• Le doyen de la presse Européenne

La turista ( suite et fin )

Encore quelques heures à tenir.
La turista (suite et fin)

Encore quelques heures à tenir. La saison a été longue et pénible. Trois mois de canicule sous le signe des méduses. Ils n’ont parlé que de ça. Ils les voient partout. Sous l’eau, à vélo, dans l’assiette et au fond de leur poches.



L’année des méduses.
Vous vous baignez tranquille, à 7h du matin pour être vraiment seul et peinard. Le premier couillon du jour bonjour déboule. Il hurle : « Ya des méduses ? » Bien sûr plein. J’adore prendre des bains de méduses, ça tonifie la peau, les piqures ça réveille et la méduse en salade c’est délicieux. Ça c’est la réponse dans ma tête. En vrai, pour le premier de la journée la réponse est normale, un simple non. Au deuxième, je ne peux écrire ce que je me dis, mais je réponds un Non suffisamment convaincant pour que ne s’enclenche un dialogue. Le troisième a raison de ma résistance faiblarde. « Ouais y’en a plein. Elles attirent le grand requin blanc ces saloperies. Y ’en a deux qui tournent depuis 48h et hier y’a eu une attaque.
Faites gaffe. » Le type convoque la smala pour une réunion. Il y a des gamins et je regrette déjà d’être aussi con. L’hypothèse que je sois un idiot est certainement évoquée au cours du conseil de famille, mais dans le doute ils préfèrent s’ensabler en cherchant un éventuel aileron à l’horizon.


À bicyclette.

Le Tour de France leur monte direct au melon. Le peloton de croix en roue libre ne cesse de croitre. En Balagne les départementales grimpent comme le jasmin sur les murs de Tanger. Alors il y a les pros, avec des mollets comme des réacteurs d’A380, qui avalent les montées comme moi les glaces Milani, que l’on peut doubler sans faire un détour par la machja. Et il y a les autres. Impossibles à doubler. Ils agonisent les fesses vissées à une selle bouillante comme un pic à brochettes et godillent devant votre calandre. De virage en virage, vous devenez la voiture balai ou leur voiture d’assistance. Pas question de klaxonner, vous avez trop peur qu’ils sursautent et finissent sur votre pare-brise éclaté comme un frelon. Ya même des vieux, qui zigzaguent en plein cagnard, pressés d’en finir avec le rock’in chair, la clim, et la vie.

Le règlement intérieur
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Avec deux chiens, un de 100 kilos, l’autre de 50, la plage c’est entre 7h et 9h. Une plage déserte, 5 km de sable. Un couple de parachutistes s’approche. « Ils sont gentils vos chiens ? C’est pas pour moi, c’est ma femme qui a une peur panique des chiens. » Putain, celle-là la peur panique. Elle n'est pas un peu maso votre femme. 5 km sans présence humaine ou canine, et ils viennent se garer à côté des seuls chiens de la planète. Et puis il y a les autres. Mes préférés. Ceux qui débarquent avec le règlement intérieur de la copropriété ou de la piscine municipale. Et qui se pointent à 7h, direct sur vous, avec le péremptoire : « les chiens c’est en laisse, ou c’est pas. »
Ya du miel sur ma serviette ? Pourquoi dès qu’il y a un boulon, c’est pour moi.


Fifty-fifty.

Ils partagent tout. Maison, voiture, caddy, café. Et l’addition. Ils ont un ordinateur dans la tête. C’est coupé en deux, en trois, en quatre à la vitesse du son. Avec les virgules. S’ils partent en vacances à Oslo, ils reviennent tous avec un prix Nobel. Des génies de la calculette mais pas du pourboire. Zéro, coupé en 2 en 3 ou en rondelles c’est toujours 0.



Sgaiuffu
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