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Guerre en Ukraine : Le protocole de Minsk ?

Si l'on ressortait du tiroir le protocole de Minsk ?

Guerre en Ukraine : si l’on ressortait du tiroir le protocole de Minsk ?


Il existe une possibilité de solution négociée même treize mois de guerre ont grandement compliqué les choses. Elle passe par la remise sur le tapis du protocole de Minsk

Depuis plus d’un an, la guerre fait rage en Ukraine. Avant même le début des combats, les USA ont aidé l’armée ukrainienne en lui fournissant des renseignements sur les concentrations et les déplacements des troupes russes. Une fois le conflit en cours, les pays de l’OTAN (sauf la Turquie) et la plupart des pays européens ont progressivement apporté un soutien humanitaire, diplomatique, économique et militaire à l’Ukraine.
Cela s’est traduit par : une aide aux populations ukrainiennes restées sur place, déplacées ou réfugiées ; des condamnations ou des mises à l’écart de la Russie et de ses ressortissants par des instances internationales ; des sanctions économiques et financières à l’encontre de la Russie, de ses entreprises, de ses oligarques et de l’entourage familial, politique et relationnel de Vladimir Poutine ; un soutien financier quasiment illimité à l’État ukrainien ; des livraisons massives de matériel militaire à vocation défensive ; la fourniture assumée de renseignements ; le déploiement de troupes européennes à quelques dizaines de kilomètres des frontières de la Russie et de son alliée la Biélorussie.
Cependant, la France et l’Allemagne se sont efforcées de ne pas rompre le dialogue avec la Russie et de ne pas jouer à fond l’option militaire. Ce positionnement a aussi été celui des USA. L’administration Biden tenait compte d’une part, d’une opinion interne toujours tentée par la doctrine Monroe très populaire au sein de l’Amérique profonde (opposition à toute ingérence européenne dans les affaires des Amériques et à toute implication des USA dans les affaires européennes) ; d’autre part, du risque d’un recours de la Russie au nucléaire tactique en cas d’offensives ukrainiennes victorieuses vers la Crimée et dans le Donbass, ou franchissant ses frontières internationalement reconnues.

Mais, depuis quelques semaines, deux lignes rouges ont été franchies.
L’une sur le plan militaire : avec la livraisons en cours d’armes offensives (chars lourds, avions de combat, missiles longue portée…), avec l’annonce d’un programme européen de fourniture massive d’obus et avec la révélation que le Royaume-Uni envisage de doter l’armée ukrainienne d’obus à uranium appauvri.
L’autre sur le plan politique : le mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre Vladimir Poutine et le soutien apporté à cette procédure par la plupart des pays qui aident l’Ukraine, font de la chute du régime de Vladimir Poutine une condition de la recherche d’une paix négociée.

Au moins à titre de base de travail
Le franchissement de ces lignes rouges fait objectivement de l’OTAN et de la plupart des pays européens non plus des soutiens de l’Ukraine mais des ennemis de la Russie et permet aux plus extrémistes de la classe politique russe de crier à la belligérance et d’évoquer à nouveau un recours possible à l’arme nucléaire (sur fond de déploiement prochain d’armes nucléaires tactiques russes en Biélorussie). Il implique aussi que si l’armée russe ne perd pas pied et rien ne change au Kremlin, le risque d’un conflit traînant en longueur est bien réel.
Pourtant il existe une possibilité de solution négociée, et ce, même si treize mois de guerre ont grandement compliqué les choses. Elle passe par la remise sur le tapis du protocole de Minsk. Ayant été signé le 5 septembre 2014 par les représentants de l'Ukraine, de la Russie, des autoproclamées républiques populaires de Donetsk et Lougansk et de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), ce protocole prévoyait de mettre fin à la guerre ayant éclaté dans le Donbass, à partir de l’acceptation par toutes les parties de clauses qui ménageaient les intérêts de l’Ukraine et de la Russie et prenaient en compte les aspirations des populations russes du Donbass à l’autonomie de leurs territoires (oblasts de Donetsk et de Lougansk) et au respect de leur identité.
En effet, il était consigné : l’entrée en vigueur immédiate d’un cessez-le-feu ainsi que son contrôle par l'OSCE ; la surveillance de la frontière russo-ukrainienne par l'OSCE et l’instauration d’une zone de sécurité à cette même frontière ; une autonomie des oblasts de Donetsk et de Lougansk avant l’organisation d’élections anticipées ; la protection des personnes participant à l’application du protocole et aux opérations électorales ; la libération immédiate des otages et des personnes retenues illégalement ; l’interdiction de poursuites et sanctions contre toutes les personnes impliquées dans la guerre ; la poursuite d’un dialogue entre les parties ; la mise en œuvre d’actions visant à améliorer la situation humanitaire ; le retrait du territoire ukrainien des formations armées et du matériel militaire illicites, ainsi que des combattants irréguliers et des mercenaires ; l’élaboration et l’application d’un programme économique pour favoriser la reprise l'activité économique. Certes il ne s’agit pas d’oublier la tentative d’invasion et les exactions russes.
Certes aussi, en janvier 2022, soit quelques jours avant l’offensive russe, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine, a rejeté déclaré : « Le respect des accords de Minsk signifie la destruction du pays. » Cependant, dans l’intérêt des peuples ukrainien et russe, et aussi de la paix et de l’activité économique à l‘échelle mondiale, il n’est pas interdit de penser qu’il serait souhaitable, au moins à titre de base de travail, que l’on ressorte du tiroir le protocole de Minsk qui, la guerre ayant repris en décembre 2014, avait été confirmé dans le cadre des accords de Minsk du 12 février 2015 signés par la France, l’Allemagne, l’Ukraine, la Russie et des représentants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

Alexandra Sereni
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