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Une majorité nationaliste parfaitement légitime

Quel choix du président Macron ?

Une majorité nationaliste parfaitement légitime


Il y aura donc deux propositions de statuts : le premier, celui de l’exécutif a été avalisé par tous les groupes nationalistes et reprend le rapport de Gilles Simeoni. Il est cohérent et ambitieux bien que peu réaliste compte tenu de la situation actuelle. Il réclame un pouvoir législatif dans tous les domaines pour l’Assemblée de Corse, sauf dans ceux relatifs au régalien. Le second, celui d’u Soffiu novu, la droite réclame à un simple pouvoir d’adaptation des lois françaises aux spécificités corses (qui existe déjà) sans gestion autonome de l’éducation et de la santé et sans transfert de la fiscalité. Pourtant quel que soit le choix du président Macron, il faudra garder en tête que le président de l’exécutif Gilles Simeoni conserve toute sa légitimité institutionnelle et prendre garde de ne pas le déstabiliser.

Un président légitime, élu par le peuple


Élu en partie à cause de la débâcle des clans traditionnels, Gilles Simeoni a été surtout porté par un sentiment national indéniable et incontournable. L’effondrement historique des deux clans a d’ailleurs été pour beaucoup causé par la présence d’un mouvement nationaliste qui s’est imposé au fil des décennies d’abord par le culturel (le riacquistu) puis le politique.
La fin proclamée de la violence clandestine enfin a permis l’émergence d’une force modérée qui, depuis des décennies, ne parvenait pas à briser son plafond de verre. Il faut y ajouter l’importance du charisme du président de l’exécutif. Dans un monde qui s’est américanisé à outrance deux facteurs sont désormais indispensables à une victoire politique : la prestance et le côté émotionnel provoqué par le candidat. Le revers de la médaille est qu’aujourd’hui Gilles Simeoni est irremplaçable.
Mais il subit aussi l’usure du pouvoir et, ce faisant, le poids de la solitude. Son entourage souffre d’invisibilité. Ajoutons qu’avec son acharnement à chercher un changement constitutionnel juste dans le principe, mais impossible dans la réalité, il s’est enfoncé dans un piège dont il va avoir du mal à sortir intact. Il aura d’un côté une opposition traditionnelle et piteuse et, plus pernicieuse, celle des autres organisations nationalistes qui ne lui laisseront rien passer. Pourtant, il ne fait aucun doute qu’à la même place et avec un programme plus radical, ils n’auraient même pas passé la porte du Ministère de l’Intérieur. Il n’empêche que Gilles Simeoni est notre représentant élu et donc légitime que cela plaise ou non.
Nous avons le devoir de condamner ceux qui le menaceraient comme sont menacés des maires ou des parlementaires, car c’est le cœur de la démocratie élective qu’on veut alors détruire.

Une pesanteur extrême


Car la pire des situations qui pourrait arriver en Corse serait la délégitimation du pouvoir élu par le désordre et la violence. Notre société est avide de tragédies. Elle sombre vite dans l’anarchie quand sa colonne vertébrale vient à fléchir. Et aujourd’hui sa colonne vertébrale, c’est la majorité élue de façon incontestable. On me rétorquera : « Peut-on encore critiquer cette majorité ? » Oui, mais à la condition de ne pas la déstabiliser. Mais tuer la critique serait une autre façon de détruire la démocratie.
Cependant la condition est de ne pas se complaire dans la critique permanente et destructrice. J’ai souvent donné mon avis sur la démarche en vue d’un changement de la Constitution. Je l’ai critiquée parce que je continue de penser que la bataille univoque pour le changement constitutionnel est une erreur non par essence (elle est juste), mais parce qu’elle n’est qu’une espérance sans possibilité d’une réalisation prochaine. Oui, dans l’absolu, il faudrait la reconnaissance du peuple corse. Bien sûr que le bilinguisme est souhaitable. Mais à force de trop désigner l’inaccessible étoile, on finit par accumuler les échecs et on oublie de mettre en exergue nos réussites. Car, nous en connaissons des victoires qui restent mal connues dans tous les domaines. Et ce sont elles qu’il faut faire claquer au vent comme une bannière glorieuse. Le démographe Hervé Le Bras écrivait il n’y a pas longtemps une tribune dans Le Monde : « La France est un pays qui va bien dont les habitants se sentent mal ». Cela pourrait être appliqué d’une certaine manière à la Corse. Il existe des solutions pour régler des problèmes aussi criants que les déchets, les transports ou l’énergie trouvent des solutions innovantes et glorieuses.
Mais il va falloir trancher, peut-être mécontenter certaines clientèles. Auquel cas nous serons des milliers d’anciens mécontents et cependant légitimistes à appuyer de toutes nos forces le président de l’exécutif comme nous l’avons fait par le passé tout simplement parce que cela servira les intérêts majeurs de notre peuple et qu’ainsi nous éviterons le chaos. En tous les cas, la gestion de l’exécutif n’est certainement pas la meilleure dans l’idéal. Mais elle reste la seule qui tienne la route.

GXC
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