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Autonomie : après la délibération , le début du début

Mission accomplie ...

Autonomie : après la délibération, le début du début


Le président du Conseil exécutif n’a pu parvenir à un consensus mais peut se prévaloir d’une démarche qui revient de loin et d’une mission accomplie. Mais on peut aussi se dire qu’au fond, son indéniable succès est à la fois conséquent et relatif.


La convergence et le consensus n’ont pas prévalu. Deux textes ont atterri sur les bureaux d’Emmanuel Macron et Gérald Darmanin. Le premier, est la délibération qui a recueilli 46 voix sur 63, soit celles de la majorité siméoniste, de la quasi totalité de l’opposition nationaliste et de l’électron libre se revendiquant de l’évolutionnisme giacobbiste, Pierre Ghionga. L’autre est le texte minoritaire qu’a défendu la droite Un soffiu novu. Le président du Conseil exécutif n’a donc pu parvenir à ce que se dessine puis se forme un consensus. Il aurait toutefois tort d’être insatisfait car il peut se prévaloir d’une démarche qui revient de loin et d’une mission accomplie.
Les 4 et 5 juillet derniers, il a certes dû palabrer des heures pour obtenir le soutien des élus Core in Fronte et PNC-Avanzemu, et l’abstention de l’élue Corsica Libera. Fin février, les discussions avec Paris étaient à l’arrêt, Emmanuel Macron s’impatientait et faisait savoir qu’une copie devrait lui être remise avant le 14 juillet, les lignes rouges présidentielles irritaient au plus haut point les indépendantistes et indisposaient les partis autonomiste, un fossé aussi profond que durable risquait de se creuser entre le patron du Grand Hôtel et celui du Palais de l’Élysée du fait de l’implication des trois députés nationalistes dans la fronde anti-réforme des Retraites. Mais l’essentiel a été acquis. Mission accomplie !
A ce jour, aucune véritable dissonance au sein de la représentation nationaliste au sein de l’Assemblée de Corse ne peut réjouir du côté de l’Élysée ou de la place Beauvau. Le président du Conseil exécutif peut faire savoir que, côté corse, le train Autonomie est sur les rails et qu’il appartient désormais au chef de la gare centrale Élysée et au responsable du poste d’aiguillage Beauvau de ne pas le faire dérailler avant qu’il parvienne aux gares de triage Palais de Bourbon et Palais du Luxembourg.


Attendons le 14 juillet…


Il sera toujours temps de revenir sur teneur et la portée de la délibération du 5 juillet et de s’interroger sur les ambiguïtés qui y figurent du fait de la volonté d’y faire insérer, selon des formules alambiquées, des revendications jugées indigestes à Paris. Avant de se livrer à ces exercices politico-juridico-intellectuels, attendons que le 14 juillet, on sache si Emmanuel Macron a fait mine de ne pas prêter attention aux astuces sémantiques censées lui faire faire accepter le contournement des lignes rouges. Et, entre-temps, bornons-nous à constater que la délibération reprend les grandes lignes du rapport présenté par le président du Conseil exécutif le 4 juillet et a le mérite de mettre en exergue la ligne de démarcation institutionnelle entre autonomistes et indépendantistes d’une part, et classe politique dite traditionnelle d’autre part (que représentait Un soffiu novu ,) ligne de démarcation qui était devenue peu visible.
Tout le monde ou presque se disait « autonomiste ». En effet, textes et débats l’ont démontré, Un soffiu novu, n’est pas autonomiste, certes pas jacobin, mais d’évidence régionaliste. La preuve : alors qu’autonomistes et indépendantistes ont l’ambition de légiférer, les élus Un soffiu novu se contenteraient d’avoir le pouvoir reconnu et précisé d’accommoder les textes de Paris à la sauce corse. En attendant le 14 juillet, on peut aussi se faire la réflexion qu’au fond, l’indéniable succès du président du Conseil exécutif est à la fois conséquent et relatif.
En effet, il n’est qu’au début du début d’une longue marche. Si un jour Emmanuel Macron est bien disposé, si un jour le Conseil d’État est bon enfant, si un jour députés et sénateurs votent bien à la majorité des trois cinquièmes, si un jour le Conseil Constitutionnel est de bonne humeur, le plus difficile restera à faire. Il faudra élaborer et expliquer un projet et un agenda. Il faudra convaincre les électeurs de Corse de dire OUI. Il faudra ferrailler contre la droite régionalistes et les anti-nationalistes qui diront NON en invoquant notamment l’incapacité d’assumer une gestion autonome et le danger d’un jacobinisme corse ayant son siège à Aiacciu. Quand tout sera fini ou presque à Paris, tout commencera chez nous.

Pierre Corsi
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