• Le doyen de la presse Européenne

Une saine conception du travail

Les Français seraient paresseux et c'est ça qui les pousserait à refuser la retraite à soixante -quatre ans.

Une saine conception du travail


Une nouvelle petite chanson se fait entendre dans les allées du pouvoir : les Français seraient paresseux et c'est ça qui les pousserait à refuser la retraite à soixante-quatre ans. Or toute l'histoire de l'humanité est celle d'une avancée vers plus de loisirs au détriment d'un travail souvent ennuyeux ou pénible. Cette ode au travail est celle poussée par les possédants, ceux qui ont un travail rendu intéressant par les rémunérations et, en définitive, esclave non pas de leur métier mais de la place dans la société que leur offre ce métier.


La retraite à points ou l'escroquerie du siècle


À longueur de journée, les cadres de ce mouvement qui s'intitule Renaissance et qui sert de troupeau au président Macron, s'échinent à prendre comme point de repères les retraites dans les pays européens et notamment le système suédois basé sur l'accumulation de points. La vérité est que la Suède fabrique des retraités misérables et est en train de tuer sa classe moyenne. Des professeurs, entrés tard dans la vie active, accumulent si peu de points qu'ils se retrouvent en retraite avec des pensions inférieures au salaire minimum.
En fait, la retraite par répartition est le seul système valable à la condition qu'on ne fasse pas peser toutes les charges sur les seuls salariés. Car c'est bien de cela dont il s'agit aujourd'hui. Le président Macron a exonéré les employeurs de certaines taxes nécessaires à l'équilibre des retraites au prétexte de relancer l'activité économique. Les résultats se font attendre mais, de la façon la plus malhonnête qui soit, la majorité a prétexté ce manque à gagner pour lancer sa réforme.
Il y aurait 14 milliards de déficit par an. Rappelons que le fonds de réserve des retraites contient 35 milliards, celui des retraites complémentaires 116 milliards et que la Caisse d'amortissement de la dette sociale est riche de 24 milliards. C'est dire qu'il n'y avait pas urgence. La véritable urgence est dans le rétablissement d'un service de santé digne de ce nom ; la remise sur pied d'une éducation nationale au plein sens du terme ; dans l'arrêt de la destruction du service public dans les villes petites et moyennes. Le président Macron a annoncé un plan de 420 milliards pour l'armée. C'est dire qu'il est possible de trouver de l'argent.

L'endettement des générations futures


Cet endettement des générations futures est une vaste fumisterie. Il faut croire que dans la façon présidentielle de manier les mathématiques, les 420 milliards destinés à l'armée ne pèseront rien sur nos descendants alors que les dettes infiniment moins lourdes générées par les dettes les écraseront.
Foutaises encore une fois que ce type de raisonnement. D'abord parce que personne ne peut savoir de quoi l'avenir sera fait. Qui aurait prédit une guerre en Europe au XXIe siècle ? Qui peut dire ce qu'il adviendra du marché mondial soumis au choc du conflit sino-américain ? La véritable question est celle de l'humain. Il n'est pas vrai que le bonheur passe par une croissance débridée. De toute manière, le futur sera partageux ou ne sera pas.
Qui peut croire que les neuf dixièmes de l'humanité accepteront de croupir dans la pauvreté pendant qu'un dixième se vautrera dans l'opulence ? Eh bien pour les retraites il en va pareillement. Chacun doit contribuer et un riche peut se permettre de contribuer plus qu'un pauvre. Il ne s'agit pas simplement de justice sociale mais de gestion intelligente du futur. Le sentiment d'injustice créé du ressentiment et le ressentiment sont à l'origine des grands désordres sociaux qui, finalement, coûtent beaucoup plus cher qu'un bon compromis social.
Le monde change en se caricaturant. Une infime minorité d'êtres humains pollue et contribue au changement climatique. Une immense majorité subit de telles conséquences. Le paradoxe veut que la mondialisation n'ait pas créé un meilleur partage des richesses mais au contraire une concentration entre les mains de quelques milliers de familles.

La destruction de la classe moyenne

L'histoire de l'humanité est alimentée par le dynamisme des classes moyennes. Ce sont elles qui produisent la plus forte valeur ajoutée. Ce sont elles qui imaginent ce qui va ensuite être produit et commercialisée. Les révolutions arrivent aussi lorsque ces classes moyennes se sentent maltraitées par l'oligarchie ou bloquées dans la gestion du pouvoir politique par une richesse fainéante.
Aujourd'hui l'oligarchie mondialiste détruit les classes moyennes afin de satisfaire ses désirs impérialistes. Les retraites françaises sont reluquées par les fonds de pension, véritables vampires de l'économie mondiale. C'est un trésor sur lequel ces grandes sociétés financières veulent mettre la main. C'est pourquoi le combat actuel n'est pas simplement la défense d'un système unique mais aussi la lutte contre une ploutocratie financière boulimique et in fine suicidaire. C'est un combat pour une honorable condition humaine !

GXC
Partager :