doit impérativement passer par la société civile corse sans a priori idéologique, faire appel à tous ceux qui en France sont révoltés par cette cruauté qui s’applique également aux Basques et dépasser la campagne initiée par les parlementaires.
Et pourquoi ne pas déclencher une campagne internationale ? Car il est évident que dans le contexte actuel dominé par la campagne électorale et le drame ukrainien, il faut que nos voix soient objectives et fortes.

GXC
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