• Le doyen de la presse Européenne

Présidentielles : rien de bien nouveau !

Le résultat du premier tour du scrutin présidentiel n'a apporté aucune vraie surprise.

Présidentielles : rien de bien nouveau !



Le résultat du premier tour du scrutin présidentiel n’a apporté aucune vraie surprise. Dans l’Hexagone, il confirmé le déclin de Les Républicains et du Parti Socialiste, l’intégrisme idéologique et l’incapacité de s’adapter d’Europe Ecologie Les Verts, la marginalisation du Parti Communiste, la marche en avant d’Emmanuel Macron, l’ancrage du Rassemblement National et l’affirmation de la France Insoumise. Chez nous, il a rappelé aux dirigeants de la mouvance nationaliste que les enjeux « français » restent essentiels pour la plupart des électeurs de l’île.

Dans l’Hexagone, Valérie Pécresse et Anne Hidalgo ont respectivement fait quatre fois et trois fois moins bien que François Fillon (moins de 5% contre 20%) et Benoît Hamon (moins de 2% contre un peu plus de 6%). Il pourra certes être reproché à ces deux candidates de n’avoir pas « impacté ». Mais la raison majeure de leur déroute est qu’elles ont toute deux été victimes de partis à l’implantation militante devenue ectoplasmique, de défections de nombreux élus de leur camp et surtout de la récupération et l’adaptation des messages de centre-droit de l‘une et libéral-social-bobo de l’autre par la « jambe droite » et la « jambe gauche » d’Emmanuel Macron.
Yannick Jadot qui ambitionnait de qualifier pour la première fois Europe Ecologie les Verts au second tour, n’a même pas obtenu un score permettant le remboursement des frais de campagne. Il a atteint un peu mois de 5%. Sa déconfiture et sans doute aussi sa métamorphose - il est apparu éteint alors qu’il avait « impacté » en tant que tête de liste de son parti aux élections européennes de 2019 - ont sans doute été en grande partie causées par les messages intégristes à la fois hors-sol et / ou provocateurs de Sandrine Rousseau et de certains élus verts, ainsi que par la non prise en compte que la nouvelle donne énergétique et alimentaire imposée par la guerre en Ukraine, faisait passer aux second plan des problématiques telles que l’urgence climatique ou les effets pervers du productivisme agricole.
Quant à Fabien Roussel (un peu plus que 2%), il n’a guère fait mieux que Marie-Georges Buffet en 2007 (un peu moins que 2%). Il a «impacté » mais il n’a pas « scoré ». Il n’a pas réussi à sortir le pari de la faucille et du marteau de la spirale marginalisante où l’on plongé la faillite du système qu’il incarnait et la ringardise du message qu’il portait.

Macron porté par la France des nantis et de ceux qui « vint bien »

Dans l’Hexagone également, Emmanuel Macron a poursuivi sa marche en avant. Il a progressé de 4 points (près de 28 % contre 24 % en 2017) en faisant siens les langages et les codes de son époque et en associant dans ses actions de Président de la République sortant et ses messages de candidat, et ce, avec bonheur et bénéfice, les aspirations des publics du centre droit et du libéral-social-bobo. Cette démarche « En même temps » lui a en effet d’une part apporté un vote massif d’électeurs conservateurs ou libéraux bénéficiant de la rente de la terre et de la pierre, des profits en bourse ou de du carpe diem assuré par de confortables retraites ; et d’autre part lui a valu les suffrages d’électeurs se disant volontiers à la fois libéraux, progressistes et modernes et appartenant à la « France qui va bien » de par leur maîtrise du numérique, de l’économie verte ou de l’entreprenariat dans de rentables activités de niche. Marine Le Pen a démontré la pertinence d’avoir en partie rompu avec l’héritage politique paternel. En progressant de deux points (23% contre 21% en 2017) et en accédant pour la deuxième fois au second tour,elle a en effet démontré que la « dédiabolisation » permettait au Rassemblement National de résister à des déboires électoraux (scores médiocres aux dernières élections municipales et régionales) et à des mises en cause judiciaires, d’ancrer dans le paysage politique une droite populaire, de supplanter les droites conservatrice et libérales, et aussi de ne pas être déstabilisé par une concurrence (Eric Zemmour) et des défections (y compris douloureuses telles que celles de Marion Maréchal).
Quant à Jean Luc-Mélenchon, bien qu’il n’ait pas réussi à accéder au second tour malgré un score élevé et une progression de plus de deux points (22% contre 19,5% en 2017), il a affirmé le leadership de la France Insoumise sur le reste de la gauche. Cette victoire dans son camp, acquise avec des messages se référant aussi bien à la lutte des classes qu’à l’urgence climatique, avec des cadres et un électorat jeunes de la France qui travaille et/ou qui souffre, et aussi avec l’apport de nombreux suffrages de citoyens issus de l’immigration et des « confettis » de ce qui fut l’Empire colonial français, apparaît pouvant être fondatrice d’une gauche nouvelle d’alternative et non plus d’alternance, et étant en capacité de conserver et faire fructifier l’avantage pris sur les autres composantes de la gauche et aussi sur Europe Ecologie Les Verts.

Le Pen en pôle position chez nous

Chez nous, avec les faible scores de Valérie Pécresse et Anne Hidalgo, le déclin de Les Républicains et du Parti Socialiste a aussi pu être constaté. Eric Jadot n’a pas réussi à percer bien que disposant de l’appui d’un « compagnon de route » eurodéputé (François Alfonsi) appartenant à la majorité siméoniste à l’Assemblée de Corse. Le Parti Communiste est resté dans les eaux basses. Emmanuel Macron (18,11%) et Jean Luc Melenchon (13,37%) ont progressé et pris la deuxième et la troisième place. Aucune réelle surprise sinon… le score de 42% ayant résulté de l’addition des voix de Marine Le Pen et Eric Zemmour. Le vote massif en faveur des deux candidats a permis à Marine Le Pen de confirmer son bon résultat de 2017 (27,88 %,). Elle a capté 28,58 % des suffrages exprimés, soit cinq points de plus qu’au niveau national, et distancé Emmanuel Macron de plus de 10 points. Elle été en première position et a réalisé des scores importants dans la plupart des principales communes, et ce, aussi bien dans celles ayant un maire nationaliste que dans celles ayant un maire de droite, de gauche ou macronien : 30,56% à Ajaccio, 39,9 % à Biguglia, 27,92 % à Porto-Vecchio, 35,59% à Furiani, 30,67% à Borgo, 23,65% à Corte, 30,99% à Calvi, 29,3 % à Bastia, 30,12% à Bonifacio...
Au vu des résultats de l’ensemble des candidats ou des tendances observées, il est difficile de considérer que les électeurs n’ont pas été sensibles au « enjeux français ». D’autant plus que le taux d’abstention ayant augmenté dans l’Hexagone, il est difficile de considérer que la hausse de ce taux constatée à à l’échelle de l’île, est explicable par un fort impact des appels au boycott des urnes qu’avait lancé Core in Fronte et Corsica Libera.



Pierre Corsi


Partager :