• Le doyen de la presse Européenne

Choses Vues

Les événements violents des dernières semaines qui ont accompagné les manifestations de rue posent avec cruauté le diagnostic d'un ensauvagement de la société.

Choses vues


Les événements violents des dernières semaines qui ont accompagné les manifestations de rue posent avec cruauté le diagnostic d'un ensauvagement de la société. C'est un phénomène général qui affecte tous les pays développés d’Occident, les USA au premier chef, mais qui prend une résonance singulière en France eu égard à la pratique monarchique de la V ème République.


Les familiers de la littérature du XIX ème siècle retrouveront quelques accents flaubertiens dans la trame des événements tels qu'ils auraient pu être écrits dans L'Education sentimentale. La V ème serait ainsi devenue au fil des temps un calque de la monarchie Louis philipparde, traversée des mêmes révoltes et problèmes sociaux. Eternel retour des choses. Il en va ainsi, comme le remarquait déjà Maurice Barrès au début du roman Leurs Figures, des périodes d'accalmie succédant aux événements révolutionnaires, qui sont agies de l'intérieur par des forges en gésine de changements telluriques. Le contexte guerrier qui a gagné l'Europe indique que nous sommes bien à une époque charnière, ce que sent l'opinion avec crainte.

Il faut du doigté pour gouverner en ces temps redoutables...


On ne peut pas dire que la démonstration qui nous est faite suscite la satisfaction inéquivoque des amateurs. Pour réformer il faut améliorer et ne pas précariser le corps social si l'on veut que le changement apparaisse souhaitable, et ce n'est pas ce qui est fait. L'échec est certain. A poursuivre sur ce chemin, quelque argument qu'on aie à faire valoir, le pouvoir se condamne à l'impéritie au mieux, au reniement au plus probable. C’est du gâchis.

La violence est un signe qui annonce la fin d'une époque, celle de l’après-guerre. Nous voilà de nouveau au fil du temps qui change, hélas, avons-nous les hommes qu'il nous faut pour aborder l’épreuve.

Pourquoi attendre? Le Président serait bien inspiré de prendre les devants et dissoudre l’Assemblée, le pourrissement est la pire des solutions. C'est ce que ferait un De Gaulle, au peuple de trancher.

C'est le moment de poser la question au seul souverain légitime, referendum ou élections générales, avec la question de sa légitimité à gouverner, qui est celle qui l’avait conduit à démissionner quand il a été désavoué.

C'est le moment de rencontrer l'histoire pour Macron, saura-t il le faire?



Il existe une fin à tout. C'est la loi. Les incapables se reconnaissent à leur propension à tirer des conclusions inadaptées aux problèmes que leur impéritie engendre. Ainsi, de cette fable qui voudrait qu'un système soit invalidé par la révélation que son aptitude à régler un problème a démontré sa capacité à le faire, comme si l'existence d'un trouble était suffisante en soi pour motiver la réfutation d'un système et non pas l'aptitude à le régler. En un mot, les outils constitutionnels permettant le règlement des crises, affirment l'excellence d'un mode d'exercice du pouvoir et non pas l'existence en elle même de la crise, tout système étant en soi une crise à régler au fur et à mesure de son apparition, car tout système est appelé à être en crise par l'existence même de la vie en société.
C'est au moment le plus fort de la tension sociale que le système de la V ème République affirme son adaptation à être en phase avec la nécessité. Les Cassandre qui annoncent la mort de la V ème République démontrent à l'envi son excellence, et leur aveuglement à discerner l'intérêt de la recherche du bien public plutôt que théoriser sur de fausses solutions à apporter aux crises, quand c'est leur impuissance à les avoir prévues qui est révélée par leurs semonces. C'est la beauté du commandement que de savoir affronter l'impopularité que seuls les démagogues redoutent. L'article 49/3 est un accélérateur de dénouement des crises et non pas une crise par le fait même qu'il n'en est que le curateur.
Le désordre public est à l'inverse causé par la lâcheté de ceux qui répugnent à exercer l'autorité du pouvoir. « La république est un régime d’autorité », disait Georges Clemenceau. C'est l'absence d'homme d'état capable de remplir les fonctions que la situation appelle qui crève les yeux quand la rue déborde les institutions. La société est en mue rapide et l'Etat peine à apporter les solutions que l'urgence commande, c'est le diagnostic. Borne est à changer, le plus tôt sera le mieux. Il faut consulter la nation, un referendum s'impose ou une dissolution de l’Assemblée Nationale. Toute attente serait néfaste en laissant penser que la peur s'est emparée du sommet.
Ah, fatidique instant ! Amor fati ?


Jean-François Marchi










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