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Le président Macron en porte -à-faux

Emmanuel Macron n'a vraioment pas de chance au plan national comme au plan international

Le président Macron en porte-à-faux


Emmanuel Macron n’a vraiment pas de chance au plan national comme au plan international. De passage en Chine, il a voulu jouer au général De Gaulle ou peut-être à Jacques Chirac et défendre une troisième voie face au retour de la bipolarité. Et le voilà accusé par les États-Unis et ses alliés de fait de jouer un double jeu.



De Gaulle, vigie des non alignés

On se souvient peut-être du général de Gaule appuyant les pays non alignés et, le 7 mars 1966 annonçant le retrait de Paris du commandement militaire intégré à l’OTAN. Mais auparavant le 17 septembre 1958, moins de trois mois après son retour au pouvoir, de Gaulle avait envoyé — en vain — à l’Américain Dwight David Einsenhower et au Britannique Harold Macmillan un mémorandum exigeant une «direction tripartite » de l’Alliance. Pour le général de Gaulle, la France « se propose de recouvrer sur son territoire l’entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d’éléments militaires alliés ou par l’utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements intégrés et de ne plus mettre de forces à la disposition de l’OTAN ». Dans le Figaro du 11 mars. André François-Poncet redoutait non seulement la résurgence du « péril russe» (« Demain, un Staline peut renaître», écrivait-il), mais « d’autres dangers» : «Mao Tse Toung est un autre Hitler. À sa place peut surgir un Gengis Khan, un Tamerlan, un Mahomet qui, muni d’armes atomiques, entraînera les populations affamées d’Asie et d’Afrique à l’assaut des peuples nantis et prospères, à l’assaut des Blancs et de leur civilisation. » Quand on relit ces lignes, on est impressionné par la vision de l’ancien ambassadeur de France en Allemagne. Car c’est tout de même un peu ce qui s’est produit. Mais les temps ont changé, la situation géopolitique également ainsi que les hommes. Macron n’est pas l’incarnation de la France libre et la guerre en Ukraine a fait ressurgir le spectre d’une troisième guerre mondiale.

Une position juste en théorie, mais

fausse dans la réalité

Le président Macron n’a pas tort de vouloir mettre à l’honneur une troisième force qui serait celle d’une Europe enfin dotée d’une armée digne de ce nom. Hélas, trois fois hélas, l’OTAN qu’il disait il y a trois ans atteint de mort cérébrale, s’est réveillé grâce au dictateur russe et à ses prétentions impérialistes. Poutine aura réussi à décider des pays neutres comme la Finlande ou la Suède à venir se réfugier sous les ailes protectrices du géant américain. Que celui-ci ait pour ambition de transformer l’Europe en un sous-territoire sous domination yankee ne fait aucun doute. Car la véritable bataille qui se livre aujourd’hui n’est pas celle de la petite Ukraine contre l’ours russe, mais bien à terme, celle qui opposera l’empire chinois à l’empire américain. L’Europe, les Russes, les puissances musulmanes finiront à la traîne de l’un des deux protagonistes. Il faut désormais pour s’imposer une forcefinancière telle que les places sont comptées. L’Europe n’a d’ailleurs pas répondu favorablement à l’appel de Pékin lancé par un Macron qui semble de plus en plus déphasé à force de vouloir imprimer sa trace personnelle dans l’histoire.

N’est pas De Gaulle qui veut

La période gaullienne (plutôt que gaulliste) était celle de l’après-guerre quand en Orient le Japon avait été écrasé par l’armée américaine tandis qu’en Europe l’Allemagne nazie n’était plus qu’un monceau de ruines. À l’Est, Staline était sorti renforcé de l’effroyable épreuve de la Seconde Guerre mondiale. Avec le bipartisme, les enjeux étaient clairement définis et De Gaulle s’était habilement appuyé sur le mouvement des non-alignés c’est-à-dire des nations qui s’étaient défaites du joug colonial. Aujourd’hui, par un de ces renversements ironiques dont l’histoire humaine est friande, ces peuples hier non alignés se cherchent eux aussi de nouveaux protecteurs qui entament une recolonisation de l’Afrique par exemple. Au cœur de cette démarche, une haine vivace pour les nations qui bien que ne représentant que 15 % de la population concentrent la quasi-totalité des richesses mondiales. Depuis la crise du Covid, le 1 % des plus riches de la planète ont accaparé 63 % des richesses produites. Et le ressentiment est concentré sur les Blancs puisque la fortune des ménages chinois s’est envolée de 1 600 %, passant de 3 700 à 63 800 milliards de dollars en moins de vingt ans. Mais ils ne paient pas encore leur colonialisme qui peut-être bien plus terrible que celui de l’Occident. Et c’est ce que n’a visiblement pas compris le président Macron s’attirant les foudres de ses partenaires américains et européens. N’est pas de Gaulle qui veut.

GXC
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