Ecosse : l'échec total de Nicola Sturgeon !
Remettre sur les bons rails la revendication indépendantiste
Écosse : l’échec total de Nicola Sturgeon
Si la démission de la première ministre d’Écosse a pu surprendre de par sa soudaineté, elle n’a rien d’illogique. La situation était mûre pour que cela survienne.
A la surprise générale, Nicola Sturgeon, Première ministre d’Écosse, a dernièrement annoncé renoncer à toutes ses responsabilités politiques (le 15 février dernier). Celle que l’on surnommait « la Reine d’Écosse » du fait d’un exercice du pouvoir qui a duré plus de huit ans, de son leadership sur le SNP (Scottish National Party, Parti National Écossais) et des succès électoraux de son parti, a invoqué une grande fatigue morale et physique et le besoin de retrouver une vie privée. Tous les symptômes d’un burn out ! Certains observateurs considèrent que le mal-être et la démission de l’intéressée ont été provoqués par les conséquences désastreuses de son soutien à une mesure qu’ils jugent relever de l’extrémisme woke. Ils soulignent en ce sens qu’après avoir imposé le vote au Parlement Écossais d’un texte « clivant », à savoir un projet de loi prévoyant que tout individu, dès l’âge de 16 ans et sans avis médical, puisse changer de sexe,
Nicola Sturgeon a été très critiquée (y compris dans son propre parti), a essuyé un camouflet politique (le Premier ministre britannique a usé de son droit de veto, une première depuis la création du Parlement Écossais en 1999) et vécu une polémique douloureuse (fin janvier dernier, une femme transgenre, condamnée pour le viol de deux femmes avant sa transition, a eu la possibilité d’être incarcérée dans une prison pour femmes, ce qui a provoqué un malaise au sein de la population et le tollé des associations féministes et de responsables politiques de tous bords).
Il est toutefois plus vraisemblable que le burn out et la démission de Nicolas Sturgeon aient été provoqués par les échecs de sa politique.
Revers juridique
L’échec le plus cuisant a été l’incapacité d’imposer aux autorités britanniques l’organisation d’une nouvelle consultation référendaire portant sur l'indépendance de l’Écosse. Tout a débuté le 28 juin dernier. Ce jour-là, s’exprimant au Parlement Ecossais, Nicola Sturgeon a déclaré : « Je peux annoncer que le gouvernement écossais propose que le referendum sur l'indépendance se tienne le 19 octobre 2023. » A la suite de cette déclaration, Boris Johnson, le premier ministre britannique d’alors, a rejeté cette proposition en rappelant qu’en 2014, une majorité d’électeurs d’Écosse (55 % contre 45 %) s’était prononcée pour rester au sein du Royaume-Uni et qu’il était convenu qu'une consultation référendaire sur l’indépendance ne pouvait avoir lieu « qu'une fois par génération ». Nicola Sturgeon et le SNP ont répondu qu’en juin 2016, en s’opposant au Brexit à une forte majorité (62 %), les électeurs d’Écosse avaient exprimé le choix que l’Écosse reste au sein de l’Union Européenne, et que cela ne serait possible que si elle recouvrait son indépendance. Un bras de fer a alors été engagé.
Ayant averti qu'elle refusait que « la démocratie écossaise soit prisonnière de Boris Johnson ou de n'importe quel Premier ministre », Nicola Sturgeon a porté le litige devant la Cour Suprême du Royaume-Uni. Mais celle-ci a tranché en faveur du gouvernement britannique. Ce revers juridique a poussé Nicola Sturgeon à déclarer qu'elle ferait des élections générales au Royaume-Uni devant avoir lieu en 2024 ou début 2025, un scrutin étant de facto une consultation référendaire portant sur l’indépendance. Mais craignant que le détournement de la nature du scrutin indispose les électeurs et qu’en conséquence cela nuise aux candidats du parti, de nombreuses voix au sein du SNP ont contesté cette option et Nicola Sturgeon a dû renoncer.
Remettre sur de bons rails la revendication indépendantiste
Il convient d’ajouter que les opposants ont été d’autant plus nombreux et tenaces que Nicola Sturgeon devait aussi compter avec les résultats jugés décevants de la politique générale de son gouvernement, notamment concernant la politique sociale, l’éducation et la santé. Celle ou celui qui succédera à Nicola Sturgeon aura fort à faire. D’abord, durant les quelques mois précédant les élections générales, il faudra restaurer la popularité du SNP. Ensuite, les partisans du maintien de l’Écosse au sein du Royaume-Uni ayant, ces dernières semaines dans les sondages, repris l’avantage, il conviendra de remettre sur de bons rails la revendication indépendantiste.
Alexandra Sereni