Papy -boom, a partir de quand est-on vieux ?

Papy-boom

Puisque le sujet de la retraite fixe une date limite pour travailler, on peut aussi se poser la question du « vieux ». À partir de quand est-on vieux ? D’autant qu’on est toujours le vieux de quelqu’un. Pour un ado, ses parents sont des vieux. Pour un quadra, les retraités sont vieux, pour un quinqua, la vieillesse c’est le 3^e âge. Plus on avance vers la fin, plus on relativise. La vieillesse ne se mesure pas au nombre de bougies soufflées. On peut être has been et être encore vert.

OK Boomer

Un nouveau mot est apparu : boomer. Cela désigne ceux qui faisaient partie du baby-boom de l’après-Seconde Guerre mondiale et qui ont aujourd’hui 70-80 ans. Ils sont ceux qui ont profité des Trente Glorieuses, ceux qui portent la responsabilité de tous les maux contemporains et qui ne comprennent rien aux revendications de la jeunesse. Si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire, un vieux est « dans la dernière période de sa vie ». Le sprint final en somme. On entend aussi qu’être vieux serait dans la tête, donc un état d’esprit, plus conservateur, plus plan-plan. On est surtout vieux dans le regard des autres. Selon le sondage Ipsos réalisé en 2019, les Français estiment qu’on est considéré comme « vieux » à partir de 69 ans (moyenne mondiale : 66 ans). 42 % des Français s’estiment heureux de vieillir pour ne plus avoir à travailler. Mais plus de 4 Français sur 5 sont pessimistes à l’idée de vieillir, avec la perte d’autonomie, de mobilité, de mémoire sur le podium des sujets d’inquiétude liés à la vieillesse. Les Français définissent avant tout les personnes âgées comme fragiles (42 %), solitaires (25 %) et traitées injustement (24 %). Paradoxalement, une étude de l’Insee établit le pic du bonheur entre 65 et 70 ans. Et selon certaines études en neuroscience, les personnes âgées de 80 ans seraient plus épanouies, car voyant la mort approcher, vivraient plus dans l’instant présent et auraient moins de choix difficiles à faire.

Senioritude

Dans le monde du travail, on n’est pas vieux, on est senior, et assez tôt, avec une employabilité en berne. D’après une étude de 2022, c'est à partir de 52,7 ans que l'on change de catégorie selon les actifs et chômeurs interrogés, et 49,6 du point de vue des recruteurs. C’est d’ailleurs l’un des enjeux cachés de cette réforme des retraites. Travailler plus vieux, pourquoi pas, à condition que les entreprises jouent aussi le jeu. D’après une étude de l’Observatoire des inégalités de 2007, l’âge en France est le premier facteur de discrimination à l’emploi. Dès 45 ans, les risques d’être rejeté comme candidat à l’embauche croissent considérablement. Alors qu’il faudra encore travailler 22 ans pour pouvoir prétendre partir à la retraite à taux plein. De quoi interroger la réforme en cours. Le taux d’emploi français des 55-64 ans, parmi les plus bas au monde, stagne à moins de 38 %, contre 44 % pour la moyenne de l’Union européenne en 2005. Après 60 ans, l’activité devient l’exception, puisque seulement 10 % des Français sont encore sur le marché du travail après cet âge. L’âge médian de sortie du marché du travail reste stabilisé à 58 ans depuis le début des années 2000, malgré la réforme des retraites de 2003. L’une des explications de ces comportements discriminants repose sur les habitudes prises dès la fin des années soixante-dix, face au vieillissement de la population et aux problèmes d’emploi. La France, au nom de la sauvegarde de l’emploi, avait choisi d’indemniser la sortie anticipée des seniors et avait multiplié les préretraites et les mesures d’âge. Aujourd’hui, il faudra faire machine arrière et inciter entreprises et salariés à adopter d’autres mentalités. Le chemin va être long, et semé d’embûches.

Inéluctable vieillissement

En 2030, 1 Français sur 3 aura plus de 60 ans. Le vieillissement de la population est une donnée surveillée et mesurée. Pour autant la transition démographique est un facteur difficile à prendre en compte. Un tiers de la population corse a plus de 60 ans et 11 % des habitants insulaires ont plus de 75 ans (contre 9,8 % pour la moyenne nationale). D’après les projections des différents instituts de statistiques, 1 500 centenaires pourraient vivre en Corse à l'horizon 2050. Difficile pour le territoire de se préparer à une telle proportion de quatrième âge. Et pourtant, l'île pourrait compter deux seniors pour un jeune. Ce déséquilibre de la pyramide des âges donne des ailes à la Silver Economy.

Maria Mariana