• Le doyen de la presse Européenne

Corse : la lassitude gagne !

L'été a pris fin et la situation oblige les acteurs de la vie insulaire à prendre des positions tellement attendues qu'elles en deviennent lassantes.
Corse : la lassitude gagne !

S’il est vrai que le monde ne marche qu’à coups de contradiction – Marx aurait nommé cela la dynamique dialectique – il est vraisemblable que la Corse se situe au sommet de la pyramide. L’été a pris fin et la situation oblige les acteurs de la vie insulaire à prendre des positions tellement attendues qu'elles en deviennent lassantes. Hélas chez nous rien ne tremble et rien ne bouge.

La Corse épicentre de la Méditerranée mais aussi de guerres picrocholines

Le président Emmanuel Macron a présidé à Ajaccio, un sommet de sept pays du sud de l'Union européenne, alors même que les tensions s’aggravent avec la Turquie en Méditerranée orientale.
Pour sa septième édition, ce forum sans grandes conséquences, qui rassemble depuis 2016 la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, Chypre et Malte, se tiendra pour la première fois en France après avoir été accueilli par Malte l'année dernière. Et alors même que le défi essentiel à relever est économique et social, des nationalistes soulèvent pour la nième fois et de manière grandiloquente l’inépuisable question du statut de la Corse.
Prenant comme exemples (ô combien douteux) Chypre et Malte, Core in fronte a souligné que la Corse “est la seule grande île de Méditerranée à n'avoir aucun statut politique lui conférant de réels pouvoirs de gestion dans les domaines non-régaliens".” C’est un peu vite passé sur le fait que l’indépendance de Malte ne tient qu’à son statut de paradis fiscal largement dominé par la mafia et à la pension rondelette que lui verse la Grande-Bretagne pour accueillir sa base militaire.
Quant à Chypre c’est une île divisée entre la Turquie et la Grèce dont l’économie est dominée à 85 % par les revenus bancaires liés à une activité extraterritoriale qui permet notamment aux entreprises européennes d'échapper à leur fiscalité nationale. Depuis 2013, Chypre vend sa citoyenneté à de grosses fortunes non-européennes et à leurs familles, moyennant un investissement (fixé à 2,5 millions d’euros), dans l’immobilier principalement. Bel avenir prometteur pour la Corse ! Jean-Félix Acquaviva, secrétaire national de Femu et député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse a évoqué "le mépris du président de la République vis-à-vis des institutions locales". En l'occurrence, Gilles Simeoni est invité à un repas qui rassemblera tous les élus et pas seulement ceux de l'assemblée régionale.

Perspicace comme toujours, Jean-Guy Talamoni a de nouveau fait entendre le seul morceau qu'il sache jouer de sa petite flûte pour dénoncer qu'aucun élu corse ne soit invité à cette réunion internationale. Cela "nous invite à douter sur les intentions du président de la République Française, concernant l'avenir institutionnel de notre île", a-t-il déclaré avec cette lucidité qui le caractérise pour ensuite refuser de se rendre au repas vespéral.
Quant au président il a de son côté répété qu'il n'entendait changer ni de discours di de méthode vis-à-vis d'une Corse dont on sent bien qu'il s'en contrefiche au grand désespoir des nationalistes qui tout à la fois requièrent la manne de l'état tout en crachant dessus. Rien de nouveau donc sous les cieux insulaires : l'éternelle répétition d'un petit jeu de rôle à l'issue duquel la Corse ne peut qu'être vaincue.

2 milliards ou rien

Le paradoxe réside aussi dans la demande économique (qui n’est pas encore une exigence) de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse qui a présenté une proposition de plan en faveur de l’économie insulaire : 70 mesures chiffrées à 2,5 milliards d’euros qu'elle entend bien faire adopter par le gouvernement.

Selon les estimations de la CCI, les 30 % du PIB (Produit intérieur brut) tirés du tourisme ne seront pas constitués cette année : « Nous estimons la partie préservée à 50 % ou 60 %, pas plus ». Le président de la CCI de Corse, Jean Dominici espère bien être écouté par le président Macron qui a répondu que la Corse avait déjà reçu durant la crise du Covid un milliard et demi d'euros de soutien. Sans préjuger de l’attitude de ce dernier, on peut l’imaginer agacé par le rigodon corse.


À l’heure où cet article est écrit il est impossible de connaître la réponse présidentielle. Mais il y a fort à parier qu’il va chercher à favoriser les « légitimistes » pour mieux isoler les nationalistes à condition que les partis dits traditionnels sortent de leur néant faute de quoi le nationalisme s'imposera par défaut d'adversaires. Réponse globale aux prochaines élections territoriales.





Un souffle d’espoir


Au sortir de la rencontre avec le président Macron, Gilles Simeoni a parlé d’une atmosphère loyale et a affirmé avoir abordé sans encombre tous les sujets depuis l’économique, le social jusqu’à la question des prisonniers. C’est franchement encourageant et cela démontre combien est stupide la politique de la chaise vide. Cela revient à sacrifier l’intérêt commun à son médiocre intérêt particulier. À voir donc. Mais un pas a été franchi pour que s’ouvre un dialogue constructif.






• GXC

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