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Dangereuse apathie démocratique

L'élection présidsentielle fait moins recette que ... Les Visiteurs.

Dangereuse apathie démocratique

L’élection présidentielle fait moins recette que… Les Visiteurs. C’est la leçon qu’il faut tirer de la grille des programmes télévisuels. Les paris vont bon train davantage sur le nombre d’abstentionnistes que des résultats pour les candidats. On dit l’élection pliée, avec une réélection de Macron. Une chose est sûre, les élections ennuient, indiffèrent ou ne sont plus comprises.


Électeurs en berne

Selon les études préélectorales, seuls 6 Français sur 7 disent s’être intéressés à la campagne. L’indifférence est pire que la colère dans une démocratie. Globalement les Français ne croient plus à la politique. Les sentiments par rapport à l’offre politique sont assez négatifs. Même le grand favori Emmanuel Macron suscite d’abord de la colère, du dégout et de la honte. Les personnels les moins exposés – Yannick Jadot ou Anne Hidalgo – provoquent quant à eux plutôt de l’indifférence… On observe une incapacité du personnel politique à générer une forme d’émotion majoritairement positive dans l’opinion. Rien ne semble faire ressortir l’esprit national, le collectif. Seules ressortent les fractures sociales avec des discours fatalistes. La sortie de crise n’est pas au programme. Heureusement que les audiences ne font pas l’élection, pas plus que les sondages ou la jauge des meetings. Seul le scrutin compte.

Le sens du vote

Les appels à voter utile ne datent pas d’aujourd’hui. Si l’on regarde l’histoire politique, à la présidentielle de 1965, le parti communiste s’était rangé dès le premier tour derrière la candidature de François Mitterrand pour affaiblir le général de Gaulle. Cela avait fonctionné. Aujourd’hui, les élections sont quasi pilotées par les instituts de sondage qui orientent les votes, au moins ceux des indécis. À ce jeu, les candidats de la gauche ont toutes les chances de ne pas être au deuxième tour. D’autant que l’abstention promet de battre des records. Selon les derniers sondages, seuls 67 % des Français se disent « tout à fait certains » d’aller voter. 53 % des 18-24 ans contre 80 % des plus de 70 ans – l’écart est de 27 points aujourd’hui contre 17 en 2017. En Corse déjà en 2017, 35,98 % des inscrits sur les listes insulaires ne s’étaient pas déplacés dans les bureaux de vote. La campagne ayant été éclipsée d’abord par la COVID19, puis par la guerre en Ukraine.

Et en Corse, l’abstentionnisme s’expliquera aussi par le contexte insulaire et les relations entre l’État et les élus. Dans peu de jours, on verra si les urnes ont donné raison aux pronostics. Les derniers sondages dans l’île donnaient au premier tour, 23 % d’intention de vote pour Marine Le Pen devant Emmanuel Macron (20 %), et Valérie Pécresse (18 %), tous les trois dans un mouchoir de poche, suivi par Éric Zemmour (13 %) qui arrive en 4e position. La gauche reste loin derrière réunissant à peine 20 % d’intention de vote sur l’ensemble de ses candidats. Quant au nombre d’abstentionnistes, cela dépendra, l’élection présidentielle restant l’élection la plus disputée, celle qui mobilise le plus les électeurs. Malgré un calendrier très peu favorable, les non inscrits sur les listes électorales ne constituent plus que 5 % de la population en âge de voter.

Tout un symbole

L’abstention se définit négativement. C’est le non-comportement d’un citoyen qui ne se déplace pas pour voter, alors qu’il est invité à le faire par le système politique. La montée de l’abstention s’explique aussi par la montée de l’individualisation, corolairement à la perte des valeurs et des grandes idéologies. De moins en moins de personnes sont politisées. La volatilité électorale est aussi forte que la participation électorale. Chacun veut faire ses propres choix.
Seules les générations âgées partagent la culture du devoir citoyen et votent par principe, même lorsqu’ils ne savent pas identifier un bon candidat. Alors que les jeunes générations ne se déplacent au bureau de vote que si elles veulent faire prévaloir une tendance plutôt qu’une autre, en fonction de leur réflexion. Mais en ces temps tourmentés, la participation n’est pas acquise, car les citoyens ne voient pas les enjeux d’un match plié d’avance, et ne ressentent pas nécessairement le besoin de montrer leur attachement à la démocratie, d’autant que le jeu politique est opaque et manque de perspective. Les urnes vont parler.

Maria Mariana
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