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Union Européenne : Erdogan veut entrer par la fenêtre

Recep Tayyip Erdogan essaie de s'introduire dans la maison Europe

Union Européenne : Erdogan veut entrer par la fenêtre


Ayant été laissé à la porte en 2018, n’ayant renoncé à rien de ce qui l’avait rendu indésirable, Recep Tayyip Erdogan essaie de s’introduire dans la maison Europe .



Avant son arrivée au sommet de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qui a eu lieu les 11 et 12 juillet derniers à Vilnius, en Lituanie, le Président de la République de Turquie avait annoncé qu’il accepterait l'adhésion de la Suède à l’Organisation à la condition que puisse reprendre le processus d'adhésion de son pays à l'Union Européenne. Il a eu gain de cause.
En effet, après le sommet, en présence de plusieurs journalistes, et ce, après avoir indiqué s’être entretenu avec « les dirigeants de tous les États membres de l'Union Européenne » et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, Recep Tayyip Erdogan a exprimé sa satisfaction : « Il y a une opinion positive au sujet de la revitalisation de notre processus d'adhésion à l'Union européenne ». Par ailleurs, il a qualifié d’« avancée positive » que le Conseil de l'Union européenne (qui réunit les ministres des États membres par domaine d'activité) ait demandé à la Commission Européenne et au Haut Représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, de préparer un rapport sur les relations avec la Turquie. Les propos optimistes du président turc ont été indirectement corroborés par au moins deux sources. Le secrétaire général de l’OTAN a souligné : « La Suède, en tant que membre de l'Union Européenne, a accepté de soutenir activement les efforts visant à redynamiser le processus d'adhésion de la Turquie ». La ministre allemande des Affaires étrangères a relevé : « La voie pour la ratification par la Turquie de l'adhésion de la Suède à l'Otan est enfin libre ».
Le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne va donc reprendre, et ce, alors qu’aucun des obstacles ayant motivé son gel n’a disparu.


Liberticides et conflictuels agissements



En 2018, le processus d’adhésion a été gelé d’abord du fait de la dégradation de la vie démocratique et des atteintes aux droits de l’Homme intervenus en Turquie. En effet, depuis leur accession au pouvoir en 2002, et ce, plus encore après l’échec du coup d’État des 15 et 16 juillet 2016 initié par une partie de l’armée turque et peut-être les partisans du prédicateur musulman Fethullah Gülen, le parti nationaliste, conservateur et islamiste AKP (Adalet ve Kalkinma Partisi, Parti de la justice et du développement) et son leader devenu Premier ministre puis Président de la République Recep Tayyip Erdogan ont considérablement bafoué et réduit les droits démocratiques et les libertés.
Le gel du processus d’adhésion a aussi résulté du refus de la Turquie de reconnaître le génocide arménien. Ce gel a également été motivé par les agissement conflictuels ou inamicaux de la Turquie au niveau international : depuis 1974, l’armée turque occupe plus de 40 % de l’île de Chypre et tout indique que Recep Tayyip Erdogan est favorable à ce que la partition de l’île devienne définitive et agit en ce sens ; la Turquie entretient une tension militaire constante avec la Grèce et conteste la délimitation de la frontière maritime avec ce pays ; Recep Tayyip Erdogan menace régulièrement de laisser ou faire déferler des vagues de migrants sur les pays de l’Union Européenne.
Ayant été laissé à la porte en 2018, n’ayant depuis renoncé à rien de ce qui l’avait rendu indésirable et ayant même ajouté à sa mauvaise image (depuis octobre 2019, l’armée turque occupe une partie des territoires kurdes de Syrie, y persécute les populations locales ou les expulse, implante des milices et des populations acquises à sa cause ; quotidiennement, l’aviation et l’artillerie turques pilonnent les forces kurdes qui combattent Daesh dans le nord de la Syrie ; inlassablement, la Turquie menace d’occuper les territoires syriens étant encore sous contrôle kurde), Recep Tayyip Erdogan essaie de s’introduire dans la maison Europe en entrant par la fenêtre.

Alexandra Sereni
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