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Mélechonnement

Pour son dernier tour de piste, Jean-Luc Mélenchon ne boude pas son plaisir
Mélenchonnemment

Pour son dernier tour de piste, Jean-Luc Mélenchon ne boude pas son plaisir. Il a la rancune tenace et la dent dure. Alors les flics en prennent pour leur grade. Qu’ils l’aient cueilli, pour cause de perquise, à 6h du matin sans les croissants, il n’a jamais pu l’avaler. Quant aux socialos, leur porter l’estocade lui ouvre l’appétit. A voir le PS ramer dans le potage il nage dans le bonheur.



“Est-ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne”.
Jean-Luchon vient au monde dans “la Perle du Détroit” à Tanger. Trois de ses grands-parents sont espagnols, il a aussi une grand-mère sicilienne. La génétique bouillante et le groupe sanguin en feu vont, des années plus tard, allumer ses fameuses colères froides.
Rien ne destinait l’enfant de cœur qui servait la messe en latin, à devenir l’autocrate “du bruit et de la fureur”.

“Qu’il est loin mon pays, qu’il est loin”
. En Mai 68, Merluchon est lycéen dans le Jura. Le sacre du Printemps exhale l’âcreté des lacrymogènes. Les narines de l’adolescent, initiées aux arômes de cannelle et d’orange amère, virent au rouge écarlate. Alors il s’énerve et prend la tête du mouvement lycéen. Dans la foulée il intègre l'UNEF et l’OCI. D’obédience Lambertiste, le Méchon, désormais trotskiste, ne desserrera plus jamais les mâchoires.

“Mon cartable est bourré de coups de poings”
. Dressé à l’entrisme il investit le PS, le Grand Orient et le Sénat. Au Palais du Luxembourg il enfile son costume de sénateur en laissant ses gants de boxe au vestiaire. Par contre au PS, il lâche les chevaux et distribue des volées de bois vert. Vif comme l’air du massif Jurassien, il passe d’un courant à l’autre, enchaine les motions et s’agite à l’ombre des éléphants. Hélas tous ses calculs se heurtent à l’agilité intellectuelle d’un petit gros, champion en titre de la synthèse molle, François Hollande. Le patron du Parti incarne tout ce que Luchon déteste. Lui, façonne des convictions franches et acérées, pendant que l’autre arrondit les angles. Quand il vitupère et fulmine, Hollande entame une danse du ventre à rendre dingue le taureau andalou. Il multiplie les défaites en chevauchant toujours l’éléphant perdant. Pendant qu’Hollande enchaine les succès. Roulé dans la farine à la sauce hollandaise, son échec du Congrès de Brest scellera sa haine pour l’éternité. Les nerfs en pelote il finit par jeter l’éponge.

“Parfois au fond de moi se ranime...”
Sans le bracelet socialiste à la cheville, il se dégourdit les jambes à la gauche de la gauche et monte sa première entreprise en créant le Parti de Gauche. La Présidentielle de 2012 en ligne de mire, il s’acoquine avec les cocos. Le Front de Gauche est né. Sa candidature en poche, il part en tournée et multiplie les dates, c’est l’avènement du stand-up politique. Son talent hors normes éclabousse la campagne. Il déroule sur scène une partition enflammée qui va séduire près de 12% des électeurs. Ironie de l’histoire, il appelle à faire battre Sarko sans jamais citer le nom du petit gros. Hollande emménage à l’Elysée. Le cauchemar s’installe durablement dans sa tête.

“On se traite de con à peine qu’on se traite”
. Après la fête et le blues, Michalon les met sur la table et part affronter Marine le Pen dans son fief aviné du Pôle Nord. Il se ramasse mais se rassure en constatant que le hollandais gère le pays comme il gérait la boutique. Il comprend vite que l’insipide Ayrault ne tiendra pas la baraque à frites, et se délecte devant l’émergence des frondeurs et l’agonie pluvieuse du Président. A la veille de la présidentielle il fait dans le surmesure en créant la France Insoumise. Un équipage soumis à la pensée unique du capitaine. Délivré de son obsession pour le batave, il entame une campagne flamboyante, où ses qualités de showman déchaine les passions. Il attire dans les urnes sept millions d’électeurs et échoue d’un souffle au second tour. La dépression s’empare de la carcasse, son tempérament caractériel prend le dessus sur sa raison. Sans contradiction à l’interne, il ne parle plus il mord, insulte et menace. Et dilapide le cash accumulé pendant dix années.

Pour sa tournée d’adieu Jean-Luc Mélenchon retrouve ses couleurs de matador et, du centre de l’arène, décoche des banderilles trempées dans l’acide. La médiocrité de la concurrence et sa voracité à capter la lumière mettent de nouveau en évidence ses qualités de cabot bipolaire. Sa carrière est truffée de contradictions. Mitterrandolâtre à en perdre la vue, il œuvre pour que Rocard s’empare du PS. Il milite pour le Oui au traité de Maastricht et devient, dans la foulée, le champion du souverainisme de gauche. Adroit et honnête, il reconnait son erreur originelle. Laîcard obsessionnel pendant sa période socialo, il s’ensable, la créolité en bandoulière, dans les dunes du désert de l’islam.

De Tanger à Paris ce looser céleste et lunaire aura marqué son temps et les esprits. Mais le moment est presque venu de tourner la page et de refermer le livre. Celui qui fut dessinateur journaliste à la Dépêche du Jura doit se résoudre à ne pas devenir la caricature de sa caricature.

.Sgaiuffu
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