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Pour un référendum sur les retraites ... au nom de la démocratie

La volonté du peuple......

Pour un référendum sur les retraites… au nom de la démocratie


La démocratie est un régime bien étrange : des personnes sont élues pour une période donnée et censée représenter la volonté du peuple même quand le peuple est opposé à leurs décisions. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Le président de la République est confronté à un raz-de-marée de citoyens qui disent non à son projet concernant les retraites et lui prétend qu’au nom du peuple français il va le maintenir. Quand bien même, il arriverait à faire passer ce projet, la démocratie sortira diminuée de ce marché de dupes.


Un président girouette


En 2019, le président Macron affirmait urbi et orbi être opposé à l’augmentation de l’âge légal du départ à la retraite « au nom de la justice sociale ». Aujourd’hui, il affirme le contraire. Il y a quelques années, l’actuel ministre du travail, alors député socialiste, défendait avec une conviction contagieuse la retraite à 60 ans. Aujourd’hui, il dénonce ses convictions d’alors. Le Conseil d’orientation des retraites, hier traité comme une bible par la majorité macronienne, affirme que le régime des retraites n’est pas en danger. Le voilà snobé par la majorité actuelle. Car la vérité est que l’État — comme d’ailleurs la plupart des états — est en train de faire main basse sur les économies des citoyens. On pille le livre A, on détruit le système de santé et on fait croire que les citoyens en seraient responsables. Ils vivraient trop longtemps, dépenseraient trop et, nouvelle trouvaille des macronistes, ils ne travailleraient pas assez.
Les Français seraient réfractaires au travail. Mais la réalité c’est un gouvernement qui abaisse les charges des entreprises tout en augmentant celles des citoyens au nom de la rentabilité. Car désormais tout est mesuré à l’aune du profit. Quelle honte d’entendre les députés macroniens affirmer qu’augmenter l’âge de départ à la retraite va sauver les hôpitaux alors même que les présidences sarkozyste, hollandiste et macroniste n’ont eu de cesse de les démanteler ! Aujourd’hui par exemple en euro constant une infirmière gagne moins qu’il y a vingt ans. Et c’est sans intégrer l’inflation et l’augmentation des charges comme le coût de l’énergie. La majorité défend l’indéfendable prétendant que cette mesure était intégrée au programme présidentiel : 32e mesure s’il vous plaît. Ce niveau d’argumentation tient du foutage de gueule. D’ailleurs le président Macron expliquait benoîtement avoir été élu grâce à un vote anti Le Pen.
Quant à prétendre qu’ailleurs l’âge de la retraite a été relevé parfois jusqu’à 69 ans, la belle affaire en vérité. Après la guerre la France a été le seul pays a adopté le régime par répartition. Et c’est au nom de cette singularité qu’aujourd’hui les macronistes invoquent les modèles étrangers ? Eh bien qu’ils y aillent voir. La pauvreté du troisième âge a augmenté partout où l’âge a été relevé tout simplement parce que beaucoup partent avant en gagnant moins que le SMIC. Depuis quand il faudrait s’aligner sur les plus injustes et provoquer toujours plus de richesses ? Il faut croire que nos élus sont bien déconnectés des réalités sociales pour bêler en de pareilles bêtises.

Une majorité de moutons bêlants


Selon des sondages répétés, plus des trois quarts des Français seraient contre la réforme. Plus de la moitié justifierait le blocage du pays pour s’y opposer. Les députés macronistes défilent sur les plateaux télévisés pour bêler une argumentation si pauvre qu’elle ferait pitié à un misérable. Puisqu’ils ont été élus dans le sillage du président qui lui-même défendait la hausse de la retraite à 65 ans alors ils sont légitimes. Ainsi 263 députés seraient plus à même de définir l’avenir des Français que les Français eux-mêmes. Ils posséderaient la connaissance absolue du bien et du mal. Pourtant le terme démocratie est composé de demos le peuple et de kratos le pouvoir.
Or qui mieux que le peuple lui-même peut représenter le peuple ? Bien sûr, la majorité peut faire passer en force la loi : avec l’appoint d’une droite en complète décrépitude ou pire avec le 49-3. Dans ce dernier cas c’est confondre constitutionnalité et démocratie. Car autant dire qu’à la vitesse avec laquelle le gouvernement dégaine cet article de la Constitution, il n’y a plus besoin de Parlement.
Mais surtout qui pourra mesurer le poids du ressentiment qui en sortira ? Qui peut croire qu’on peut ainsi malmener le peuple sans un jour devoir le payer ?
En attendant, il existerait bien une sorte de jugement de Dieu : le référendum. Que le gouvernement qui se pique de démocratie ait le courage de porter la question devant le peuple et on verra le résultat.

GXC
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