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Football : Frédéric Antonetti , le métier d'entraineur "Quand j'ai débuté comme entraîneur j'étais seul"

Fort d’une belle expérience au haut niveau, Frédéric Antonetti a fait part de ses réflexions sur le métier d’entraîneur lors d’une rencontre avec l’Amicale des éducateurs de Corse.
Football : Frédéric Antonetti : «Quand j’ai débuté comme entraîneur j’étais seul ».


Fort d’une belle expérience au haut niveau, Frédéric Antonetti a fait part de ses réflexions sur le métier d’entraîneur lors d’une rencontre avec l’Amicale des éducateurs de Corse.



« A l’époque de mes débuts en 1994, j’étais tout seul, comme d’ailleurs dans la plupart des clubs de ce niveau. » explique Frédéric Antonetti, actuellement consultant sur Canal +. « Je m’occupais de tout. Quand on partait en déplacement, je faisais moi-même le sac, avec la pharmacie, les maillots. Je lavais les chasubles. C’était très formateur (rire). Le métier a ensuite bien évolué et l’argent en est la raison. La bascule ce sont les droits TV qui sont arrivés en 1995 et qui a notamment fait que les staffs techniques se sont étoffés. L’entraineur a peu à peu étoffé son équipe avec un adjoint, un entraineur des gardiens, un préparateur physique. Aujourd’hui ces postes ont doublé au haut-niveau, sans compter le staff médical qui est très important à ce niveau ».

Staff médical, cellule de recrutement, vidéo …

«Le rôle du docteur est essentiel. Souvent j’ai pu constater que le médecin avait peur des joueurs, qu’il était en difficulté devant eux. Il doit soigner mais plus encore. Il doit être une sorte de docteur de famille et doit gagner la confiance des joueurs. Il a souvent un rôle au niveau psychologique. Les joueurs se confient plus facilement au médecin ou aux kinés qu’à l’entraineur. Avec les retours du doc, l’entraineur peut alors adapter son attitude envers un joueur en fonction de certaines informations personnelles ». La cellule de recrutement ? « C’est une pièce primordiale dans un club et pourtant elle est très souvent délaissée. Elle doit être capable d’évaluer la progression d’un joueur ». La vidéo ? « C’est indispensable aujourd’hui. Personnellement je l’utilise beaucoup et on fait de longues séances avec les joueurs. Une analyse de match peut durer entre 4 et 5 heures. Et là le joueur ne peut pas tricher, les images sont là ! J’ai d’ailleurs beaucoup de respect pour ceux qui entrainent les équipes européennes car c’est une masse de travail énorme ».

« Beaucoup de choses autour de l’entrainement »

« Les séances d’entrainement sont très importantes mais il y a plein de choses autour. Il faut bien comprendre qu’on est là pour faire progresser les joueurs. L’entraineur se doit d’être diplomate car dans un club on rencontre toutes sortes de joueurs, c’est comme les 7 nains : il y a les joueurs grincheux, joyeux, timides. Je fais d’ailleurs souvent un peu de morale avant les entrainements, comme cela se faisait à l’école avant. Mais Les joueurs n’ont pas changé en fait au fil des années. C’est la société, leur environnement, leur entourage, les agents qui ont changé. Par exemple, un joueur africain fait vivre plus de 50 personnes aujourd’hui. Le joueur lui continue d’aimer le foot, jouer ». Les médias ont aussi bien changé...« Il y a beaucoup de contraintes. Et l’apparition des réseaux sociaux est une catastrophe. Aujourd’hui le rôle d’un entraineur est difficile. Il a parfois des relations difficiles avec le Centre de formation par exemple. Dans certains clubs, le centre est un club dans le club ». Le public ? « Souvent très exigeant. Mais c’est l’équipe qui fait le public et c’est la victoire qui fait l’ambiance ». En 28 ans d’entraineur, un regret ? « Mon gros défaut est de ne jamais rien déléguer ou très rarement ! »

Ph.J.
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