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Précarité énergétique

Cet hiver, l’énergie concentre toutes les attentions. Il faut être sobre. L’objectif est de consommer moins pour faire mieux. Encore faudrait-il que tout le monde ait le même accès aux dispositifs énergétiques.
Précarité énergétique

Cet hiver, l’énergie concentre toutes les attentions. Il faut être sobre. L’objectif est de consommer moins pour faire mieux. Encore faudrait-il que tout le monde ait le même accès aux dispositifs énergétiques. Car la sobriété énergétique, certains la pratiquent par obligation. Selon les indicateurs officiels, un Français sur cinq serait précaire énergétique.

Un phénomène surveillé

La précarité énergétique se définit ainsi dans la loi Grenelle II du 12 juillet 2010 : « Est en situation de précarité énergétique […] une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat. » Après avoir défini le phénomène, il faut pouvoir le mesurer. D’où la création en 2011 de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE). Il a pour missions d’observer la précarité énergétique et d’analyser les politiques publiques associées, de contribuer à l’animation du débat sur la précarité énergétique, de valoriser et diffuser les travaux sur le phénomène. La précarité énergétique se mesure en combinant trois indicateurs : le taux d’effort énergétique (calculé d’après le niveau des dépenses en énergie pour le logement sur l’ensemble des dépenses d’un ménage et positionne le résultat par rapport à un seuil de 8 %), l’indicateur de dépense de l’énergie et l’indicateur de froid (le froid ressenti par le ménage). Pour établir ces données, l’ONPE se base sur des enquêtes nationales logement (ENL). La prochaine sera menée entre août 2023 et juillet 2024.

Un phénomène quantifié

L’actuelle hausse générale des prix liée au renchérissement de l’énergie a des conséquences importantes sur les ménages et tout particulièrement sur les plus vulnérables qui subissent de plein fouet les impacts de cette crise, car malgré le bouclier tarifaire maintenu gaz et électricité ont augmenté de 15 %. En 2021, 60 % des Français déclaraient avoir restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées. EDF applique des facilités de paiement et des aides pour les ménages souffrant de précarité énergétique en Corse. D’après les chiffres, l’île compte environ 20 000 ménages en situation de précarité énergétique, soit 15 % de sa population. Si la prolongation de la trêve hivernale en 2020 a permis aux plus modestes de ne pas subir de coupure pendant cette période, cela n’a fait que retarder l’échéance comme le montre l’explosion des interventions pour impayés qui s’en est suivie en 2021, qu’il s’agisse de réductions de puissance ou de coupures d’énergie. 56 258 ménages ont bénéficié du Fonds de Solidarité Logement (FSL) pour l’aide au paiement des factures d’énergie en 2021, soit une augmentation de 2,4 % par rapport à 2020. Il existe un FSL par département.

Lutter contre la précarité

Une lutte efficace contre la précarité énergétique coûterait plus de 3 milliards d’euros par an, relève l'ONPE. Depuis le 1er janvier 2018, les tarifs sociaux de l’énergie ont été remplacés par « le chèque énergie ». Il s’agit du dispositif d'aide de l'État au paiement de la facture d'énergie à destination des ménages aux revenus modestes. En Corse, sur 32 000 foyers éligibles au Chèque énergie, 8 000 ne l'encaissent pas (25 % de non-recours). Les chèques énergie 2023 seront délivrés à partir du mois d’avril. Une campagne d’information et de sensibilisation a été lancée pour que tous les bénéficiaires fassent valoir leurs droits. En Corse, la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) propose des dispositifs complémentaires visant à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Le programme ORELI (Outils pour la rénovation énergétique du logement individuel) permet aux propriétaires de bénéficier de 15 000 euros d'aides consacrés à la rénovation énergétique. Depuis son lancement en 2016, 200 logements pilotes en ont bénéficié, avec des résultats encourageants, puisque selon les projets, les consommations d'énergie des maisons anciennes ont été divisées par quatre, avec d'énormes gains de confort et financiers pour les ménages. Une bonne nouvelle pour les biens avec un indice énergétique G+ (moins de 0,1 % sur l’île), qui vont devoir rénover leur « passoire thermique ». Le dispositif des CEE (certificats d’économie d’énergie obtenus avec une prime exceptionnelle pour financer certains travaux de rénovation énergétique) comme les diagnostics écologiques, les écogestes et les rénovations vont avoir le vent en poupe.

Maria Mariana
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