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Les incendiaires au service de l'extrême- droite

Selon les scores obtenus, l'avenir de la Corse peut être très différent.

Les incendiaires au service de l’extrême-droite


À l’heure où cet article est écrit, je ne connais pas les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Mais il ne faut pas être un grand voyant pour prédire un duel Macron-Le Pen. Le second tour au fil des semaines est devenu de plus en plus problématique pour le président sortant. Il n’est plus du tout exclu que Marie Le Pen l’emporte. Selon le ou la vainqueur, selon les scores obtenus puis celui des législatives, l’avenir de la Corse peut être très différent. À charge pour les élus de réfléchir aux différentes options et à faire preuve d’intelligence.

Une tragédie sans cesse renouvelée


La Corse et la France marchent de conserve. Gilles Simeoni et le mouvement nationaliste avaient bénéficié du même phénomène de renouvellement que le mouvement d’Emmanuel Macron sur le continent. Le monde ancien a été ici balayé par une vague de fond qui a permis aux nationalistes de saluer “un tournant historique”. Or justement l’histoire de notre île nous enseigne qu’ici rien n’est jamais permanent. Les vainqueurs d’aujourd’hui peuvent être les défaits de demain. U partitonu devient souvent u contra partitu.

Racistes et ethnicistes : le visage du nouveau fascisme corse


Les nationalistes modernes devraient méditer la leçon lorsqu’on constate les excès de ces quelques émeutiers pompeusement qualifiés de “jeunesse corse”. “Interdit aux chiens et aux Français”, l’indémodable IFF, “Arabi fora” “la Valise ou le cercueil” “Collabos” voilà ce qu’on a pu lire sur les murs de Bastia et d’Ajaccio après la déferlante de nos Blacks Blocks insulaires. Il est exact que les mouvements nationalistes ont condamné quelque temps après. Mais ils ont été des apprentis sorciers, les manipulateurs d’un monstre qui leur a échappé. Ils sont en ce sont responsables de ces excès. Pourquoi demanderait-on au monde musulman de condamner leur frange islamiste qui vient indéniablement de son sein et ne demanderait-on pas aux nationalistes de mettre au ban de leur société ces salopards racistes ? Il s’est passé à Ajaccio et à Bastia un phénomène identitariste strictement similaire à celui des jeunes de banlieues qui hurlent dans les stades continentaux “Français de merde” et qui sifflent la Marseillaise.

Des lendemains qui déchantent


L’exécutif corse a montré dans ces jours tourmentés une incapacité alarmante à maîtriser la gestion politique des évènements. Gilles Simeoni a paru hésiter, se ranger du côté des radicaux, hésiter encore et en définitive ne rien faire qui aurait pu le conforter dans sa position de représentant légitime des Corses. Quant à ses lieutenants, ils ont tout simplement disparu de la circulation. Aussi grave, le recteur de Corse a également joué à l’homme muet et invisible alors même que collégiens et lycéens se trouvaient dans la rue.
Le préfet, jeune arrivé, s’est prudemment tu. On a eu l’impression durant quelques jours que le monde des adultes se terrait soudain terrifié par une infime minorité de la jeunesse qui se prenait pour les jeunesses en chemises noires à la recherche d’un ordre nouveau. Nos lendemains déchanteront si les adultes qui ont été élus par le peuple, si les représentants de l’administration légitime ne se reprennent pas.
Le maire d’Ajaccio a été traité de »collabo» parce qu’il a toujours affirmé son attachement à la Corse et à la France comme l’immense majorité des Corses. C’est inqualifiable. On a usé et abusé du terme de “paix” comme si nous nous trouvions en guerre. Or un collabo sous l’Occupation était exécuté. Est-ce cela que veulent ces fascistes ? Une guerre civile. Ironie de l’histoire, ce sont ceux qui se comportent comme les miliciens de la Collaboration qui confisquent ce terme. Il faut se reprendre, réamorcer le dialogue, mais être intransigeant envers ceux qui dépassent les limites.
On a joué avec le feu pendant quelques jours.
Le mouvement nationaliste devrait se rappeler qu’à de nombreuses reprises il a failli plonger et qu’il a fallu en chaque occasion que l’état commette d’énormes erreurs pour qu’il se remette en selle. Imaginons pour une fois un état intelligent et le mouvement nationaliste, bénéficiaire d’un désir de renouvellement, pourrait bien se retrouver lui aussi dans le grenier où l’on remise les vieux effets usés. Et que nos boutefeux imaginent les conséquences de leur inconséquence si un peu à cause d’eux Marine Le Pen l’emporte.

GXC
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