• Le doyen de la presse Européenne

Corps de femme : encore à l'origine de la faute ou du péché...

La femme au fond et une fois encore été assimilée à une Jézabel
La femme a au fond et une fois encore été assimilée à une Jézabel, représentation biblique en faisant l’instigatrice des pires péchés.

Se montrant en mini-jupe, en décolleté, en short ou avec le nombril apparent, des adolescentes ont contesté, sur les réseaux sociaux, la notion de « tenue correcte exigée » que mentionnent les règlements de la plupart des collèges et lycées.
Confronté à cette contestation, le ministre de l'Éducation a préconisé «une position d'équilibre et de bon sens» en faisant un parallèle à la fois consternant et préoccupant : «J’ai à me battre contre les élèves qui veulent venir voilées à l’école et ceux qui veulent venir avec des tenues provocantes". Je regrette que certaines adolescentes se laissent influencer dans le choix de leur style vestimentaire par certains marketeurs et créateurs qui hyper-sexualisent le corps féminin. Je veux bien croire que le désir légitime d’affirmer sa féminité, le plaisir naturel de séduire ou tout simplement le sentiment de se sentir bien dans son corps puissent conduire à montrer un peu plus que ce que certains codes sociaux jugent décent de livrer au regard, et admets que cela puisse déconcerter, troubler ou choquer.

Par contre, je n’accepte pas que montrer son nombril, le haut de ses seins, une partie de ses cuisses ou la morphologie de son fessier soit mis au même niveau qu’emprisonner sa chevelure, dissimuler son visage ou rendre informe sa silhouette pour se plier à la volonté d’un père ou d’un frère, afficher une posture communautariste ou faire du prosélytisme. Il n’y a aucune similitude entre l’influence de la mode qui tente et incite et la pression familiale, communautaire ou religieuse qui oblige et soumet.
Par ailleurs, si se rendre chez Mango ou se connecter à l’Internet pour acheter une robe très courte n’est d’évidence pas opéré sous la contrainte, on peut fortement douter que l’adolescente qui cache son corps le fasse de son plein gré.

Emmanuel Macron a dérapé « grave »

Quant au Président de la République, il n’a pas été mieux avisé que le ministre. Ayant été questionné par un lycéen, il a certes d’abord fait preuve d’ouverture d’esprit et de bon sens : «Je comprends que la féminité s'exprime et ait une liberté vestimentaire. Après, je trouve que c'est une bonne chose aussi, dans ce temps où les consciences se forment, qu'on essaie de garder quelques codes. Ça a toujours existé. Au fond, on sait à peu près dire ce qui se fait et ce qui ne se fait pas».
Mais il a ensuite dérapé « grave » quand il a conclu que garder quelques codes au collège ou au lycée » était nécessaire « parce qu'après on ne sait jamais où ça s'arrête.»

Ce dérapage qui sous-entend que le corps de la femme inspire la faute ou le péché ne doit pas être pris à la légère, et ce surtout si on le relie à la pudibonderie ambiante (vigiles ayant refusé l’accès à un musée et à un supermarché à des femmes dont ils jugeaient les décolletés trop profonds, gendarmes ayant invité à se rhabiller des baigneuses qui pratiquaient le topless). Par la parole présidentielle ainsi que par les initiatives intempestives de gros-bras et de pandores, la femme a au fond et une fois encore été assimilée à une Jézabel, représentation biblique en faisant l’instigatrice des pires péchés.

En effet, dans l'Ancien Testament, Jézabel, princesse phénicienne, épouse d’un roi d'Israël, incite le roi et le peuple à se détourner de l'Éternel en introduisant dans le royaume de Samarie le culte de Baal, en persécutant la religion des Juifs, en s’employant à faire mettre à mort le prophète Élie. Et dans le Nouveau Testament, Jézabel, femme malfaisante et prophétesse de malheur, égare les serviteurs de Jésus-Christ pour qu'ils « se livrent à l’impudicité et mangent des viandes sacrifiées aux idoles ».

Bientôt le procès en sorcellerie et le bûcher ?


Alexandra Sereni
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