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Sébastien Rossi, entre lait et viande

Chez les Rossi, on élève des ovins et des caprins depuis trois générations. « Il y avait mon grand-père, puis mon père. Et avec mon frère, on a repris la suite », explique Sébastien Rossi, qui veille sur un cheptel de 1.700 bêtes.
Installée en Casinca, sa grosse exploitation, nommée Gaec de Vignale, a pour « principale activité la production de lait de brebis ». « On vend notre lait à la Fromagère corse qui le transforme en fromage. » Mais depuis quelque temps, les Rossi ont décidé de se diversifier : « À l’origine, notre métier était le lait, pas la viande. Cependant, on avait un gros souci sur la commercialisation des agneaux de lait. Ces derniers ont complètement disparu du marché, même chez nous en Corse. Au niveau de la trésorerie, c’était donc un manque à gagner énorme. On a donc essayé de reconquérir le marché, de remettre en avant cet excellent produit. En revanche, il a fallu recommencer de zéro. »

Et la tâche était loin d’être aisée, tant au niveau des normes que des infrastructures. « L’agneau était vendu en carcasses, poursuit l’éleveur casincais. On s’est donc aperçu qu’il fallait s’adapter aux consommateurs. De plus, chez nous, les abattoirs multi-espèces ne sont pas forcément bien adaptés pour travailler cette viande très jeune et délicate. L’agneau est abattu à 40 jours et n’a tété que le lait de sa mère. D’où sa fragilité... »

Cependant, des axes d’amélioration existent. Entre concertation et élaboration d’un cahier des charges adéquat entre les éleveurs, la filière cherche à gagner en qualité. « On travaille aussi beaucoup sur la certification IGP. On va bientôt déposer le dossier final. » Un autre projet, autour d’un pôle viande, est également dans les tuyaux. « Il comprend une structure d’abattage et toutes les structures de découpe, de surgélation et de commercialisation d’un produit. Ce projet va aboutir très bientôt. On y travaille fortement. On a notamment l’appui de l’Odarc, d’Interbev (association interprofessionnelle du bétail et des viandes), d’autres éleveurs corses et des services de l’Etat. »

En attendant, Sébastien Rossi profite du Salon de l’Agriculture pour présenter ses premières pièces de viande, regroupées sous l’appellation A muvrella. « On a créé la marque il y a 2 ans mais c’est la première fois qu’on la présente. L’idée est de représenter l’agneau mais également de valoriser nos animaux de réforme qui sont aussi d’excellents produits. Dès qu’on aura atteint la qualité voulue, on va essayer de répandre la marque dans le commerce. Cela concernera d’abord certaines découpes comme les gigots et les épaules où on arrive à avoir un produit qui tient la route. On va aussi promouvoir la saucisse d’agneau. Apparemment, les gens adorent. Les retours sont bons. »

Une bonne nouvelle pour le Gaec de Vignale que les trois générations de Rossi ont su structurer, tout en s’adaptant aux contraintes d’un milieu de plus en plus exigeant au quotidien. Ce qui n’effraie pas Mickaël, le fils de Sébastien, en passe de rejoindre l’élevage familial. « Il a 28 ans, a fait les études pour et est en train de faire son dossier d’installation. Il y aura donc sûrement une quatrième génération. » Et de l’aveu du papa, « il reste encore beaucoup à faire… »


Les chiffres de la filière

Agneaux de lait
60.849 têtes
405 tonnes équivalent-carcasse

Cabris
26.429 têtes
172 tonnes équivalent-carcasse

Travaux en cours sur ces deux produits en vue d'une certification IGP sous l'appellation "IGP Agneau de Lait Corse-Agnellu di Corsica" et "IGP Cabri de Corse"

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