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Gaza : aprés le Hamas, qui , quoi ?

Casse tête : Gaza

Gaza : après le Hamas, qui, quoi ?


Si les Palestiniens de Gaza ne veulent absolument pas d’un retour du Fatah pour les diriger, le risque du chaos est grand et Israël peut craindre un dangereux enlisement. Visiblement, éliminer le Hamas ne constituera pas la fin du casse-tête Gaza pour les responsables israéliens.



Le président des USA a prévenu qu’une réoccupation durable de Gaza par Israël serait une « grave erreur ». Joe Biden a ainsi mis en garde les « faucons israéliens » et les partisans d’Eretz Yisrael (Grand Israël) contre la tentation d’une nouvelle occupation totale ou même d’une annexion de la bande de Gaza à l’issue de l’opération militaire terrestre destinée à éliminer la menace représentée par le Hamas. Cette mise au point a été jugée nécessaire par le président US et ses conseillers car, à ce jour, personne ne se préoccupe vraiment de savoir comment sera gérée la situation à Gaza après une éventuelle élimination du Hamas et que des membres de l’actuel gouvernement israélien estiment que Gaza fait partie d’Eretz Yisrael. La concrétisation de ce scénario signifierait en effet un retour à la situation d’avant 2005 à laquelle ne veulent adhérer ni Washington qui table sur une « normalisation » des relations entre l’Etat hébreu et le monde arabe, ni les Israéliens attachés à donner une jour une chance à la paix et à la coexistence d’un État israélien et d’un État palestinien.
En outre, les uns et les autres se souviennent que si Israël s’est retiré de Gaza en 2005, c’est parce que le Premier ministre d’alors, Ariel Sharon, en était arrivé à la conclusion qu’il était difficile voire impossible d’administrer 1,5 millions de Palestiniens hostiles.

Retour de l’Autorité palestinienne ?


Or, revenir en arrière signifierait devoir mobiliser trop de ressources car, outre assurer la sécurité de ses soldats, policiers et fonctionnaires, Israël devrait tout gérer, notamment veiller au bon fonctionnement des écoles, des hôpitaux, des transports urbains, de la voirie, des réseaux d’eau potable, d’assainissement, d’alimentation électrique. Israël aurait par ailleurs à faire face à des répercussions désastreuses : l’image résistante du Hezbollah en ressortirait renforcée, les relations avec l’Egypte se dégraderaient, les « normalisations » amorcées avec plusieurs pays arabes (Maroc, Soudan, Emirats Arabes Unis) seraient mises à mal.
Mais alors qui pourrait remplacer l’administration du Hamas ?Si Israël parvient à détruire les capacités militaires de cette organisation et démantèle son administration, il s’ouvrira forcément une période de transition durant laquelle l’armée israélienne devra assurer la sécurité et la gestion du quotidien dans la bande de Gaza. Mais il faudra que le gouvernement israélien trouve une solution différente et pérenne au plus vite. Un retour de la police et de l’administration de l’Autorité palestinienne est à ce jour la solution la plus envisageable. Mais le Fatah de Mahmoud Abbas ne sera sans doute pas accueilli à bras ouverts. Sa cote de popularité est au plus bas car il est taxé par les Gazaouis d’incompétence, de corruption et de soumission à Israël, et revenir dans les fourgons de l’armée israélienne n’améliorera certainement pas son image. Mais, à ce jour, il n’y a pas d’autre option. Si les Palestiniens de Gaza ne veulent absolument pas d’un retour du Fatah pour les diriger, le risque du chaos est grand et Israël peut craindre un dangereux enlisement. Visiblement, éliminer le Hamas ne constituera pas la fin du casse-tête Gaza pour les responsables israéliens.


Alexandra Sereni
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