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Le pouvoir inaltérable et sacré de la mémoire

Tous les ans depuis sa disparition des feux étaient allumés dans toute l'île en mémoire du << Babbu >> enterré à Londres en 1807
LE POUVOIR INALTÉRABLE ET SACRÉ DE LA MÉMOIRE


Tous les ans depuis sa disparition des feux étaient allumés dans toute l’île en mémoire du « babbu » enterré à Londres en 1807. Le 4 septembre 1889 après 82 années d’exil le « Capo General » de la nation de 1755 à 1769 retrouvait enfin sa terre natale. Pour mémoire la constitution de Pascal Paoli plaçait la Corse sous la protection de la vierge Marie, accordait le droit de vote aux femmes, fixait le tarif des visites médicales pour éviter les abus, protégeait les personnes vulnérables, les pauvres… 1765 une des créations ultimes l’inauguration de l’Université de Corte avec 300 étudiants inscrits. 4 ans après, la conquête française y mettait un terme brutal. Elle ne rouvrira que 200 ans plus tard en 1981 après bien des luttes et des revendications.


La foule immense rassemblée autour de l’église Saint-François d’Assise à Morosaglia savourait cette 14ème
édition de « I Fochi Paoli » après deux longues années d’amertume et de frustrations. Ce rassemblement magique balayait tous les mois de la « peur » du lendemain. En Corse ce rendez-vous est incontournable, c’est une véritable communion on y vient de tout le pays. On ne regarde pas les âges et les opinions des uns et des autres, ça va même au-delà de la religion, quelle que soit la confession.

Autrefois les bénévoles étaient plus nombreux la fête durait deux jours, l
e nombre d’adhérents étant réduit à la portion congrue la disponibilité et « les bras » manquent. Et pourtant dieu sait que les soutiens font tout leur possible pour aider sans rechigner quelque soit la tâche, malheureusement à l’impossible nul n’est tenu il y a des limites. Qu’importe si l’on veut être dans l’esprit « Paoli » il faut positiver.
La pandémie aura au moins eu ce bon côté permettre à Claude et son équipe « L’Amichi di i fochi Paoli » de pouvoir organiser une rencontre culturelle de qualité. La messe nustrale chantée par le groupe mythique « Madricale e di san Damianu » célébrée par l’abbé Pinelli entouré de trois confréries, des concerts de groupes corses, le rire et les bons moments avec Hubert Tempête, la reconstitution historique des « I Naziunali », la présence des jeunes de « L’Archetti Bastiaccia », « L’Argetu » de Piedicroce et ses danses anciennes, adultes et enfants habillés par le fabricant de costumes d’époque « Spiritu Paolistu » d’Îsula Rossa…

Le village d’ordinaire calme et silencieux grouillait d’activité ça chantait partout, ça déambulait, les gens promenaient, les enfants leurs rires, leurs jeux ramenaient à une époque pas si lointaine où la population était nombreuse. Après la reconstitution historique les fidèles se sont rendus en procession sur la tombe de Pascal Paoli pour déposer une gerbe et ensuite sont allés se recueillir sur celle de l’abbé Mondoloni. Ne passons pas sous silence le spuntinu géant les grillades, les préparations culinaires maison. Tous avaient apporté quelque chose à partager que ce soit alimentaire ou spirituel suivant la formule de Pascal Paoli « l’entraide » avec seul bénéfice le partage sans limites. Les conversations portaient sur les disparus de la pandémie, la réfection de locaux telle l’église de Morosaglia, l’école, la poste maintenues combien de temps encore, l’état des routes, le manque d’eau, les déchets, l’enfouissement n’importe où n’importe comment pourvu que ça rapporte, le dérèglement climatique, la guerre en Ukraine, l’avenir tout ça autour du grand feu qui réchauffait car les soirées sont encore fraîches « là-haut ».

Pascal Paoli était un précurseur avec sa théorie du partage « d’une main lave l’autre » comme on dit parfois. Il a ouvert la voie à de nouvelles idées révolutionnaires pour l’époque qui sont encore d’actualité aujourd’hui. Bien des décennies avant Gandhi, Martin Luther king ou la banquière de l’espoir, celle qui prête aux exclus l’économiste polonaise Maria Nowak, Pascal Paoli avait tissé ce fil d’Ariane de la solidarité et de l’humanisme que peut-être certains d’entre eux ont dû suivre pour s’orienter au milieu des difficultés. Un bel hommage à celui qui fut l’âme de la Nation Corse en perpétuant encore et toujours « l’esprit Paoli » c’est-à-dire la convivialité et la générosité légendaire du peuple corse.


D. Campinchi


Association « l’Amichi di i fochi Paoli »
TEL. 0611497549 ou 0665651292
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