Una bedda ghjurnata !
Quelle belle journée que ce 31 janvier 2023 !
>Una bedda ghjurnata !
Quelle belle journée que ce 31 janvier 2023 ! La justice a enfin compris que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi (on l’espère en toute cohérence) ne représentaient pas un danger pour l’ordre public. Pierre Alessandri va pouvoir goûter à une semi-liberté : travailler le jour, la prison le soir. Et puis il y a eu cette formidable mobilisation à Ajaccio et à Bastia. Les cortèges étaient joyeux, solidaires, confiants pour demander le retrait du projet de loi sur les retraites.
La semi-liberté c’est mieux que la privation de liberté
Pierre Alessandri va pouvoir recommencer à vivre normalement. Apprendre tout au moins. Quel long périple depuis son arrestation en 1999. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un crime puisse rester impuni. La société est basée sur un principe d’ordre qui exige que les transgressions à la loi soient payées d’une sanction. Et là, le crime était majeur et il était vain de penser que l’État, attaqué à la tête, n’allait pas réagir. Mais les conjurés de 1998 ont payé leur addition. Il convient maintenant de les laisser aborder la vie dans une quasi normalité. Il faudra tout de même qu’un jour on comprenne pourquoi cette décision tant attendue est diamétralement opposée à la précédente alors que les conditions sur le terrain n’ont pas évolué. La justice est versatile et de ce fait apparaît souvent comme injuste.
Mais goûtons notre plaisir. Le lundi 6 février (cet article est écrit plusieurs jours avant) le ministre de l’Intérieur va revenir en Corse. Mais ça va être pour commémorer la date anniversasire des vingt-cinq ans de l’assassinat du préfet Erignac. Il y a peu de chances que ça soit là l’occasion d’une évolution du statut de la Corse. Et de toute façon, il serait dommageable que les discussions soient entamées avec le fantôme du défunt en arrière-plan. Et puis il y a toujours le cas d’Alain Ferrandi qui, en toute logique, devrait également être mis en semi-liberté. Mais la justice paraît tellement capricieuse. Il y a donc toutes les chances qu’il faille attendre encore un mois pour avoir une idée d’un calendrier. En attendant, la Ghjuventù Clandestina Corsa persévère dans la pratique incendiaire. Dans la perspective des discussions avec l’État, c’est évidemment contre-productif. Il faut donc situer ces actions dans le périmètre nationaliste et les comprendre comme la mise en place d’un rapport de force entre indépendantistes et l’exécutif.
La rue comme soutien au combat parlementaire
Les manifestations de Bastia et d’Ajaccio contre le projet de loi sur les retraites ont été des réussites numériques. Ce que je retiendrai outre le nombre, c’est la formidable expression d'une solidarité, d'une fraternité joyeuse dans le combat telles qu’on n’en n'avait pas connues depuis des lustres. Les dernièrs grands cortèges avaient trait à l’assassinat d’Yvan Colonna. C’était des démonstrations de tristesse, de colère, de ressentiment. Sur la question des retraites, nous sentons tous que désormais l’impossible a cédé le pas au possible. Rappelons-le en quelques mots : cette réforme est injuste elle fait peser l’effort sur les seuls salariés et plus encore sur les plus pauvres, les femmes et les longues carrières tout simplement parce que leur retirer un peu c’est retirer beaucoup à ceux qui ont déjà du mal à survivre. Aujourd’hui par exemple les 368 foyers les plus riches de France paient à peine 2 % d’imposition quand les classes moyennes atteignent souvent la tranche des 30 %. Il existe bel et bien un mur d’argent qui pourrait payer sa contribution aux retraites sans même s’en apercevoir. De plus, la réforme atteint en plein cœur la classe moyenne ce qui explique son impopularité généralisée. Si elle passe, elle créera en Corse plus d’injustices et plus de pauvreté. Mais cela, les citoyens l’ont compris. Il faut maintenant espérer que la majorité va faire marche arrière. Aidons-la dans cette direction. C’est pour le bien de tous. Et revivons d’aussi belles journées que 31 janvier 2023.
GXC