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Quand le vin est tiré

La production de vin en France est estimée en hausse dans la plupart des bassins viticoles.
D’après les différents bulletins agricoles, la production de vin en France est estimée en hausse dans la plupart des bassins viticoles. Une nouvelle fois, les vendanges sont précoces, avec parfois jusqu’à un mois d’avance. Cette précocité s’explique par un printemps à la seconde place des printemps les plus chauds depuis 100 ans. Le risque demeure la sécheresse de surface, qui fait baisser le rendement. Moins, pour mieux.


Millésime prometteur

Selon les premières estimations publiées début août par le ministère de l’Agriculture, « la récolte viticole 2020 serait supérieure de 6 à 8 % à celle de 2019 », soit entre 44,7 et 45,7 millions d’hectolitres (Mhl). En tempérant toutefois les enthousiasmes par les incertitudes qui demeurent sur les volumes qui seront produits en AOP dans certains bassins, en raison d’un marché économique dégradé par la crise du Covid-19. Et de la sécheresse, le manque d’eau limitant la maturité de la vigne. Mais si la chaleur pèse sur la quantité, les professionnels restent optimistes sur la qualité du millésime à venir. Car si la chaleur peut entraîner des problèmes de maturité du raisin, elle a l'avantage de forcer les vignes à enfoncer leurs racines plus profondément dans le sol, rendant ainsi le fruit bien meilleur.
`La production est prévue à la hausse, partout de l’Alsace à la Corse, y compris dans les régions où la pression mildiou est élevée, comme dans les Charentes, en Languedoc-Roussillon, dans le Sud-Est. La vigilance porte à présent sur l'arrivée d'un nouveau papillon prédateur la « pyrale des agrumes ». Cet insecte pond dans les grappes et les fait pourrir.

Précocité remarquable

La précocité record des vendanges n’est pas sans poser des problèmes aux professionnels pour qui l’accélération signifie de devoir suivre la nature et d’être très vigilant à ce que le raisin ne soit pas trop « cuit » par le soleil. Le raisin est arrivé plus tôt, car l’hiver a été très doux. La vigne a donc poussé très tôt, au mois de mars.
En raison du changement climatique, il n’est aujourd’hui plus nécessaire de pratiquer la chaptalisation (ajout de sucre pour augmenter le degré d'alcool dans le vin). D’après les professionnels du secteur, aujourd'hui, les récoltes sont terminées à la date où on les démarrait il y a 25 ans.
Dans les prochaines années, on peut très bien penser qu'elles pourraient même débuter fin juillet, voire être réalisées dans la nuit.

Vendanges et Covid-19

Les vendanges ont dû être organisées en instaurant un protocole Covid-19 dans les vignes pour bien veiller à la distanciation physique. Les saisonniers sont rarement 100 %locaux. Le manque de main d’œuvre reste un casse-tête, aggravé par les problèmes de transport, les vendangeurs venant surtout d’Italie. Entre la précocité des vendanges et la Covid-19, l’organisation des récoltes a été complexifiée. Chaque vendangeur est sensibilisé pour éviter la propagation du virus, même si le risque de contagion est moins important à l’extérieur : distanciation dans les rangs de vigne, gel hydro alcoolique en libre-service, matériel (panier et sécateur) unique par personne et désinfecté tous les matins…
En revanche, conserver l’aspect convivial des repas d’après-vendanges n’a pas été possible. Idem pour les hébergements, déjà difficiles hors crise sanitaire.

S’adapter ou disparaître

Le coronavirus a notamment eu des répercussions sur les ventes. On estime que le virus a imputé de 50 000 bouteilles sur la période de mars à mai, sur une production annuelle à 400 000 bouteilles. La production insulaire moyenne des cinq dernières années est de 370 000 hl soit une productivité moyenne à l’hectare de seulement 54 hl (40 en AOC et 65 en vins de pays).
La Corse est productrice de vin depuis l’antiquité. Aujourd’hui le vin est la première exportation insulaire en valeur et en volume. Le chiffre d’affaires de la filière est de 120 M€. La viticulture occupe 7 000 hectares, dont près de 3 000 en Appellation d’Origine contrôlée. Elle contribue à stabiliser plus de 1 500 emplois directs sur l’île. D’où l’intérêt de la filière de préserver les vignes et la fraicheur du vin.
Parmi les expérimentations envisagées pour ralentir la maturité du raisin, il y a l’ombrage, l’effeuillage de la vigne et l’hybridation pour obtenir du raisin qui murit moins vite et qui soit plus résistant, tout en préservant la qualité des cépages. S’adapter au climat est devenu un impératif, et vendanger en août deviendra la norme.

• Maria Mariana
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