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Une situation qui devient incontrôlable

Les différentes opérations de police menées par le parquet antiterroriste ont mis un coup de pied dans une fourmilière .......

Une situation qui devient incontrôlable


Les différentes opérations de police menée par le parquet antiterroriste ont mis un coup de pied dans une fourmilière dont les tenants et les aboutissants sont autrement plus compliqués que ne peuvent le laisser paraître les apparences journalistiques. Et il se pourrait bien qu'au bout de ce brouillard, le sang coule une fois encore comme tant de fois dans notre île.


Des attentats qui parlent


Il ne fait aucun doute désormais que l'entourage proche de Gilles Simeoni et de Femu a Corsica est visé par une campagne d'attentats qui ressemblent bien à des pressions mafieuses. Le 2 novembre au matin, un engin explosif inerte a été découvert devant le restaurant d'un élu de Femu situé roi de Rome à Ajaccio. Outre le fait que le gérant Hervé Vadrighi est un élu de Femu, il faut rapprocher cette tentative avortée (volontairement ou non) de l'incendie qui a frappé pour la troisième fois la concession automobile de Jean-André Miniconi dans la région ajaccienne. Le quotidien Le Monde avait relaté les pressions qui auraient été exercées à son encontre lors des municipales par Johann Carta, le président du Gazélec, réputé proche du Petit Bar et actuellement incarcéré. Il y a enfin l'incendie criminel de biens gérés par l'un des fils de Gilles Simeoni.
Mais le climat empoisonné ne s'arrête pas à ces actes crapuleux d'ailleurs dénoncés par Core in fronte et Femu. La gouvernance solitaire de Femu lui a valu l'hostilité désormais ouverte de Corsica libera et plus généralement des rangs indépendantistes. Cette mouvance s'est signalée lors des émeutes de Bastia et d'Ajaccio quand la jeunesse proche de Corsica Libera a été en pointe des combats de rue. Or qu'on le veuille ou non, c'est après ces graves incidents que le ministre Darmanin a commencé le dialogue avec les élus corses, dialogue interrompu après le refus d'un statut de semi-liberté pour Pierre Alessandri. Néanmoins, les discussions semblent avoir continué en coulisses ce qui a donné le sentiment aux autres forces nationalistes d'avoir été trompées. Voilà donc dessiné un paysage brouillé, quand voyoucratie et violence politique s'entremêlent, qui a toujours débouché sur des drames sanglants.

Un paysage dévasté


Depuis la naissance du FLNC toutes les décennies ont accouché en Corse de morts emblématiques. Certains assassinats ont durablement marqué leur période et ont eu de dramatiques conséquences. que toutes les décennies la Corse engendre des morts signifiantes : 1983 Guy Orsoni et ce qui en a suivi, une décennie d'assassinats de gendarmes, de policiers, de supposés barbouzes, de supposés trafiquants de drogue. 1993 : Sozzi et Muzy les prémisses de la guerre entre nationalistes et comme tentative de réunir les frères ennemis l'assassinat du préfet Erignac. 2000-2001 l'élimination d'Armata Corse et de ses dirigeants par la Brise de Mer avec la bienveillante neutralité des clandestins aboutissant au sacre de la Brise de Mer à Bastia et à l'éclosion du Petit Bar à Ajaccio. 2014 : les assassinats de proches de Paul Giacobbi (Donmachi et Leccia), de Chiappini etc. Nous voilà donc en ouverture de 2023. Il ne fait aucun doute que du désordre immense provoqué par l'échec (peut-être temporaire) des discussions avec l'État, de l'absence de « parrains » dans le milieu corse et donc d'une recomposition de la voyoucratie, du sentiment d'échec donné par la gouvernance insulaire. Or la Corse ne sort du désordre que par le sang.

Prévenir le mal


Il n'est de pires situations que celles qui peuvent engendrer des assassinats dont il sera impossible de déterminer l'origine : voyous, nationalistes, vengeance privée ? Nous connaissons tous une telle dramaturgie catastrophique. Aujourd'hui, disons-le sans hésiter : ce sont les dirigeants voire le dirigeant de Femu a Corsica qui sont en danger potentiel. Les protéger c'est d'abord reconnaître leur légitimité pleine et entière. Que leurs idées plaisent ou ne plaisent pas, ils ont été élus par le peuple corse, ce fameux peuple corse qu'on met à toutes les sauces. Toute atteinte à leurs personnes ou à leur entourage est une atteinte à notre propre démocratie, à notre propre liberté. Car il faut que nous soyons pleinement conscients qu'une situation de chaos sanglant profitera in fine à un système mafieux. La voyoucratie corse est en voie de recomposition. La DIRASCO a distingué 27 bandes dont certaines plus importantes que d'autres. Les petites bandes ont vocation à être éliminées ou à s'agréger aux plus importantes. Le milieu va traverser une période d'affrontements après l'accalmie actuelle causée par les arrestations. Mais après, les survivants vont se partager le gâteau corse avec une agressivité jusque-là inconnue. Et contre une telle offensive, seule la société corse mobilisée pourra faire front.

GXC
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