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Accepter la légitimité de la majorité régionale

L'invasion du siège de l'assemblée territoriale par des représentants des familles de détenus......

Accepter la légitimité de la majorité régionale



L'invasion du siège de l'assemblée territoriale par les représentants des familles de détenus et le vote unanime d'une motion dictée par ces derniers à nos élus pose un problème de fond : celui du respect de l'institution par les Corses alors même qu'on demande à l'État d'agir en ce sens lors des discussions entamées avec le ministre de l'Intérieur.


Un contenu juste, mais un moyen contre-productif


Gilles Simeoni est un président d'exécutif légitimement élu. On peut contester certaines de ses décisions, on peut ne pas l'aimer. Mais agir comme s'il était un ennemi et lui faire perdre son autorité alors que se sont ouvertes des discussions avec le pouvoir central est une erreur stratégique que les Corses risquons de tous payer. Il n'est pas question de contester le contenu de la demande principale adressée par les associations de soutien aux prisonniers concernant Alessandri et Ferrandi. Cette dramatique affaire n'a que trop duré.
Mais on peut se demander ce que cherchent en définitive les auteurs de l'intrusion dans la salle de l'assemblée. Pensent-ils réellement qu'une motion votée sous la contrainte va infléchir les décisions de la justice ? Il est même possible que dans le contexte actuel de conflit entre la magistrature et le pouvoir présidentiel cette action produise le contraire de l'effet escompté. Mais surtout, en s'imposant ainsi, ils délégitiment fondamentalement les élus de l'assemblée et l'institution elle-même. Qui sont-ils ces représentants qui ne savent pas se faire respecter par leurs propres partisans ? S'ils ont cédé là, leur parole n'aura que peu de poids dans le futur.

Une vision simpliste des pouvoirs


L'État a malheureusement réagi aux violences de rues perpétrées après la mort d'Yvan Colonna. La Corse est un un composant hautement explosif. La situation s'enflamme d'un coup puis tout semble revenir au calme jusqu'à la prochaine échéance. Le sort de Ferrandi et de Alessandri aurait dû être réglé il y a bien longtemps. Ils ont droit à des mesures que leur accorde le droit et seuls l'esprit de vengeance de certains corps de hauts fonctionnaires et les querelles entre pouvoirs internes expliquent cette procrastination désastreuse qui donne l'impression que l'impossible ne devient possible qu'à coups de cocktails molotov. Il est cependant exact que l'exécutif a le devoir de respecter la séparation des pouvoirs. S'il se risquait à ne pas agir dans ce sens, ses décisions seraient anticonstitutionnelles et frappées de nullité.

Agir pour que la situation évolue


J'ai la conviction intime que l'espérance autonomiste est désormais remisée aux oubliettes. La première raison est que les circonstances économiques mondiales ne s'y prêtent pas sauf à désirer une autonomie de façade qui verrait la Corse sans cesse tendre la main pour obtenir des rallonges budgétaires. Une telle situation rendrait le concept d'autonomie caduc et installerait une situation paradoxale profondément humiliante pour la Corse. De plus, au vu de l'absence de résultats des années passées sous mandat nationaliste, j'ai la conviction que nous ne sommes pas prêts à une telle échéance. Nous avons d'abord nos propres contradictions à résoudre.
Il est cependant essentiel que la discussion avec l'état se poursuive pour resserrer les boulons, savoir avec quels moyens nous allons pouvoir affronter les années à venir avec une électricité quatre fois plus coûteuse, ce qui va impacter tous nos secteurs d'activité à commencer par le transport essentiel pour une île. Mais pour discuter d'égal à égal, il faut des représentants qui parlent d'une même voix et non une bande de gamins capricieux qui se contredisent et se coupent la parole. C'est en quoi l'initiative des associations pour compréhensible qu'elle soit, elle est non seulement mal venue, mais aussi inefficace. Au passage, on peut se demander s'il est opportun de mélanger la semi-liberté de Ferrandi et de Alessandri, la question de l'inscription au fichier du terrorisme, les amendes à payer sachant que plus une demande est simple plus elle a de chances à aboutir. Pour l'heure, il n'existe pas de calendrier connu et l'important est de débloquer la situation et non de la radicaliser.

GXC
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