• Le doyen de la presse Européenne

Le voyage de Sparte

De temps à autre , une voie crève le silence ......

Le voyage de Sparte


De temps à autre, une voix crève le silence opaque organisé autour de la guerre d’Ukraine, brisant si l'on peut dire la totemisation du sujet. La population européenne ayant été, au sens large, stupéfiée par l’événement, aussi sûrement et implacablement que tel humoriste connu pour l'usage de la cocaïne, jusqu'à perdre tout discernement, le petit bruit de la vérité émet un tintinabullement cristallin propice à réveiller les consciences endormies.


Ainsi le camp du bien dont on nous rebat les oreilles, cela n'existe pas, du moins au sens où on l’entend. Les responsabilités se partagent dans la recherche des causes, comme en 1870, comme en 1914, comme en 1939. Rien n'est jamais si sûr, quand bien même il y a évidemment, comme dans toute guerre, un agresseur et un agressé. C'est Henri Gueno qui est venu nous le rappeler sur Cnews, comme Jean de Gaulle sur un autre canal. Il faut les lire et se reporter à leurs dires, c'est si rare la franchise et la clairvoyance en ces temps d'embrigadement des esprits, à l'initiative des Jacquadits de la bonne conscience. Qu'un peuple civilisé et jadis éduqué en vienne à répéter ad infinitum les sornettes des va-t-en Guerre, c'est à désespérer de la littérature et des  études supérieures.
Lisez Les Dieux ont soif d'Anatole France, et La Guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux pour commencer.

Les idiots qui déclenchent les conflits ont l'audace insensée de croire qu'ils peuvent à tout moment faire machine arrière et les arrêter. C'est impossible. Une fois lancé, le Dieu Mars est inarretable. On devrait le savoir depuis le temps. On ne fait pas la guerre et la morale en même temps, parce que c'est deux fois la même chose. Qui fait la guerre fait la morale. La morale fait partie de la guerre, c'en est une des facettes. On ne fait pas la guerre au nom de la morale, sauf quand on est idiot, car faire la guerre suppose que l'on fasse aussi la morale, c'est à dire que l'on produise des justificatifs à ce que l'on fait. Le reste est pur jus de bêtise et d’hypocrisie et régression intellectuelle. C’est la France d’aujourd’hui ce bredouillis.

Vae Victis, un point c'est tout pour ceux qui connaissent l’histoire romaine.
Ah, cette lecture des anciens qui se perd ! Donc Bravo Henri Gueno d'arrêter de servir la soupe. A quand les autres ? Notre monde se perd par imbécillité et crédulité. A qui la faute. Aux clercs ? Ah ! Julien Benda, La Trahison des clercs ! « Des ânes couverts de reliques », disait mon maître le sénateur Henri Caillavet ! C'est toujours d’actualité. Par absence totale d’horizon, notre société fonce vers la guerre pour tenter de donner un sens au mouvement qui l’emporte. Je relisais Le Voyage de Sparte de Maurice Barres, livre qui enflamma et enthousiasma nos grand-pères. Il faut le lire, notre destin est à découvrir dans nos racines et dans l’itinéraire qui remonte jusqu’à la source de notre questionnement identitaire, en tous les cas nous, les enfants de l'Europe Chrétienne dont les mères sont Athènes et Sparte.

Le voyage est à reprendre pour savoir qui nous sommes et si la guerre est inévitable vraiment. A voir les dindons qui nous dirigent pavaner on peut trembler.

On va vers la guerre de sept ans, et c’est une catastrophe. La menace d'une guerre nucléaire est le paravent utile à ce que s'installe durablement une guerre interminable.

Et pour quel profit ?

Is fecit cui prodest, ai-je appris dans mon jeune âge. Pour les non latinistes , c’est celui qui en profite qui est l’auteur de l’événement réprochable. De réunions en réunions en tapinois, les maître s’inondent d’un charabia bellifère qui est à l’origine du problème. Si au moins ces gens là savaient parler leur langue.

Le train fonce vers le conflit, sautons du train, il en est encore temps, et votons contre les propagateurs de cette folie. Ni casquette ni sifflet, les gabardines kaki au vestiaire, il est temps de parler de paix, trop d'hommes sont déjà morts. Accusé à tort par les forcenés du parti communiste d'intelligence avec l’ennemi, Sacha Guitry répliqua avec esprit : on m'accuse donc d'avoir été intelligent avec l’ennemi ? Tout était dit en quelques mots. La paix, c'est deux mots seulement. Il faut les dire, cela n'est point honteux. Et vite.

Il faut faire le voyage de Sparte pour savoir qui l'on est. Le seul conflit qui vaille d'être mené en fin de compte est celui qui restitue aux peuples l'identité qu'on leur dérobe. S'il y a une leçon à retirer du conflit, c'est bien celle là. Les ukrainiens ne meurent pas pour des idées mais pour leurs villes et leurs villages. Il n’y a rien de plus noble. Cela vaut mieux que de mourir pour le roi de Prusse comme on disait autrefois. Les touche-à-tout d'Europe devraient s'en souvenir, s’engager pour l'Ukraine ne lavera pas leur honte d'avoir abandonné la Serbie.
C’est là  ,la faute originelle que tous les parfums de l’Arabie ne sauraient purifier, comme il est dit dans Macbeth.


Jean-François Marchi










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