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Les propositions présidentielles : une avancée significative, mais.....

Un contenu qui reste très flou
Le président Macron a prononcé un discours d’ouverture devant l’Assemblée de Corse dont le contenu est certes encourageant pour Corse, mais dont le contenu est très, très flou.

L’entrée de la Corse dans la Constitution


Nous voilà bien loin du discours arrogant du 6 février 2018 et de la fouille au corps des élus insulaire. Depuis, Yvan Colonna a été assassiné, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ont été rapatriés et le président Macron a compris combien la Corse était un objet mal identifié à vocation explosive. Et si le contenu des propositions présidentielles est très éloigné de la motion votée en juillet dernier par une majorité des élus territoriaux, la simple évocation du terme d’autonomie et de révision constitutionnelle constitue sans aucun doute une vraie réussite pour Gilles Simeoni. Car si le président de la République n’a souscrit à quasiment aucune des revendications votées à l’Assemblée territoriale, il a néanmoins évoqué plusieurs aspects de la question corse particulièrement importants : l’entrée de la Corse dans la Constitution « Je suis favorable à ce que les spécificités de la communauté insulaire corse soient reconnues dans la Constitution au sein d’un article propre, celle d’une communauté insulaire historique, linguistique et culturelle » a-t-il précisé évitant soigneusement le terme de peuple corse.

La reconnaissance du fait linguistique

Il est aussi resté dans le flou sur la question linguistique souhaitant toutefois « que la langue corse puisse être mieux enseignée et placée au cœur de la vie de chaque Corse » évoquant la création d’un « service public de l’enseignement en faveur du bilinguisme ». On en est donc réduit à des interprétations de la mystérieuse parole macronienne tout en ressentant la nouveauté, car il faudrait pour être dans le dur réviser la Constitution qui stipule que le français est la seule langue de la république. Il est moins que certain que le Congrès ratifierait une pareille mesure.

Un pouvoir normatif à définir


Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à offrir à la Corse « un pouvoir normatif » « sur des matières ou des compétences transférées sous le contrôle du Conseil d’État et du Conseil ». Il ne s’agirait donc plus comme précédemment d’aménager des lois — ce qui par ailleurs a été systématiquement repoussé par le Parlement —, mais bien de voter des lois particulières. Il reste à connaître les domaines visés.

« Une autonomie dans le cadre de la République »


Emmanuel Macron a fixé à « six mois », l’écriture par le gouvernement et les dirigeants corses d’un « texte constitutionnel et organique ainsi soumis à votre accord… Et c’est bien sur la base de celui-ci que nous pourrons engager le processus de révision constitutionnelle, puis organiser la consultation en Corse et, à l’issue, préparer le projet de loi organique qui mettra en œuvre cette nouvelle étape ». Il a néanmoins précisé que le projet proposé par l’Assemblée devrait un projet unanime, équation impossible à résoudre puisque les propositions d’Emmanuel Macron sont celles proposées par la droite modérée et par Laurent Marcangeli.



Une victoire pour Gilles Simeoni


Il n’en reste pas moins que Gilles Simeoni a réussi là où il ne possédait aucune garantie. Et qui plus est il était le seul à pouvoir aboutir à la proposition présidentielle. Les indépendantistes transforment déjà cette avancée à un recul. Ils ont tort, car il était évident que jamais le Congrès n’aurait accepté la motion votée par l’Assemblée dans sa teneur originelle.

Le PNC se montre à raison prudent. Car la venue d’Emmanuel Macron n’est que la première étape d’une longue route semée d’embûches. Le macronisme connaît bien des ennemis qui vont chercher à faire capoter sa timide tentative de décentralisation. En Corse même, il n’est absolument pas évident que le projet passe le cap du référendum. Cela dépendra du contenu du projet qui n’est toujours pas défini, de l’atmosphère du moment, de l’interaction avec les remous politiques nationaux. Gilles Simeoni sort de cette journée riche à la fois renforcé pour avoir atteint une première cible et affaibli parce que désormais il n’a plus droit à la plus minime erreur. Laurent Marcangeli a vraisemblablement gagné un poste gouvernemental.

Toutefois, il faut se rappeler que le centralisme a, en France, la peau dure. Et il est vraisemblable que ça n’est là que la première marche d’un escalier abrupt. La prochaine étape consiste à faire accepter le projet par le Sénat et par le Parlement. Puis il sera présenté aux Corses avec, on l’espère un peu plus de consistance. Le résultat final dépendra vraisemblablement de l’attitude des autres groupes nationalistes qui seront tentés par l’abstention.

GXC
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