• Le doyen de la presse Européenne

Méfions-nous des serpents de mer

L'obstination des nationalistes à continuer de croire en un changement constitutionnel .......

Méfions-nous des serpents de mer


L’obstination des nationalistes à continuer de croire en un changement constitutionnel rappelle par bien des égards leur acharnement à trouver que le GALSI était la solution des problèmes énergétiques de la Corse. Il arrive tout de même un moment où il faut ouvrir les yeux même si la vérité est difficile à accepter.

Un GALSI politique



Il est vrai que l’affaire du GALSI commence à dater. Petite piqûre de rappel pour la jeune génération et pour ceux qui voudraient oublier nos serpents de mer. Le GALSI (acronyme pour Gazoduc ALgérie — Sardaigne — Italie) était un projet de gazoduc qui devait relier les installations algériennes de Koudiet Draouche jusqu’à Piombino en Italie via la Sardaigne en passant sous la mer Méditerranée. Cette liaison de 284 km devait acheminer à terme jusqu’à 8 milliards m3 de gaz naturel par an. La mise en service était prévue pour 2012 puis pour 2014. Coût de l’opération : 3 milliards de dollars. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, avait annoncé en 2010, l’engagement de l’État français. Les élus corses mettaient alors tous leurs espoirs dans le GALSI. Pourtant dès 2011, la concurrence du russe Gazprom remettait en cause le projet. L’Algérie annonçait de son côté qu’elle voulait conserver l’essentiel de ses gisements. Enfin un accord politique avait signé avec l’Europe pour la construction d’un gazoduc transatriatique dénommé « Tap » (Trans-Adriatic-Pipeline) qui devait relier l’Italie à la Grèce via l’Albanie, projet qui ne verra jamais le jour.
Pourtant en Corse les autorités locales et nationales continuaient de poursuivre le rêve GALSI, un rêve salement écorné par une simple réalité : le premier coup de pioche n’avait pas été donné en Algérie et le promoteur du projet avait été arrêté pour malversation. Mais dans notre île, Cyrénée le volet corse du raccordement allait bon train. Il prévoyait une connexion au niveau d’Olbia, au nord de la Sardaigne, pour rejoindre le golfe de Pinarello via un itinéraire sous-marin. Le gazoduc serait ensuite enterré jusqu’à Zonza puis divisé en deux conduites souterraines, l’une vers Bastia, l’autre vers Ajaccio. .

Une étoile sans grande lueur


En quatre mois, dix-sept réunions avaient été organisées dans l’île réunissant en moyenne une cinquantaine de participants. En d’autres termes, les Corses avaient compris avant leurs élus qu’on les menait en bateau. Autant dire que le GALSI et Cyrénée n’ont jamais vu le jour. Le projet a pourtant refait surface en janvier 2023. Mais chat échaudé craignant l’eau froide, il n’a fait frémir personne. Le député européen François Alfonsi qui avait été un adepte du GALSI a mis les points sur les I : « Avant qu’un quelconque projet de ce type puisse aboutir, il faudra au moins 10 ans et je pense que la situation d’urgence dans laquelle est la centrale du Vazzio aujourd’hui ne permet pas de se mettre derrière un projet aussi lointain et encore tout à fait incertain car les financements sont loin d’être acquis. En l’état actuel des règlements qui ont été adoptés, validés et effectivement entérinés par les instances européennes, il n’y aurait pas de financement pour un tel projet ».

Une résonance avec le changement constitutionnel


Pourquoi évoquer cette échec ? Tout simplement parce que nous revivons une réédition du rêve GALSI avec l’espérance affichée par nos élus pour un changement constitutionnel. Sur quel ton faut-il le dire ? Ça n’arrivera pas parce que la France est un pays centralisé qui ne parvient pas à abandonner ses vieux vêtements. Ça n’arrivera pas parce que l’État est dans un sale État, que la majorité est de plus en plus relative. Ça n’arrivera pas parce que les élus de Corse, si ce n’est de répéter ad nauseam, « autonomie, autonomie » n’ont toujours pas défini le contenu de l’autonomie. Dans de telles circonstances, Gérard Darmanin qui, à mon avis, s’est emballé en prononçant le mot magique n’a cessé de trouver des prétextes pour reculer. L’une des faiblesses des nationalistes corses a été de ne pas avoir su détacher l’intérêt objectif de la Corse de leurs propres revendications. Ainsi, leur prise de position en faveur de la motion de censure apparaît comme un non-sens. Sur ce point Laurent Marcangeli a raison. Le changement constitutionnel n’aura pas lieu.
La majorité devrait rapidement changer son fusil d’épaule. Faute de quoi, elle va se trouver désarmée face une radicalité désordonnée qui ne peut aboutir que sur des impasses dramatiques. Car s’il est bien une vérité que tous les Corses devront accepter : l’actuelle majorité, bonne ou mauvaise, est une majorité légitime qu’il convient de traiter comme tel.

GXC
Partager :