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" Vaincre ou mourir ": le "Pays ami" face à une mauvaise histoire

« Vaincre ou mourir » a le mérite de relancer le débat sur ce qu’ont vraiment été les guerres de Vendée. Mais cette opportunité de débattre et d’éclairer ne convient manifestement pas à tout le monde.

« Vaincre ou mourir » : le « pays ami » face à une mauvaise Histoire


« Vaincre ou mourir » a le mérite de relancer le débat sur ce qu’ont vraiment été les guerres de Vendée. Mais cette opportunité de débattre et d’éclairer ne convient manifestement pas à tout le monde.


Le « pays ami » a mis du temps à admettre que sa Révolution chérie avait été rouge de sangs souvent innocents. Mais ne sont vraiment connus par le grand public et évoqués dans les manuels scolaires que les crimes les plus voyants : ceux ayant touchés des grandes figures de la monarchie ou de la Révolution ; ceux ayant été commis dans les grandes villes. En effet, ne sont plus ignorés les excès du Tribunal Révolutionnaire siégeant à Paris qui, ayant été créé le 10 mars 1793 pour réprimer sévèrement mais juger équitablement les crimes commis contre la République, est devenu une machine à nourrir la guillotine après les promulgations successives de la loi sur les suspects, du décret prévoyant que les libertés individuelles et la Constitution ne seraient plus appliquées tant que la paix aux frontières ne serait pas garantie, de la loi relative à la suppression de la défense et de l’interrogatoire de l’accusé qui ne rendait possible que deux verdicts, l’acquittement ou la condamnation à mort. Sont bien connus aussi les massacres de Septembre (milliers d’exécutions sommaires perpétrées en septembre 1792 à Paris puis dans plusieurs villes de province) et les exécutions massives à Lyon et à Nantes durant la répression des insurrections fédéralistes (soulèvements ayant été organisés par les Girondins dans le sud et l'ouest de la France). En revanche, il est un crime qui reste méconnu : les massacres commis par les troupes révolutionnaires en Vendée. Longtemps, la République a caché les cadavres vendéens dans ses placards les plus secrets et les plus obscurs. Le succès imprévu du film « Vaincre ou mourir » en salle depuis le 25 janvier, est en train de faire changer les choses.


Le mérite de relancer le débat

Ce long-métrage fait découvrir les guerres de Vendée en relatant le bref et héroïque parcours de François Athanase Charette de La Contrie, dit Charette, chef de « l'Armée catholique et royale » (fusillé le 29 mars 1796 à Nantes). Par honnêteté intellectuelle, il convient d’indiquer que ce film - qui a été produit par le Puy du Fou, complexe de loisirs situé en Vendée, dont le fondateur, Philippe de Villiers, et le gestionnaire principal, Nicolas de Villiers (fils du fondateur), n’ont rien d’hommes de gauche - est plus épique qu’historique et fait part belle à la cause des insurgés vendéens. « Vaincre ou mourir » a cependant le mérite de relancer le débat sur ce qu’ont vraiment été les guerres de Vendée, de mettre au jour les crimes des militaires républicains (au moins de plus de 100 000 victimes civiles) et d’inciter à s’interroger sur le niveau de responsabilité ou de culpabilité criminelle de plusieurs figures iconiques de la Révolution française. Mais cette opportunité de débattre et d’éclairer ne convient manifestement pas à tout le monde, notamment à une partie des « élites républicaines ».

Dans les colonnes du quotidien La Croix, un historien a annoncé la couleur : « Sous couvert d’un film grand public, c’est un usage politique insidieux ». En gros, cet intellectuel distingué estime insidieux de faire connaître que la Révolution Française c’est aussi est aussi un général Turreau, massacreur de Vendéens. Le Monde, Télérama, France Inter et Libération ont de leur côté déclenché un tir de barrage médiatique. Le Monde a même ouvert ses colonnes à la tribune de deux députés La France Insoumise, Alexis Corbière et Matthias Tavel, appelant à « une large mobilisation » contre la « falsification de l’Histoire » et « la culture de l’effacement » car, selon eux, « Vaincre ou mourir » s’inscrit dans une entreprise idéologique de la droite ultraconservatrice voulant imposer sa grille de lecture de l’Histoire, sa haine de la République, sa nostalgie de traditions catholiques intégristes, son nationalisme… L’engouement du public a répondu au dénigrement idéologique : près de 112 000 entrées dans 188 salles en première semaines, projection dans 235 salles en deuxième semaine, plus de 200 000 spectateurs aujourd’hui !

Alexandra Sereni
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