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Assemblé générale de Femu a Corsica : autonomie, autonomie, autonomie...

Le cap est tracé : travailler et mobiliser pour se frayer en 2023 un chemin vers l’autonomie de plein droit et de plein exercice.

Assemblé générale de Femu a Corsica : autonomie, autonomie, autonomie...


Le cap est tracé : travailler et mobiliser pour se frayer en 2023 un chemin vers l’autonomie de plein droit et de plein exercice.



Femu a Corsica a dernièrement tenu à Corti son assemblée générale annuelle. Sur les gradins de l'amphithéâtre Landry de l’Università di Corsica, cinq à six cents élus, adhérents et sympathisants étaient présents. Parmi eux, Christine Colonna et, bien sûr, les poids lourds du parti. Les anciens : Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, les députés du Cismonte Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva, le maire de Bastia Pierre Savelli. Les nouveaux, représentatifs de l’ouverture : Louis Pozzo di Borgo, président de la Communauté d’Agglomération de Bastia, Guy Armanet, maire de Santa-Maria, président de l'Office de l'environnement, Alex Vinciguerra, président de l’Agence de Développement Économique de la Corse. La teneur de cette assemblé générale a été marquée par deux dominantes :


L’évocation d’une situation dangereuse et l’affirmation de la conviction que 2023 sera une année-clé dans la démarche devant conduire à l’obtention de l’autonomie de plein droit et de plein exercice. Concernant la seconde dominante, les adhérents ont d’ailleurs voté à l'unanimité une résolution intitulée « Pour une solution politique globale » et entériné que les propositions relatives au contenu d’un projet autonomiste devront être présentées avant la fin de l’année, afin que tout soit prêt dans la perspective d’une révision constitutionnelle en 2024.
« Un document sortira en fin d'année pour présenter nos premières proposition » a promis François Martinetti, le secrétaire national du parti. Sans doute une réponse à Gérald Darmanin qui avait déclaré être prêt à discuter de l'autonomie pour peu que lui soit fait connaître ce qu’on entendait par là. Sans doute aussi une réponse aux opposants nationalistes qui reprochent à Gilles Simeoni et ses partisans l’absence de contenu de la revendication autonomiste. Sans doute également une reconnaissance implicite que les opposants ont plutôt raison et que pour mobiliser autour de l’autonomie et convaincre une majorité de Corses d’approuver une énième évolution institutionnelle, il conviendra de disposer d’un argumentaire étoffé.


Appel à la mobilisation pour l’autonomie


Dans son discours de politique générale, François Martinetti a donné le ton. Après avoir rappelé les épisodes douloureux de l’hiver de l’an passé et l’espoir suscité par l’amorce d’un dialogue avec le ministre de l’Intérieur, il a déploré la dégradation de la situation qui est intervenue durant le dernier trimestre.
Ce qui l’a conduit à regretter que les relations avec l'État soient quasiment au point mort depuis septembre dernier (en se gardant toutefois de faire porter la responsabilité à tous les décideurs parisiens) : « Nous affrontons des adversaires au sein de l'État. Certains font de l'assassinat du préfet Claude Érignac, il y a 25 ans, un fardeau que tout le peuple Corse aurait à porter. » Ce qui l’a aussi amené, notamment en évoquant l'assassinat d'Yvan Colonna (laissant ainsi entendre qu’il n’excluait pas l’hypothèse d’un acte sciemment provoqué) et « les dérives » qui « touchent aussi les entrepreneurs, les élus et les Corses de manière générale », à mettre en garde contre les provocations : « Le temps des poussettes serait-il de retour ? Les barbouzeries de l'État ne sont pas une vue de l'esprit. »
Le secrétaire national de Femu a Corsica a ensuite fait part de sa conviction que 2023 sera une charnière concernant les rapports avec l’État et l’évolution institutionnelle. En rappelant toutefois, peut-être particulièrement à destination des clandestins et des nationalistes leur exprimant leur solidarité politique, que le processus de paix est « la seule issue possible ».
En appelant l’assistance à la mobilisation pour convaincre en Corse et permettre à la Corse de peser à Paris : « Allez voir les gens ! Discutez ! Proposez ! Faites vivre le débat autour de l'autonomie ! » Les médias et l’assistance étaient cependant dans l’attente de la prise de parole de Gilles Simeoni. Elle a duré près d’une heure.
Aucun scoop ! Elle a essentiellement donné lieu à des précisions et des mises au point.


Paix et solution politique


Concernant le processus Darmanin, Gilles Simeoni a d’abord rappelé que la reprise publique des discussions (celles en coulisse n’ont apparemment pas cessé) dépendrait du devenir de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Anticipant une issue favorable - qui, si le bon sens prévaut, semble probable, et ce, malgré que les magistrats devront trancher quelques jours avant la date anniversaire du décès de Claude Erignac - il a ensuite confirmé les échéances évoquées par François Martinetti : « La seule fenêtre de calendrier possible pour une révision constitutionnelle, c’est entre juillet et décembre 2024, après les Jeux Olympiques.
J’ai demandé à l’État s’il avait la volonté de faire une révision constitutionnelle (…) L’État doit répondre. S’il dit oui, avant la fin 2023, il faudra avoir bouclé les discussions. » Le président du Conseil exécutif a par ailleurs fait trois mises au point. Gilles Simeoni a d’abord signifié à l’État que rien ne l’avait fait renoncer à la recherche d’une solution politique et pacifique et que cela ne changerait pas : « La paix ne s’obtient que par le dialogue, mais un dialogue orienté vers une solution politique.
Pendant sept ans, nos appels au dialogue n’ont rencontré que mépris, manœuvres et refus. Si l’État avait fait le choix du dialogue vrai, de la prise en compte du fait démocratique, du respect de la volonté des Corses et du suffrage universel, nous ne serions pas dans la situation inquiétante et délétère d’aujourd’hui. »
Gilles Simeoni a ensuite signifié aux opposants nationalistes qu’il traitait comme étant nul et non avenu le reproche de tourner le dos aux années de lutte et que sa personne et son parti restaient fidèles au passé militant et aux fondamentaux du nationalisme : « Cette fidélité est constitutive de ce que nous sommes. Personne ne peut imaginer un instant ou feindre d’imaginer, que nous puissions nous écarter, ne serait-ce que d’un pas, du chemin qui a été tracé par les espoirs, les engagements, les sacrifices de milliers de femmes et d’hommes avant nous. »
Enfin, Gilles Simeoni a signifié qu’il entendait ne pas se laisser intimider. Évoquant les menaces à son encontre et incendies volontaires contre les entreprises de son fils et d’adhérents de Femu a Corsica, il a lancé : « Notre force est celle du peuple. On n’est pas une équipe de voyous ! On n’est pas une bande armée ! Nous sommes des gens, des travailleurs. Nous n’irons pas là où nous ne nous voulons pas aller ! Personne ne va me prendre par l’oreille pour me dire ce que je dois faire ! »


Pierre Corsi
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