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Air Corsica et le trou d'air

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Air Corsica et le trou d’air


On aurait tort de sous-estimer la prétention d’Air Volotea à obtenir la DSP aérienne en lieu et place d’Air Corsica et d’Air France. La compagnie low coast a pour elle une proposition financière moitié moins coûteuse que celle d’Air Corsica. Elle peut compter sur l'annonce d’Air France d’abandonner ses dernièreres lignes intérieures en 2026. Enfin, elle a pour allié objectif, Bruxelles et sa politique libérale. Mais ce que dit entre les lignes cette confrontation c’est la fin d’une époque, celle de politiques économiques dominées par l’étatisme.


Pas de visibilité et pas de gouvernance pour la gestion des aéroports

Dans un récent rapport d’observations, la chambre régionale des comptes (CRC) a mis en exergue l’absence de stratégie régionale et la faiblesse des investissements nécessaires pour la mise aux normes des quatre aéroports corse. Le rapport est pour le moins critique sinon assassin pour ce qui concerne la gestion de l’exécutif territorial de 2017 à 2021. Elle parle d’une gestion défaillante, inaboutie alors que la collectivité de Corse, propriétaire des quatre aéroports insulaires doit la chambre de commerce et d’industrie (CCI) régionale gestionnaire des quatre aéroports. Selon des informations livrées par RCFM, la collectivité n’a pas répondu à 80 courriers émanant de l’instance consulaire et une seule réunion s’est tenue cette année. Les termes sont durs, impitoyables. « Les instances de gouvernance sont à l’arrêt depuis 6 ans », pas de programmation, pas d’arbitrage, pas d’investissements. Et à la fin le coup de grâce. « À deux ans de l’échéance de 2024, la réalisation des 150 millions d’euros d’investissements envisagés en 2020 dans les avenants apparaît désormais hors de portée. Une très grande part de ceux-ci ne pourront donc qu’être différée et réalisée postérieurement à la fin des concessions en cours ».

Des sièges vacants par centaines de milliers et une enveloppe territoriale pléthorique


Sur les douze vols à destination de Nice et de Marseille au départ de la Corse : 800 000 sièges par an ont été inoccupés soit 4 millions de passagers, a signalé la chambre régionale.

Un quart des vols présentait un taux de remplissage de 53 %. La réduction du tarif bonifié depuis 2020 réservé aux résidents corses pour un meilleur accès au service public représente une dépense 18 millions d’euros annuels. Ces dépassements et ceux du maritime ont occasionné la hausse de l’enveloppe de continuité territoriale de l’État : de 187 millions par an à 200 millions d’euros soit 13 millions. Gilles Simeoni avait répondu en juillet 2023 en mettant en avant la crise sanitaire. Voilà qui ne va pas arranger les affaires d’Air Corsica alors que va être décidé l’octroi de la DSP aérienne.

Réduire la voilure à tout prix


Si on regarde la réalité en face, la situation est très mauvaise pour Air Corsica qui continue de fonctionner comme cela se faisait autrefois. Luc Bereni, le président sur le départ du directoire d’Air Corsica, interrogé par Corse Matin, joue la sérénité avec une bien curieuse réponse : « Pourquoi voudrait-on que tout cela s’arrête ? » ce qui n’est justement pas la question. Il ne s’agit pas de savoir « qui », mais « pourquoi ». Et là, la réponse est très claire : Air Corsica coûte trop cher aujourd’hui pour les services qu’elle rend. Sans tomber dans l’excès inverse qui est celui de Volotea, compagnie vautour, le fait est que les 700 postes d’Air Corsica correspondent à une époque où l’emploi était considéré comme une rente sociale et non pas comme un investissement destiné à enrichir une entreprise. Expliquer benoîtement « que depuis le début de l’exécution du contrat de la DSP établi en 2019, malgré les imprévus liés aux crises, nous n’avons jamais demandé à la CdC, qui est notre actionnaire principal, une rallonge de compensations financières pour assurer le service public et n’avons jamais dénoncé les conditions du contrat comme d’autres l’ont fait ailleurs. Nous n’avons rien demandé sans pour autant afficher de déficit. » est un abus de langage. Il faut le dire tout net : sans l’argent public Air Corsica ne pourrait exister et son équilibre financier a pour seule explication la DSP d’où la tourmente actuelle.

Air France quitte Orly


De plus, Air France a décidé de quitter Orly en 2027 pour concentrer ses vols sur l’aéroport Charles de Gaulle. Il est donc cohérent que cette compagnie internationale veuille abandonner les derniers vols intérieurs déjà mis à mal par le décret de mai 2023 qui interdit les vols en cas d’alternative ferroviaire de moins de 2 h 30. Air France risque fort de profiter de l’aubaine pour abandonner la Corse et ses 250 emplois. Quant à Air Corsica, elle risque de se voir priver du vol Corse Orly ce qui représenterait un séisme social. Outre le fait que dans l’argumentation de Luc Bereni, bien des avantages évoqués sont parfaitement exacts, il va falloir choisir entre un aérien de qualité, mais cher et un autre à bas prix, mais polluant et inconfortable.

GXC
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