• Le doyen de la presse Européenne

Ce monde angoissé sent la guerre

On ne peut plus parler de la crise mais des crises.

Ce monde angoissé sent la guerre

On ne peut plus parler de la crise mais des crises. Elles se sont formées parfois dans le secret et apparaissent aujourd’hui comme des tempêtes qui se rapprochent pour ne plus en former qu’une. Notre monde angoissé sent la mort et la guerre.

Une victoire militaire mais une défaite morale


Qui aurait dit il y a un mois que jamais l’Europe n’aura été aussi proche d’un conflit généralisé et hautement destructeur. Car nous approchons d’un de ces moments où, à cause de l’arme nucléaire, plus rien ne sera maîtrisable. Nous avons pensé que parce que l’Europe existait et que la dissuasion nucléaire existait, notre continent serait épargné par la guerre. Nous nous réjouissions de ce que pour la première fois depuis des millénaires, nous n’avions pas connu de ces conflits qui avaient ensanglanté notre continent tous les trente ans. Un par génération… Poutine et ses folies de grandeur viennent de mettre un terme à cette espérance.
La première victime est bien évidemment le peuple ukrainien qui n’a cessé de souffrir depuis des siècles. Conquis par la Pologne puis par la Russie impériale, déchiré lors de la révolution de 17, affamé par Staline, ravagé par les hordes nazies, voilà à nouveau ce territoire soumis à la loi des bombes et de la soldatesque. L’armée russe, comme hier les hitlériens, fait payer un prix maximum à ce peuple de résistants. Il ne fait aucun doute que la tyrannie va l’emporter militairement. Mais la Russie a déjà perdu au regard de l’histoire. Et pourtant nous autres qui vivons en paix devons nous poser une question : n’avons-nous pas fait preuve, à nouveau d’un esprit munichois quand la Russie annexait la Crimée et déclenchait une guerre dans le Donbass ?

Où s’arrêtera Poutine ?


La Seconde guerre mondiale a pris fin avec la défaite de l’Allemagne nazie mais aussi avec le partage du monde à Yalta. D’une façon peu morale, les deux géants, à savoir les États-Unis et l’URSS ont divisé le monde en deux parties. À l’ouest le domaine américain, à l’est le glacis soviétique. Et tant pis pour les peuples soumis d’un côté à des dictatures soutenues par l’oncle Sam et de l’autre à des nations écrasées par la botte stalinienne. Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, des philosophes peu inspirés ont parlé de la fin de l’histoire. Puisque le bilatéralisme n’existait plus, la guerre n’était plus pensable. C’était oublier que les peuples portent en eux une dynamique qui se moque des idéologies.
La Russie, la Chine, les États-Unis n’ont jamais cessé de vouloir construire ou reconstruire leurs empires. Et ce désir d’expansion porte en lui la guerre comme les nuées apportent l’orage. Poutine a lancé une machine infernale dont il n’est même pas le maître mais l’esclave. Après l’Ukraine, il prétextera que les pays baltes le menacent, et la Moldavie et la Roumanie. Ensuite il s’en prendra à la Pologne, à la Slovaquie et à la Hongrie. Comme le scorpion qui piqua la tortue qui le menait au Pirée, c’est dans sa nature.

Alors que faire ?


L’arme atomique a changé la donne belliciste. Hier des armées s’affrontaient. Des hommes mourraient par millions mais, au bout du bout, il restait un vainqueur. En cas de conflit nucléaire, ça sera le Vivant qui périra. Les radiations tueront à petit feu les survivants. La dissuasion présuppose une forme de sagesse. On peut bluffer mais on sait que l’un des deux protagonistes cédera. L’arme atomique fausse les données. Il suffit d’appuyer sur un bouton pour vitrifier un pays.
Alors que faire ? Aujourd’hui l’humanité est arrivée au fond d’une impasse et personne ne possède la réponse à cette question. Laisser faire Poutine c’est assurément aller vers une catastrophe plus grande encore. La Chine envahira Taïwan précipitant le monde pacifique dans un conflit atroce. La guerre est toujours le produit de la peur : peur de ne pas anticiper un danger, peur de perdre. C’est aussi d’une certaine manière la fin de l’humanité. Mais renoncer à faire la guerre c’est renoncer à une forme d’humanité et accepter la loi du plus fort. Aujourd’hui les crises sont de tout ordre : crise climatique, crise énergétique, crise alimentaire, crise politique. Nous avons rendez-vous avec nous-mêmes et nous allons devoir trouver avec courage un chemin inédit sans oublier qu’en 40 les pacifistes se retrouvèrent massivement du côté de la collaboration.

GXC
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