• Le doyen de la presse Européenne

Ukraine : ne rien céder à la Russie

Un an déjà que la guerre d'Ukraine a commencé.
Ukraine : ne rien céder à la Russie

Un an déjà que la guerre d'Ukraine a commencé. Au moins en apparence parce qu'elle avait réellement débuté avec l'annexion de la Crimée par les Russes sans que cela ne provoque la moindre réaction des instances internationales. Huit ans plus tard, après la crise de la COVID, Poutine lançait son offensive.


Une guerre impérialiste


Le plus surprenant de cette dernière décennie c'est l'étrange sentiment d'être revenu au siècle dernier. Les tensions mondiales rappellent celle de la guerre froide avec tout de même quelques éléments nouveaux comme la présence de la Chine en embuscade. Mais la remontée dans le temps va plus loin. Alors que depuis un demi-siècle, les conflits s'étaient éloignés de l'Europe pour se disperser sur les continents en voie de développement, voilà que la guerre éclate sur le continent européen et prend la forme de la Première guerre mondiale avec un enlisement qui peut être comparé à celui de 1915. Petit rappel : ce qu'on a appelé la guerre de tranchées a duré jusqu'à la fin 1917. Et ce qui permit aux forces alliées de rompre le mur allemand, fut l'épuisement des troupes du Kaiser à cause de nouveaux venus dans le conflit : l'intervention cette année-là des troupes americano-canadiennes et celle de la grippe espagnole. Cette pandémie épuisa les Allemands plus encore que les Alliés et provoqua leur débâcle. En Ukraine, la COVID appartient au passé mais la guerre est partie pour durer des années.

Des siècles de souffrance


Cette guerre ressemble à un rendez-vous apocalyptique avec l'histoire tourmentée des deux peuples. À de nombreuses reprises, l'Ukraine a été le champ de bataille de l'empire russe contre ses ennemis polonais ou allemands. Durant la guerre civile révolutionnaire, elle a subi des massacres sans nom. Puis en 1932, Staline a lancé sa politique de collectivisation des terres qui s'est soldée par la mort de plusieurs millions de paysans. Enfin lors de la conquête nazie, des centaines de milliers d'Ukrainiens ont pris fait et cause pour les nazis mais six millions ont combattu dans l'Armée rouge. La conséquence des pertes humaines a été, après la guerre, une importation de population russophone pour occuper les postes dans l'industrie. C'est dire si dans l'affrontement actuel, ce sont des siècles de souffrance qui ressortent de l'inconscient ukrainien.

Le prix d'une vie


En définitive, les guerres modernes sont affaire de moyens : moyens matériels et moyens humains. La plupart des sociétés démocratiques accordent plus d'importance à la vie d'un soldat qu'à la dépense militaire. Mais les sociétés fanatisées ou dictatoriales utilisent les êtres humains comme armes matérielles. Les Russes n'ont jamais varié depuis des siècles sur la stratégie adoptée en temps de guerre : l'utilisation de l'espace en cas d'agression afin de couper l'assaillant de ses bases de ravitaillement (cf. Napoléon et Hitler), et celle de la masse en cas d'offensive. Peu importent les pertes, il faut engloutir l'ennemi. Les Ukrainiens cherchent à protéger au mieux leurs combattants.
Or aujourd'hui, les Russes peuvent potentiellement aligner 35 millions de combattants alors que les Ukrainiens ne peuvent en compter que le dixième. Les militaires considèrent qu'en cas de défense, il faut pour l'emporter six attaquants pour un défenseur. L'équilibre se joue à quatre contre un. Il est donc évident que si la situation ne bouge pas en Russie et si les Ukrainiens ne reçoivent pas des armes d'attaque plus performantes, à terme, Poutine sera le vainqueur.

Après l'Ukraine, les pays baltes, la Finlande et la Pologne


Il ne fait aucun doute pour les géostratèges occidentaux que si Poutine est vainqueur, il continuera sur sa lancée. Le pacte germano-soviétique de 1940 avait permis à Staline d'envahir la Pologne, les pays Baltes et la Finlande. Enfin, il est vraisemblable que si la Russie gagne la Pologne se mêle du conflit. Or la Pologne est membre de l'OTAN ce qui entraînerait l'intervention des troupes de l'Alliance Atlantique sans aucune visibilité sur la fin du conflit.
Quant à la Chine, elle profiterait de la faiblesse occidentale pour mettre la main sur Taïwan. En d'autres termes, une défaite ukrainienne signifierait le début d'une catastrophe planétaire. Et c'est pourtant par crainte d'une telle catastrophe que les puissances occidentales peinent à livrer à l'Ukraine les armes sans lesquelles elle marche à la défaite tout simplement par épuisement humain. Allons-nous nous autoriser à réitérer l'erreur commise en 1940 ?

GXC
Partager :