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L'Etat : un puzzle incohérent

Une décision stupide et inique .......

L’État : un puzzle incohérent


La Cour d’appel de Paris a infirmé la décision pourtant formulée par le tribunal d’application des peines antiterroriste (TAPAT) qui octroyait une semi-liberté à Alain Ferrandi. La justification est tout à fait hallucinante. Alain Ferrandi ne représente plus un trouble à l’ordre public, mais risquerait de devenir un symbole après les manifestations violentes survenues en Corse après l’assassinat d’Yvan Colonna. Cette décision particulièrement stupide et inique démontre surtout les incohérences d’un état en forme de puzzle.

Un procureur vindicatif


L’appel avait été généré par les réquisitions du procureur général de Paris, un magistrat théoriquement aux ordres du ministre de la Justice, l’ancien avocat d’Yvan Colonna. Mais ce qui frappe est l’argumentaire qui contredit celui du TAPAT. Pour accorder la semi-liberté, cet organisme avait déclaré : « Le trouble à l’ordre public que serait susceptible de causer cette libération conditionnelle ne saurait se confondre avec l’opinion publique même s’il est incontestable que M. Ferrandi peut représenter malgré lui un symbole politique pour certains (il ne peut se voir refuser un aménagement de peine au regard de cette hypothèse qui lui est extérieure, dès lors qu’il a à titre personnel évolué, critiqué son acte et profondément remis en cause la nature du combat qu’il a mené ». On ne saurait être plus clair. La cour d’appel reconnaît de son côté que « la persistance d’une dangerosité du condamné ou d’un risque de récidive… ne sont pas suffisamment établis et ne peuvent être raisonnablement soutenus. »
En d’autres termes, Ferrandi est tout à fait susceptible de connaître la semi-liberté. Mais ajoute la Cour d’appel fait état d’une note des services de renseignement qui signale « la résurgence de mouvements nationalistes à compter de 2019, avec l’apparition de plusieurs groupes clandestins, voire de commandos armés, (ces événements constituent la parfaite démonstration des craintes évoquées par la présente chambre dans l’arrêt du 9 janvier 2020 [la semi-liberté avait été alors refusée à Alain Ferrandi], dont la motivation paraît toujours pertinente, car ils ne révèlent pas seulement la colère et l’indignation des citoyens corses, mais ils révèlent aussi l’intensification et le durcissement d’un courant nationaliste justifiant des actions violentes pour arriver à ses fins ».

Une vendetta sans fin de l’État


Si on suit bien l’argumentaire de la Cour d’appel, l’affaire Ferrandi-Alessandri n’est plus un cas de justice qui elle juge des individus, mais d’une véritable vengeance d’état. Ferrandi et Alessandri restent en prison à cause d’évènements qui leur sont totalement extérieurs. Cela signifie que leur liberté n’est plus conditionnée par leur attitude ce qui avait été le cas pour lever le statut DPS, mais par les actes commis par des groupes de personnes qu’ils ne connaissent pas. Le TAPAT avait abordé la question sous cet angle. Il avait parlé d’évènements sporadiques sans aucun rapport avec la situation politique en Corse en 1998, lorsqu’avait été commis l’assassinat du préfet Erignac. Et il avait conclu : “La libération aujourd’hui de M. Alain Ferrandi ne la troublera pas davantage que celle des autres personnes condamnées dans cette affaire, puis libérées”. Cette décision est une honte pour la justice française et elle est une nouvelle démonstration de l’incohérence d’un État sans ligne politique à propos de la Corse.

Des discussions qui s’annoncent mal


La rencontre entre les élus corses aura lieu après les législatives ce qui est cohérent, car alors le gouvernement sera définitivement formé. Difficile d’être optimiste quand on constate la décision de justice rendue à l’encontre de Ferrandi et en bonne logique d’Alessandri. Si on ajoute à ce capharnaüm, l’impréparation des élus corses, leur cacophonie et le sentiment de tout mettre en vrac sur la table, il y a de quoi douter du résultat final. La dernière trouvaille est d’ajouter au cocktail revendicatif la question sociale. Le STC a demandé de participer aux discussions n’hésitant pas à exiger de l’état par ailleurs stigmatisé pour son interventionnisme de créer “un Smic Corse, la mise en place d’accords interprofessionnels, car les gens en ont besoin ou la diminution du prix de l’essence en l’absence de transports collectifs.” en d’autres termes de se substituer au combat social que les syndicats sont censés mener. L’autonomie d’accord, mais avec toujours plus d’État. Difficile à comprendre.

GXC
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