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Catalunya : Diada sur fond de négociations

Tirer profit de la situation !!

Catalunya : Diada sur fond de négociations


La reconduction du Premier ministre espagnol sortant, le socialiste Pedro Sánchez, dépend des députés indépendantistes catalans. Le président de la Generalitat de Catalunya, Pere Aragonès, et l’ancien président de la Generalitat, le député européen Carles Puigdemont, depuis cinq ans en exil en Belgique, entendent tirer profit de la situation.


La Diada est la fête nationale de Catalogne. Elle est célébrée tous les 11 septembre. Depuis plusieurs années, elle est une occasion pour les indépendantistes d’affirmer dans la rue leur présence et leur force. Le 11 septembre dernier, à Barcelone, ils étaient plusieurs centaines milliers (800 000 selon les organisateurs, 115 000 selon la police), répartis en quatre imposants cortèges hérissés de drapeaux catalans.
Après plusieurs années de désunion et de querelles, notamment entre les deux grands partis Esquerra Republicana de Catalunya dirigeant actuellement la Generalitat de Catalunya et Junts per Catalunya, les indépendantistes affichaient une unité stimulée par la perspective de pouvoir peser lourd dans la vie politique espagnole et d’arracher des concessions importantes. En effet, depuis les élections législatives du 23 juillet dernier, la reconduction du Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, dépend des députés indépendantistes catalans. Le président de la Generalitat de Catalunya, l’indépendantiste de gauche Pere Aragonès ne cache pas vouloir tirer profit de la situation : « On devra se positionner sur l'investiture de Pedro Sanchez et c'est donc à lui de se bouger. C'est lui qui veut nos voix, alors, c'est à lui de faire des propositions pour résoudre le conflit politique. » Tout comme l’ancien président de la Generalitat, le député européen Carles Puigdemont, depuis cinq ans en exil en Belgique, il réclame l'amnistie de 4200 indépendantistes dont la plupart sont poursuivis pour leur participation à l’organisation interdite du référendum d’autodétermination d’octobre 2017.

L’amnistie et plus...


Les deux leaders indépendantistes réclament aussi l’organisation d’un referendum d’autodétermination. Ils considèrent en effet que le conflit entre la Catalogne et l'Espagne n’est pas réductible à la question de l’amnistie. Selon eux, l’amnistie ne serait qu’une solution à l'une des conséquences (la répression) du conflit ouvert par l’Espagne. « Le problème de fond, c'est qu'une majorité de Catalans veut décider de son futur dans un référendum » souligne Pere Aragonès. Carles Puigdemont partage cette vision des choses, et ce d’autant plus qu’il ne veut à aucun prix que l’on puisse considérer qu’il serait disposé à se contenter de l’amnistie afin de régler son cas personnel.
A ce jour, rien n’est décidé. D’ailleurs, de nombreux indépendantistes doutent que l’État espagnol soit disposé à des concessions et estiment que les partis espagnols préféreront retourner aux urnes pour trouver une majorité parlementaire. Jean-Guy Talamoni, l’ancien président de l’Assemblé de Corse qui, à l’invitation de Junts per Catalunya, était présent à la Diada dans le cadre d’une délégation de Corsica Libera, se garde bien d’émettre un pronostic concernant l’issue des négociations. Il est d’autant moins enclin à le faire que, relève-t-il, la machine judiciaire espagnole est en mesure de mettre des bâtons dans les roues et que la question de la constitutionnalité de l’amnistie est posée par des acteurs politiques et judiciaires. Il préféré évoquer deux enseignements qu’il tire de « la vigueur du mouvement de société » que représente l’indépendantisme catalan.
Le premier est que le combat pour l’officialisation de la langue catalane est une des grandes réussites du nationalisme catalan, même s’il s’agit d’un combat permanent car « Madrid essaie par tous les moyens de contrecarrer l’extension de l’usage du catalan ». Le second est que la montée en puissance de l’indépendantisme qu’il estime être désormais majoritaire, s’est faite en quelques années. « Ce qu’enseigne, à nous Corses, le cas catalan, est que tout peut aller très vite » constate-t-il.

Alexandra Sereni
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